11 minutes de lecture 19 juin 2020
Belgian Attractiveness Survey 2020

10 enseignements du Baromètre de l’Attractivité belge 2020

Par Marie-Laure Moreau

EY Belgique Assurance Partner et Regional Managing Partner Wallonie

Passionnée par l'entrepreneuriat et la croissance. Femme et mère dévouée. Aime le ski, le golf et est supporter du Standard de Liège.

11 minutes de lecture 19 juin 2020

La Belgique reste dans le top 5 des pays européens qui attirent le plus d’investissements étrangers.

En 2019 encore, la Belgique est restée un pays attractif pour les investisseurs étrangers. L’an dernier, notre pays a accueilli 267 projets d’investissements directs étrangers (IDE), qui ont permis de créer 5 401 emplois. C’est ce que révèle le Baromètre de l’Attractivité belge 2020, une étude annuelle d’EY qui mesure l’attractivité de la Belgique comme lieu d’investissement.

Si la Belgique conserve sa place dans le top 5 des pays européens qui attirent le plus d’investissements étrangers, il y a un revers à la médaille, car la perception des investisseurs étrangers de l’attractivité de la Belgique pour l’avenir n’a jamais été si faible. La crise du COVID-19 ne fait qu’ajouter aux inquiétudes : au niveau européen, 9 entreprises sur 10 prévoient de réduire, postposer ou annuler leurs projets d’investissement. Les différents gouvernements de notre pays devront plus que jamais adopter des mesures fortes pour soutenir les entreprises s’ils veulent continuer à attirer des investisseurs étrangers. L’accent doit être mis sur la mobilité, les compétences numériques, l’infrastructure, l’impôt des sociétés et les technologies vertes.

1. La Belgique conserve sa part de marché des investissements directs étrangers (IDE) en Europe en 2019

En 2019 encore, la Belgique est restée un pays attractif pour les investisseurs étrangers. L’an dernier, le pays a accueilli 267 projets d’investissement, qui ont permis de créer 5 401 emplois. La Belgique conserve sa place dans le top 5 des pays européens qui attirent le plus d’investissements étrangers, derrière la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne.

2. Nouveau nombre record de nouveaux projets d’investissement en Belgique

La Belgique n’a jamais attiré autant de nouveaux investissements étrangers. Parmi les 267 projets enregistrés en 2019, 197 (74 %) sont des projets totalement nouveaux, alors que les autres sont des extensions de projets existants. Ce nombre est largement imputable à de nouveaux projets d’investissement dans la région bruxelloise, alors que la Flandre et la Wallonie restent toutes deux proches de leur part de l’année précédente.

3. Le secteur des services aux entreprises reste le plus important pour les IDE et le secteur des transports reste le principal pourvoyeur d’emplois

Quatre secteurs principaux réunis représentent plus de la moitié (59 %) de tous les projets d’IDE : les services aux entreprises (53 projets) ; le transport et la logistique (42) ; le numérique (33) et l’agroalimentaire (28).

Si l’on regarde le nombre d’emplois créés par secteur, le secteur des transports et de la logistique reste le principal pourvoyeur d’emplois (1 633). L’industrie agroalimentaire occupe la deuxième place avec 800 emplois, et le secteur de la chimie et du plastique se hisse au troisième rang avec 556 emplois.

4. Les activités de vente et de marketing ont le plus bénéficié des IDE, les activités du secteur manufacturier ont créé le plus d’emplois

Trois activités en particulier ont attiré un grand nombre d’investissements en 2019 : le secteur de la vente et du marketing est largement en tête avec 105 projets, suivi du secteur manufacturier avec 60 projets et de la logistique avec 51 projets. Ces trois activités représentaient plus de 80 % des investissements étrangers en Belgique l’an dernier.

L’activité qui a créé le plus d’emplois était le secteur manufacturier (2 281 emplois), suivie de près par la logistique (1 863 emplois). Le secteur de la vente et du marketing se positionne à la troisième place avec 369 emplois, une différence notable par rapport à l’an dernier, où il avait généré 1 979 emplois.

Du fait des perturbations liées à la pandémie de COVID-19, les entreprises vont chercher à réduire les risques pour leurs chaînes d’approvisionnement en étendant leurs options logistiques. Alors que la situation de la Belgique devrait lui permettre de rester un pôle majeur en Europe, l’amélioration de son infrastructure de transport prendra de plus en plus d’importance.
Marie-Laure Moreau
EY Belgique Assurance Partner et Regional Managing Partner Wallonie

5. Chiffres record pour la Wallonie, mais la Flandre demeure la région la plus attractive

En termes de chiffres par région, il existe une grande différence entre la réalité et la perception. En matière de chiffres d’investissements réels, la Wallonie et Bruxelles ne se sont jamais si bien portées, avec respectivement 64 et 76 projets d’investissement en 2019, soit une hausse de 33 % pour la Wallonie et 25 % pour Bruxelles. En dépit d’une régression de 24 % par rapport à 2018, la Flandre demeure la région qui attire le plus d’investissements étrangers en Belgique.

Le tableau est radicalement différent si l’on s’intéresse aux chiffres de l’enquête qui sonde la perception. Ceux-ci montrent que la Flandre a renforcé sa position de région la plus attractive en Belgique (50 % en 2020 contre 40 % en 2019), alors que Bruxelles reste à la deuxième place (31 % en 2020 contre 39 % en 2019) et que la Wallonie dégringole.

6. Les investisseurs en Europe lèvent le pied sur les futurs projets, mais ne battent pas complètement en retraite

Au niveau européen, la pandémie de COVID-19 a un impact très important sur les futurs investissements étrangers. Seules 11 % des entreprises interrogées croient que le COVID-19 ne va rien changer à leurs projets d’investissement en 2020. En parallèle, 51 % des entreprises s’attendent à un léger repli, 15 % à un repli marqué, et 23 % prévoient de reporter complètement les nouveaux projets jusqu’en 2021.

7. Optimisme par rapport aux futures baisses

L’optimisme quant à la capacité de la Belgique d’attirer des investissements au cours des prochaines années a fortement diminué ces dernières années, passant de 30 % en 2018 à 28 % en 2019 et 21 % en 2020, et a atteint son niveau le plus bas jamais mesuré.

Même si la perception de l’attractivité de notre pays pour les investisseurs étrangers peut donner une image plutôt sombre, les chiffres d’investissements réels restent très bons pour un petit pays comme la Belgique. Le fait qu’il n’y a jamais eu autant de nouveaux projets d’investissement qu’en 2019 montre que notre situation est en réalité meilleure que l’an dernier.
Marie-Laure Moreau
EY Belgique Assurance Partner et Regional Managing Partner Wallonie

8. Le coût du travail et l’instabilité politique sont les principaux risques

Les principaux risques pour l’attractivité de la Belgique au cours des trois prochaines années sont le coût du travail (47 %), suivi par l’instabilité politique, réglementaire et administrative (38 %) et le niveau et la complexité de la fiscalité (37 %). L’instabilité politique est particulièrement préoccupante pour les entreprises déjà établies en Belgique (47 %, contre 23 % des entreprises n’ayant pas de siège en Belgique).

9. Principales priorités : formation, régime fiscal attrayant et environnement dynamique axé sur la haute technologie et l’innovation

L’enquête réalisée cette année parmi les investisseurs étrangers révèle un retour au premier plan de l’impôt des sociétés comme facteur décisif dans les décisions en matière d’investissement. Près de la moitié des répondants affirment que le niveau d’imposition des sociétés influe de manière significative sur leurs projets d’investissement dans notre pays. Aussi, logiquement, beaucoup d’entreprises interrogées considèrent que la réduction de l’impôt devrait être une des principales priorités de la Belgique pour améliorer sa compétitivité, parallèlement au développement de la formation et des compétences et au soutien à l’industrie des technologies et à l’innovation.

10. Moteur de la future croissance : la technologie verte

Une des principales tendances émergentes est l’importance croissante des technologies vertes. Près d’un tiers (30 %) des répondants croient que le secteur de la technologie verte et des énergies renouvelables sera le principal moteur de croissance en Belgique au cours des prochaines années, devant les services aux entreprises (27 %) et l’économie numérique (23 %). Le soutien à ces technologies vertes est devenu un élément crucial pour les investisseurs étrangers : deux tiers des personnes interrogées constatent que ce facteur joue un rôle important dans leurs décisions en matière d’investissements.

La technologie verte

30%

des personnes interrogées estiment que les technologies vertes seront le secteur d'activité qui stimulera la croissance de la Belgique dans les années à venir.

Recommandations

Voici les mesures préconisées par EY Belgique pour assurer l’attractivité de la Belgique pour les investisseurs étrangers à long terme.

  • Fiscalité

    L’abaissement du taux d’imposition des sociétés de 33 à 25 % en 2020 a eu un impact positif, mais les pays voisins ont également procédé de même et, pour arriver à une situation comparable, la Belgique devrait encore abaisser son taux, au moins jusqu’à 20 %. Une telle réduction devrait en outre s’accompagner d’une diminution de la charge d’impôt sur le revenu des particuliers afin d’attirer plus d’IDE.

    Recommandations :

    • Réduire l’impôt des sociétés à 20 % et simplifier le système
    • Faire mieux connaître les incitants fiscaux qui soutiennent l’innovation et la recherche et le développement, et étendre l’accès à ceux-ci
    • Diminuer le précompte mobilier sur les intérêts, les dividendes et les redevances à un taux maximum de 10 %
    • Créer un climat fiscal stable qui garantit une certitude sur les matières fiscales
    • Assurer un cadre légal et fiscal stable pour les entreprises et les sociétés
    • Habiliter le service des décisions anticipées en matières fiscales (Ruling) et appliquer ses décisions
  • Formation

    Le paysage économique se transforme, s’éloignant du secteur manufacturier pour s’orienter davantage sur l’innovation technologique. Les types de formation et d’éducation doivent par conséquent être ajustés en fonction et guider ce changement.

    Recommandations :

    • Insister davantage, dans les écoles primaires et secondaires, sur le développement des compétences informatiques
    • Prévoir une formation structurelle en création d’entreprise dans les programmes de formation
    • Promouvoir l’enseignement de compétences numériques
    • Investir dans la formation permanente durable, en permettant aux employés de se recycler et de participer à l’économie numérique sur le long terme
    • Investir dans les opportunités d’apprentissage sur le lieu de travail
    • S’attaquer au sous-financement structurel de l’enseignement supérieur
  • Chaîne d’approvisionnement et logistique

    Le moment est propice pour repenser nos modèles d’entreprise. Les chaînes d’approvisionnement ont rencontré des difficultés pendant la crise du COVID-19, ce qui indique qu’il est nécessaire de construire des chaînes d’approvisionnement plus endurantes qui soient moins vulnérables aux perturbations liées à l’interruption de certaines activités. La pandémie a aussi souligné la nécessité que les modèles d’entreprise soient plus agiles et exploitent les opportunités offertes par la digitalisation et les ventes en ligne.

    Recommandation :

    • Stimuler l’investissement dans la logistique et les chaînes d’approvisionnement, en ce compris un plan de mobilité inclusive
  • Emploi

    La période postpandémique verra apparaître de nouvelles manières de travailler. La santé et le bien-être des employés seront des facteurs clés, et la transformation digitale sera essentielle. Cette évolution nécessitera des investissements continus dans l’extension des compétences numériques, la formation pratique et la communication.

    Certaines mesures fiscales et sociales d’envergure ont été mises à exécution ces dernières années afin de réduire le coût du travail et augmenter la flexibilité, en particulier dans les secteurs industriels et la logistique, qui sont des moteurs puissants de création d’emplois.

    Recommandations :

    • Analyser en permanence le fossé dans le coût du travail avec les principaux partenaires commerciaux de la Belgique et prendre des mesures en fonction des résultats de l’analyse
    • Examiner comment réduire encore le coût du travail
    • Modifier les principes du droit du travail pour faciliter le travail de nuit et par pauses, le commerce électronique et le télétravail
    • Réduire la charge fiscale des particuliers sur les revenus professionnels
    • Augmenter les incitants fiscaux visant à stimuler l’emploi
    • Se concentrer sur la transformation numérique des employés, ce qui comprend des mesures de soutien face à cette nouvelle manière de travailler (par ex., travail à distance, virtuel, flexible) dans un environnement post-pandémie
  • Un environnement axé sur la haute technologie, la technologie verte et l’innovation

    Bien que les investissements dans les nouvelles technologies aient tendance à être inférieurs à ceux consentis dans d’autres activités, ils sont souvent le fait d’entreprises établies dans le pays. La priorité doit par conséquent être de continuer à développer un environnement dynamique et innovant, axé sur la haute technologie, qui attire ce type d’investissement. Un tiers des répondants considèrent les technologies vertes, par exemple, comme un moteur majeur de la croissance économique. Le pacte vert pour l’Europe offre un stimulus pour développer de telles technologies novatrices, et la Belgique a l’opportunité de devenir un acteur de premier plan dans le secteur des technologies vertes, entre autres secteurs qui relèvent les défis de la maîtrise de la pandémie de COVID-19 et de l’impact du changement climatique.

    Recommandations :

    • Mettre l’accent sur la compétitivité numérique de la Belgique, notamment l’infrastructure digitale et durable, les compétences et la formation digitales et un écosystème dynamique de sociétés actives dans le domaine des technologies et des technologies vertes
    • Établir des normes et politiques fortes en matière de technologies vertes
    • Simplifier les mesures fiscales soutenant l’innovation
    • Réduire la charge administrative du calcul des émissions de CO2 afin de faciliter l’avantage sur la concurrence pour les entreprises de la transition écologique
    • Introduire des incitants pour que les entreprises repensent leurs modèles commerciaux pour stimuler la croissance écologique
  • Coopérations collaboratives

    Une autre conséquence notable de la pandémie pourrait être une transformation de la notion de concurrence pour inclure des manières de travailler plus collaboratives. Les grands groupes pharmaceutiques présents en Belgique coopèrent pour la recherche d’un vaccin contre le coronavirus, alors que des travailleurs mis au chômage technique ont aidé à combler les pénuries de personnel dans les supermarchés qui étaient autorisés à ouvrir durant le confinement. La collaboration innovante a augmenté durant la crise.

    De plus, une plus grande coopération entre les régions de Belgique contribuerait à développer le profil du pays sur la scène mondiale. Un rassemblement des trois régions boosterait la réputation du pays et lui permettrait de mieux mettre en évidence ses différentes forces.

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Résumé

Après une année record en 2018, la Belgique est parvenue à conserver quasiment le même niveau d’investissements étrangers (IDE) en 2019. Comme presque tous les aspects de la vie, la pandémie de COVID-19 a perturbé les IDE. Pour rester attractive dans cet environnement commercial de nouvelle mouture, la Belgique (entreprises et gouvernements réunis) doit penser de manière créative, agir de manière décisive, et mettre la cohésion et la collaboration au centre de toutes ses actions.

À propos de cet article

Par Marie-Laure Moreau

EY Belgique Assurance Partner et Regional Managing Partner Wallonie

Passionnée par l'entrepreneuriat et la croissance. Femme et mère dévouée. Aime le ski, le golf et est supporter du Standard de Liège.