S
i le marketing consiste essentiellement à différencier une marque, comment peut-on y parvenir dans un secteur où tout est réglementé, jusqu’aux menus détails de l’emballage et de la publicité? C’est la grande question à laquelle les entreprises canadiennes du secteur du cannabis tentent de répondre, tandis qu’elles cherchent à se démarquer dans un secteur pratiquement inconnu où elles sont soumises à une surveillance étroite, notamment celle des gouvernements.
En novembre 2018, EY et Civilized ont réuni des professionnels en marketing et des spécialistes du droit externes ou internes qui travaillent avec certains des pionniers de la production de cannabis autorisés au pays pour discuter des moyens qu’ils privilégient pour s’attaquer à cette difficulté et promouvoir leurs marques dans un nouveau Far West où Santé Canada est le shérif.
Qu’est-ce qui fait une marque?
Les participants ont discuté des difficultés rencontrées dans la promotion de produits légalisés du cannabis auprès des consommateurs conformément à la Loi sur le cannabis. La législation qui encadre la légalisation de la consommation de cannabis à des fins récréatives pour les adultes au Canada impose de nombreuses restrictions aux pratiques de marketing, de promotion, d’emballage et d’étiquetage des produits du cannabis. Pour l’essentiel, les emballages des produits du cannabis doivent être neutres et munis d’une étiquette de mise en garde, ce qui complique considérablement la tâche des producteurs autorisés qui cherchent à accroître la notoriété de leur marque et à fidéliser leur clientèle.
Bien que le marché noir du cannabis ne date pas d’hier au Canada, ce marché est encore aujourd’hui peu familier à la grande majorité des Canadiens, et la plupart des consommateurs qui s’approvisionnaient clandestinement ignorent essentiellement la provenance des produits ou ne s’y intéressent pour ainsi dire pas.
Les participants se sont entendus pour dire que les questions de marque vont au-delà des contraintes liées à l’emballage. Les entreprises du marché du cannabis récréatif pourraient grandement profiter de l’expérience des sociétés évoluant maintenant depuis quelque temps sur le marché licite du cannabis à des fins médicales. Les producteurs autorisés de cannabis thérapeutique ont procédé à la collecte de grandes quantités de données sur les consommateurs et sont parvenus à tisser un lien de confiance avec eux, notamment en veillant à ce que leurs produits soient toujours de très haute qualité et que la concentration de l’ingrédient actif soit uniforme dans l’ensemble de leurs produits, s’assurant ainsi d’offrir une expérience systématiquement la même d’un patient à l’autre. De la culture à la vente au détail, les entités autorisées qui suivront l’exemple de ces producteurs auront un avantage sur la concurrence.
Les entreprises peuvent aussi se démarquer en éduquant les consommateurs. Dans les jours suivant la légalisation du cannabis, la vaste majorité des consommateurs ne parvenaient pas à établir de liens entre les marques proposées et leurs producteurs autorisés ou à distinguer un produit d’un autre. En aidant les consommateurs à faire des choix éclairés, les producteurs autorisés estiment qu’ils parviendront à promouvoir leur marque et à attirer une clientèle fidèle.