2 minute read 18 Jul 2023
Private Equity: Défis ou ambitions pour la future décennie ?

Private Equity: Défis ou ambitions pour la future décennie ?

By Alban Aubrée

EY Luxembourg Partner, Chief Financial Officer

Dynamic and proactive. Team Leader. Passionate about Private Equity. Trusted business partner. Happy father of one son and two daughters.

2 minute read 18 Jul 2023
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Le secteur du private equity (ou capital-investissement) présente à l’échelle mondiale une santé à toute épreuve avec des retours d’investissements records et plus de 4000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Le Luxembourg, dans ce secteur, n’est pas en reste et s’est véritablement établi comme un territoire de choix pour le private equity mondial au cours des dernières années, impactant ainsi positivement l’économie nationale. Environnement des affaires dynamique, stabilité politique et économique, situation géographique au cœur de l’Europe, capital humain hautement qualifié et expertise financière développée au cours de nombreuses années, sont autant d’éléments qui ont contribué à l’essor de la place financière luxembourgeoise en général et à l’écosystème du capital-investissement luxembourgeoises en particulier.  De plus, la vocation de son gouvernement à définir une stratégie pour la place financière luxembourgeoise en tant qu’instance de concertation, contribue résolument à établir le Grand-Duché comme une place à même de servir l’intégralité de la chaîne de valeur du capital-investissement, aussi bien à l’échelle européenne que mondiale.

Etat des lieux

Les véhicules de capital-investissement luxembourgeois ont initialement été dédiés à la structuration de plateformes d’acquisitions. Ces dernières ont principalement contribué à la fonction back office de l’industrie, notamment l’administration juridique et la comptabilité. A cette époque, très peu de fonctions middle office, telles que la compliance ou la trésorerie, étaient gérées depuis le Luxembourg. Le début des années 2000 a vu l’émergence d’une place financière luxembourgeoise solide avec l’introduction et le développement de véhicules d’investissements variés, tels que la Société d’Investissement en Capital-Risque (SICAR) en 2004, le Fond d’Investissement Spécialisé (FIS) en 2007, les structures en commandites simples et spéciales en 2013, puis le Fond d’Investissement Alternatif Réservé (FIAR), dernier né des régimes de capital-investissement luxembourgeois voté le 14 juillet 2016.

En tant que première place financière à l’échelle européenne pour les fonds d’investissement, la volonté manifeste du Grand-Duché au cours des deux dernières décennies a donc été d’augmenter significativement l’attractivité de la place au travers, non seulement d’outils de structuration divers et agiles, mais aussi de la coordination d’une action de promotion des atouts du pays. Ainsi, si Luxembourg for Finance (LFF), organisme crée par le gouvernement luxembourgeois en collaboration avec les acteurs du secteur financier local, a pour objectif de renforcer le « nation branding » de la place financière à l’international auprès d’acteurs financiers, tels que les gestionnaires de fonds, afin de les attirer, le gouvernement luxembourgeois a, pour sa part, l’ambition de proposer des réformes structurelles. De nombreux acteurs et décideurs de la place financière pensent que ces ambitions devraient s’articuler principalement autour de l’indentification de relais de croissance pour le capital-investissement au Luxembourg, et ultimement de l’instauration d’un environnement favorable au développement des activités de middle office et de front office de façon à couvrir l’intégralité de la chaîne de valeur des fonds d’investissement alternatifs depuis le Grand-Duché.

De ce fait, force est de constater que la place financière luxembourgeoise est devenue un exemple en termes de développement de produits d’investissement alternatifs, attirant ainsi de plus en plus les gestionnaires de fonds de private equity. Ce sont donc plus de 700 milliards d’euros d’actifs sous gestion provenant de fonds alternatifs réglementés (source : CSSF) et 19 des 20 plus grands acteurs du private equity mondial installés au Grand-Duché (Source : Preqin Global Private Equity & Venture Capital Report) qui érigent aujourd’hui le capital-investissement « made in Luxembourg » en contributeur de choix au secteur financier national. Le fait que 90% des investissements mondiaux en private equity soient structurés à l’aide de véhicules luxembourgeois (Source : LPEA), illustre parfaitement cette contribution.

Il convient également de mentionner l’impact amplement positif de l’entrée en vigueur en 2013 au Luxembourg de la directive relative aux gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (Alternative Investment Fund Managers Directive (AIFMD)) dont la mise en œuvre rapide au Grand-Duché a renforcé son statut de pionnier dans la transposition efficace de directives européennes, créant ainsi de nombreuses opportunités pour la distribution de fonds, bien au-delà des frontières européennes.

De plus, l’essor notable de la finance durable avec le positionnement du Grand-Duché au centre de cet espace avec un rôle de leader mondial de la finance verte au travers du Luxembourg Stock Exchange (LGX), qui a vu la première obligation verte cotée en 2007, est à souligner. Le LGX s’érige désormais en première place au monde lorsqu’il s’agit de la cotation d’obligations vertes. La Banque Mondiale et le Fonds monétaire international ont ainsi pris la décision de désormais coter l’ensemble de leurs obligations vertes au Luxembourg. Dans le même esprit, les capacités de la place financière luxembourgeoise à anticiper les futurs besoins, et donc à être précurseur, s’illustrent également au travers du Luxembourg – la plateforme EIB Climate Finance créée par le gouvernement luxembourgeois avec la Banque Européenne d’Investissement, destinée à favoriser les investissements en faveur de projets climatiques.

Le bilan de l’apport du capital-investissement au secteur financier luxembourgeois est donc très positif, avec l’impact tangible des acteurs du private equity mondial ayant choisi le Luxembourg comme quartier général, aussi bien à l’échelle locale qu’européenne. Cette contribution participe non seulement à la création d’emplois, mais également au renforcement d’une expertise locale. Le capital-investissement a de facto participé, au travers de son évolution et de son épanouissement au Luxembourg, à établir le Grand-Duché comme deuxième centre de fonds d’investissement au monde juste derrière les Etats-Unis, et comme leader mondial de la distribution transfrontalière de fonds et centre majeur pour les investissements alternatifs avec plus de 6.000 emplois à son actif. Quels sont les perspectives de cette classe d’actifs à l’orée de cette nouvelle décennie ? Quels sont les défis auxquels le succès incontesté du private equity luxembourgeois sera confronté ?

Défis et perspectives

Pour maintenir et renforcer sa présence globale et européenne dans le secteur du capital-investissement, le Grand-Duché devra continuer à attirer les grands noms de l’industrie, afin de solidifier l’écosystème s’y afférent. Pour y parvenir, plusieurs obstacles devront être franchis avec brio, incluant la mise en place d’un régime stable pour le « carried interest », la mise en place d’une offre académique solide en rapport avec les stratégies d’investissements alternatives, et notamment sur les fonctions middle-office, ainsi que le développement d’infrastructures (routes, habitations, écoles), afin de proposer une offre d’accueil attractive aux nouveaux arrivants. L’investissement dans les technologies relatives au secteur financier, ainsi que l’exploitation de la donnée y relative, pourrait s’avérer être un excellent relais de croissance. Il apparaît en effet aujourd’hui impératif pour toute place financière souhaitant se maintenir au plus haut niveau de compétitivité, de savoir appréhender les enjeux du traitement de données massives générées par l’activité du capital-investissement, afin d’en tirer le meilleur et maximiser la création de valeur. Le traitement approprié de ces données riches en potentiel de croissance est intimement lié au développement des talents adéquats disposant de ces compétences pointues. L’ensemble de ces facteurs permettra ainsi au secteur du private equity luxembourgeois de renforcer les fonctions du middle et du back office et ainsi de continuer d’attirer les acteurs du secteur.

L'industrie du private equity doit ainsi continuer à anticiper les défis qui peuvent menacer son succès mondial et ne surtout pas s’endormir sur ses lauriers au point de penser qu'elle pourrait se passer des évolutions opérationnelles et juridiques nécessaires pour embrasser la révolution technologique et humaine émergente ainsi que la complexité réglementaire émanant des directives européennes.

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Le secteur du private equity (ou capital-investissement) présente à l’échelle mondiale une santé à toute épreuve avec des retours d’investissements records et plus de 4000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

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