Retour à la page d’accueil de Femmes leaders en fabrication 

Regardez l’entrevue accordée par Sree Anandavally, directrice mondiale, Usine du futur, Carrosserie et châssis chez Magna International, et prenez connaissance de son parcours inspirant dans le secteur de la fabrication.

La série vidéo Femmes leaders en fabrication présente des modèles féminins qui, en partageant leur parcours professionnel et les leçons apprises, visent à inspirer et à faire progresser les femmes leaders de demain dans le secteur. 
Hande Akseki : Bonjour, Sree! C’est un plaisir de discuter avec vous ici aujourd’hui. 

Sree Anandavally : Merci Hande. Je suis vraiment ravie. 

Hande Akseki : Commençons sans plus tarder. Pouvez-vous nous parler un peu de vous et des expériences qui ont influencé votre parcours professionnel?

Sree Anandavally : J’ai 18 ans d’expérience dans le secteur automobile, dont 14 chez Magna, où j’occupe actuellement le poste de directrice mondiale pour l’industrie 4.0 et l’usine de l’avenir. Avant cela, j’étais directrice de l’ingénierie; je supervisais les tests CAO/IAO et les équipes de fabrication de pointe pour l’Amérique du Nord. J’ai une maîtrise en génie mécanique spécialisée en mécanique des solides. Mon expérience de base porte sur les essais de collision. C’est dans ce domaine que j’ai amorcé ma carrière. Quand j’ai eu fini d’apprendre sur les collisions, je suis passée aux essais relatifs au bruit, aux vibrations et à la dureté de conduite, à la longévité et à la fatigue pour les sous-systèmes, les composants et l’ensemble du véhicule. 

Hande Akseki : Votre parcours est impressionnant. Quels sont les facteurs de réussite qui vous ont aidée à atteindre vos objectifs, les leçons tirées qui ont fait progresser votre carrière?

Sree Anandavally : Il est très important que  j’aime ce que je fais. Cela m’aide à consacrer tous mes efforts à mon travail. C’est important d’être curieux.  et de ne jamais arrêter d’apprendre. Face à un problème, il faut examiner la situation en détail et prendre des décisions fondées sur les données sans se laisser influencer par les émotions. L’esprit d’équipe aussi est important; participer de façon proactive, écouter et être un bon mentor. Je me fais aussi un devoir de toujours fixer les normes les plus élevées, pour moi et mon équipe, qui m’aide à atteindre mes objectifs. Il faut aussi encadrer les membres de son équipe pour qu’ils atteignent leurs propres objectifs; ils sont ainsi plus motivés et veulent explorer et innover, de façon à faire profiter l’organisation ou l’équipe d’idées nouvelles ou meilleures. Comme je l’ai appris à mes dépens, il est très important de donner l’exemple dans tout ce que l’on fait.

Je me suis lancée dans de nouveaux domaines dans lesquels je n’avais parfois ni expérience ni connaissance. Par exemple, lorsque je m’occupais des simulations, je voulais élaborer des simulations numériques. Je ne connaissais absolument rien à la mécanique des fluides numérique, puisque mon expérience portait plutôt sur les structures. Mais j’étais prête à explorer, à apprendre et à me salir les mains, et j’ai comblé une lacune pour mon entreprise. Lorsque vous recherchez ce genre d’occasions et que vous comblez des lacunes dans votre entreprise, vous obtenez beaucoup de reconnaissance. Des portes s’ouvrent et on vous confie plus de responsabilités, vous pouvez grandir au sein de votre organisation et élargir vos compétences. Vous augmentez ainsi votre valeur pour l’entreprise.

Au cours de ma carrière, j’ai introduit la simulation multicorps et l’optimisation multidisciplinaire. J’ai introduit des simulations de différents processus de fabrication. J’ai fait adopter l’analyse de données au sein de mon équipe. J’ai travaillé en IA et en apprentissage machine. J’ai donc touché à bien des domaines, non pas parce que j’en avais les connaissances, mais parce que j’étais prête à sortir de ma zone de confort et à explorer de nouvelles avenues, de nouveaux outils et de nouveaux processus, parce que c’est ce qui permet de briller et d’être reconnu pour son travail acharné et d’avoir du succès dans sa carrière.

Hande Akseki : C’est intéressant d’entendre comment vous vous êtes dépassée et êtes sortie de votre zone de confort, ce qui vous a permis d’être la leader que vous êtes aujourd’hui. Y a-t-il des gens qui ont été pour vous des modèles inspirants?

Sree Anandavally : Ma mère et ma sœur ont joué un rôle central; certaines des valeurs que je défends aujourd’hui m’ont été inculquées par ma mère : mon éthique, ma confiance en moi ainsi que certaines valeurs comme l’honneur, le respect – et le simple fait d’être une femme.

Ma sœur est aussi un exemple pour moi. Elle est ingénieure en innovation au sein d’un grand fournisseur américain de matériel informatique. Elle connaît elle aussi une brillante carrière. Mais professionnellement, il s’agit principalement d’hommes. Je suis entourée d’hommes. Certains d’entre eux étaient indifférents, et cela m’a motivée à être aussi bonne qu’eux, voire meilleure. Cependant, j’ai eu la chance d’être entourée d’hommes qui m’ont beaucoup soutenue et motivée, et qui étaient là quand j’avais besoin d’eux.

J’ai été privilégiée jusqu’à maintenant. Dans toute ma carrière, j’ai eu environ six responsables, dont cinq chez Magna, puisque j’y ai passé le plus de temps, et ils m’ont grandement soutenue. Mon genre n’a jamais été un obstacle. Ils m’évaluaient pour mes compétences, mon expertise et ce que j’apportais à l’entreprise. C’est tout ce qui importait. J’ai été très chanceuse.

Hande Akseki : Excellent conseil. Il est essentiel pour les jeunes femmes d’avoir un encadrement de la part des deux genres. Si vous pouviez revenir 20 ans en arrière, quel conseil vous donneriez-vous?

Sree Anandavally : Il y a 20 ans, je travaillais très fort pour terminer ma maîtrise, décrocher mon premier emploi, prendre de l’expérience et devenir une meilleure ingénieure. Mon principal objectif était d’assimiler tout ce que je pouvais. Je voulais devenir la meilleure en ingénierie des collisions. Je m’intéressais principalement aux essais de collisions pour l’ensemble du véhicule. Je me suis ensuite penchée sur la longévité, la fatigue, et le bruit, les vibrations et la dureté de conduite. Puis j’ai voulu tout savoir sur les processus de fabrication. J’ai commencé à travailler sur les essais liés aux soudures et les simulations numériques, et je me suis améliorée. Comme je le disais : il ne faut jamais arrêter d’apprendre. Donc, si je pouvais revenir 20 ans en arrière, je me dirais : « Persévère. Mets-y plus d’énergie et profite de tout ce que tu fais. Il y a beaucoup de belles choses à venir. » J’ai eu un parcours incroyable qui m’a menée à mon poste actuel où j’assure la direction et la planification stratégique de l’industrie 4.0 et de la transformation numérique pour le groupe carrosserie et châssis chez Magna.

Hande Akseki :J’aime bien voir comment vous avez mis en pratique vos principes et vous avez bâti votre carrière en vous perfectionnant sans cesse. Quels sont les défis que les jeunes femmes doivent relever pour réussir dans ce secteur?

Sree Anandavally : C’est beaucoup une question de perception à l’égard du secteur de la fabrication. C’est un secteur traditionnellement masculin. On a l’impression qu’il s’agit d’un domaine impliquant de la machinerie lourde et qui est ennuyeux. Mais les choses ont beaucoup changé. C’est peut-être parce que les femmes étaient sous-représentées. Mais le fait est que le secteur connaît une transformation majeure. Il a connu une importante transformation numérique au cours des dernières décennies; nous devons la faire connaître et nous assurer que les femmes sont en confiance. Il faut leur raconter les réussites d’autres femmes dans le secteur pour qu’elles sachent qu’elles sont capables d’occuper ce genre de postes, de travailler d’égal à égal avec des hommes et des gens aux parcours différents. Nous devons encourager les filles et les femmes à étudier dans des programmes en STIM parce que les organisations diversifiées sont aussi les plus innovantes. Le contexte est vraiment favorable en ce moment. Les possibilités sont infinies. pour les femmes et les filles; il leur suffit d’avoir la volonté.

Hande Akseki : Vous avez tout à fait raison. Dites-nous comment Magna contribue à ouvrir des portes pour les femmes? 

Sree Anandavally : Magna est une multinationale qui a une très forte présence mondiale. Elle regroupe des gens de différentes régions du monde.  Nous avons plusieurs forums qui permettent à des femmes de partout de réseauter avec d’autres femmes, en interne ou à l’externe. Nous avons beaucoup d’occasions de parler de nos expériences, par exemple par notre programme de diversité et d’inclusion. Nous pouvons utiliser ces forums pour échanger sur nos expériences, ou soutenir et encourager d’autres femmes. Nous avons aussi Women’s Exchange, un réseau de ressources aux employés qui vise à donner plus de pouvoirs aux femmes, à leur offrir de l’encadrement et des possibilités de perfectionnement, à souligner leurs réalisations et à tirer parti de ce bassin inexploité pour attirer de nouveaux talents chez Magna. C’est donc un immense réseau qui favorise un environnement inclusif où les femmes peuvent s’outiller et parfaire leurs compétences, particulièrement pour les postes de direction. Ces initiatives visent donc non seulement à attirer les femmes, mais aussi à leur permettre d’acquérir les bonnes compétences et à leur offrir des possibilités d’occuper des postes de direction chez Magna.

Hande Akseki : Je suis impressionnée par ces initiatives mises en œuvre par Magna! Pourquoi est-il important de parler des femmes qui ont une grande incidence au sein du secteur de la fabrication? 

Sree Anandavally : Le secteur de la fabrication connaît une transformation profonde; nous devons faire beaucoup de sensibilisation afin que les jeunes femmes voient ce secteur d’un autre œil. Une façon d’y parvenir, c’est de faire connaître les histoires de réussite des femmes dans le secteur de l’automobile comme les autres pans du secteur de la fabrication. Il faut leur montrer que d’autres ont tracé le chemin et qu’il pourrait les mener à une brillante carrière. N’ayez pas peur et foncez; beaucoup de femmes pourraient y découvrir une carrière remarquable.

En ce moment, il y a une énorme pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la fabrication, ce qui ouvre beaucoup de possibilités dans l’ensemble des domaines de fabrication. Là encore, on parle de transformation numérique, de véhicules autonomes, d’électrification. Ce n’est pas qu’une question de machinerie lourde; dans de nombreux domaines du secteur de la fabrication, les femmes ont d’innombrables nouvelles possibilités de carrière. Il y a donc des changements dans le secteur, et beaucoup d’entreprises, y compris Magna, déploient beaucoup d’efforts pour attirer des talents en puisant dans ce bassin inexploité de jeunes femmes et de filles. Cependant, je crois que nous pouvons en faire un peu plus. Le potentiel de croissance est encore grand.

Hande Akseki : Voilà d’excellents conseils et d’excellentes idées pour les jeunes femmes. Parlons de l’avenir. Comment peut-on stimuler l’innovation dans le secteur de la fabrication et quel peut être le rôle des femmes dans sa réussite?

Sree Anandavally : Le secteur de la fabrication subit une réforme majeure; il devient hautement numérique. Nous sommes présentement dans la quatrième révolution, une étape importante pour le secteur. La troisième révolution a eu lieu il y a environ 50 ans. Nous sommes donc dans la période la plus déterminante des prochaines décennies. L’industrie 4.0 nécessite que l’on démocratise et mette à profit nos données au moyen de l’IA, de l’apprentissage machine, de l’analyse de données, etc., pour atteindre nos objectifs d’excellence opérationnelle. Cela ouvre beaucoup de possibilités pour les femmes et les filles, notamment dans les domaines de la recherche et du développement, de l’innovation, de l’analyse de données, de la science des données et du développement de logiciels. La liste est longue. Les options sont donc nombreuses, et il est possible de faire beaucoup à l’heure actuelle. Encore une fois, il faut renforcer la sensibilisation et amener les femmes à entreprendre plus de projets liés aux STIM. Cela pourrait déboucher sur une brillante et fructueuse carrière.

Hande Akseki : Merci. Vous avez été une pionnière dans votre carrière. Que conseilleriez-vous aux femmes qui veulent être précurseures et inspirer d’autres femmes à avoir une incidence significative dans le secteur? 

Sree Anandavally : Il est important que les femmes qui sont dans le secteur fassent connaître leurs histoires de réussite, qu’elles racontent leurs expériences, qu’elles expliquent le processus de réflexion ayant mené à la situation actuelle. Elles doivent décrire les émotions ressenties. Certaines de nos expériences ou idées valent peut-être la peine d’être racontées aux autres femmes pour qu’elles soient davantage motivées à faire quelque chose de nouveau. Cela peut aussi leur offrir les bonnes tribunes afin qu’elles puissent échanger les unes avec les autres. En tant que femmes, nous devons nous outiller et outiller les autres femmes dans notre secteur. C’est important de renforcer cette confiance et cet optimisme chez les femmes. En outre, la persévérance est capitale. La force réside dans la certitude que ce n’est pas grave si nous échouons; le plus important, c’est de s’y remettre avec encore plus de passion et de résilience . 

Hande Akseki : Voilà d’excellents points sur l’autonomisation. La solidarité et la persévérance sont la clé du succès. Que réserve l’avenir du secteur de la fabrication aux jeunes femmes qui entrent sur le marché du travail aujourd’hui?

Sree Anandavally : Nous sommes dans la période la plus opportune depuis longtemps. C’est une période de pointe pour ce qui est de l’innovation qui touche la fabrication, l’électrification, les voitures autonomes, l’industrie 4.0, l’usine de l’avenir, la connectivité. Il se passe vraiment beaucoup de choses, particulièrement dans le marché vertical de l’automobile. C’est la période où il y a le plus d’innovations. L’avenir est très prometteur et les possibilités, infinies. Peu importe ce qui se dresse sur votre chemin, peu importe les difficultés, peu importe à quel point vous avez été traitée injustement ou croyez l’avoir été, ne vous contentez pas de survivre, mais décidez de vous épanouir et de réussir. Je crois que c’est une leçon très importante à retenir.

Hande Akseki : L’avenir est donc prometteur et stimulant pour les jeunes femmes dans le domaine des STIM, et nous sommes ravis que les gens puissent connaître votre parcours et vos réussites et être inspirés par vous. Sree, merci d’avoir été des nôtres aujourd’hui.

Sree Anandavally : Merci, Hande. Tout le plaisir est pour moi. Je suis heureuse d’avoir eu l’occasion d’être avec vous aujourd’hui.

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