L’industrie biopharmaceutique s'apprête donc à libérer un « Firepower » important à partir de 2024 alors qu’elle atteint la "falaise des brevets" (patent cliff) – à savoir, selon la qualification des spécialistes du secteur, une forte baisse des revenus à l'expiration du brevet d'un médicament. Ainsi, un nombre croissant de blockbusters commencent à faire face à la concurrence des biosimilaires ou des génériques : on estime que 70 % des leaders de l'industrie biopharmaceutique connaîtront des baisses de croissance au cours des cinq prochaines années.
III. Coup de projecteur sur les cibles
Bien que les incertitudes politiques, économiques et réglementaires ne soient guère encourageantes pour les industriels en matière d'investissements, la diminution des valorisations crée un "marché d'acheteurs", ce qui incite les grands acteurs à envisager des acquisitions. Comment garantir la valeur des transactions dans un secteur Life Sciences en pleine mutation ? À défaut de réponse univoque pour déterminer quelles opérations produiront les meilleurs rendements, cinq stratégies permettent aux entreprises de maximiser leurs chances d'obtenir de la valeur sur le long terme.
1. Élaborer des business models plus ciblés
Le secteur des sciences de la vie devient de plus en plus complexe. Au-delà des aspects macroéconomiques, géopolitiques ou réglementaires évoqués précédemment, les soins de santé évoluent pour intégrer davantage de données et l'utilisation de nouvelles technologies. Principale leçon à tirer pour les acteurs du secteur ? Stratégies commerciales, innovations produits (R&D), rationalisation de la production, prise en charge personnalisée des maladies… Aucune entreprise ne peut exceller dans toutes ces dimensions.
Conscientes de cela, celles-ci se sont engagées depuis 2019 dans une phase visant à "désinvestir pour investir". Elles se sont ainsi désengagées d'activités matures pour se concentrer sur des aires thérapeutiques prioritaires. Retour sur 2023 : en janvier, GE se sépare de GE HealthCare ; en mai, Johnson & Johnson de sa filiale de produits d’hygiène et de beauté (rebaptisée Kenvue) ; en octobre, Novartis de sa branche de médicaments génériques Sandoz. La réussite de ces opérations de carve-out – particulièrement complexes dans ce secteur hyper-régulé - conditionne aussi les investissements futurs.
2. Identifier les aires thérapeutiques à forte valeur ajoutée
Le besoin de spécialisation signifie que les entreprises du secteur doivent concentrer leurs stratégies M&A sur les aires où elles peuvent apporter la plus grande valeur ajoutée.
En 2022, effet Covid oblige, les anti-infectieux ont été l’aire thérapeutique qui a le plus généré de revenus. D'ici à 2028, on estime que ce marché se contractera mais le marché biopharmaceutique mondial dans son ensemble augmentera de quelques 419 milliards de dollars – pour atteindre 1 558 milliards de dollars. Un tiers de cette croissance (142 milliards de dollars) proviendra de l'oncologie.