20 avr. 2022
Gros‑plan d’une roche de pyrite

Défis liés à l’offre et à la demande de minéraux critiques auxquels font face les sociétés minières

Par EY Canada

Organisation de services professionnels multidisciplinaires

20 avr. 2022

Coécrit par :

  • Harrison Bontje, responsable du centre d’excellence du secteur des mines et métaux, EY Amériques
  • Don Duval, PDG de NORCAT

L’importance accordée à la réduction des émissions de carbone accélère les projets d’électrification dans le monde entier.

En bref

  • Selon les prévisions, les véhicules électriques devraient représenter près de la moitié des ventes mondiales de véhicules légers d’ici 2030.
  • Les constructeurs automobiles souhaitent collaborer avec les sociétés minières pour gérer les risques liés à l’approvisionnement.
  • Les sociétés minières doivent s’efforcer de devenir agiles pour l’avenir.

La transition énergétique a pris de l’ampleur dans la foulée des efforts mondiaux de réglementation, duy changement des attentes des parties prenantes, de l’évolution des comportements des clients et des nouvelles technologies émergentes. La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26) de 2021 a favorisé cet essor; de plus en plus de pays se fixent des objectifs de réduction des émissions de carbone, et de nombreux gouvernements annoncent des objectifs de zéro émission nette, conformément à l’Accord de Paris. Cette situation stimulera le déploiement de technologies d’énergie propre telles que les énergies renouvelables (production d’électricité à faible teneur en carbone), le stockage dans les batteries, les véhicules électriques et les infrastructures connexes.

D’ici 2030, les véhicules électriques devraient représenter près de la moitié des ventes mondiales de véhicules légers, et des investissements importants sont prévus pour les infrastructures de recharge. Selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans le cadre de son scénario STEPS, la capacité en énergie renouvelable devrait doubler d’ici 2030 et bondir de 291 % d’ici 2050. D’après le scénario de développement durable de l’AIE, la capacité en énergie renouvelable devrait être presque six fois plus élevée d’ici 2050.

Il risque cependant d’y avoir un écart entre l’offre et la demande, et les sociétés minières devront mettre en service de nouveaux projets et exploitations pour répondre à la demande prévue. À titre d’exemple, la production de lithium doit quadrupler, pour passer de 490 kilotonnes en 2021 à 2 mégatonnes en 2030, pour répondre à la demande croissante. En l’absence de nouveaux développements miniers, le marché du lithium devrait être en déficit de 700 kilotonnes d’ici 20301. De même, le déficit du marché du cuivre devrait avoisiner les 4,7 mégatonnes d’ici 2030, si l’on se fie aux prévisions actuelles de l’offre.

Cette situation engendre un défi important pour le secteur des mines et métaux en matière de disponibilité des ressources, d’accès aux capitaux et d’efficacité des chaînes d’approvisionnement. La transition énergétique coûtera cher, et le secteur des mines et métaux devra injecter 1,7 billion de dollars américains2 au cours des 15 prochaines années pour répondre à la demande en cuivre, cobalt, nickel et autres métaux critiques. On estime que près de 100 milliards de dollars américains devront être investis pour combler le déficit d’approvisionnement en cuivre de 4,7 mégatonnes d’ici 20303, tandis que près de 21 milliards de dollars américains seront nécessaires pour financer le pipeline de capacité de production de lithium jusqu’en 20254. Compte tenu des investissements massifs requis et des longs délais d’exécution, les sociétés minières doivent prendre dès maintenant des décisions financières audacieuses pour assurer l’approvisionnement en minéraux critiques. 

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    Un diagramme à barres superposées présentant les investissements en capitaux prévus pour le lithium entre 2021 et 2025 en fonction du type de mine. Il montre l’investissement prévu pour développer les activités de saumure ou de minerai de lithium et construire une capacité de conversion au cours des prochaines années. Sources : Jefferies, analyse d’EY

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Chapitre 1

Les défis liés à l’approvisionnement en minéraux et en métaux au sein des Amériques

Facteurs essentiels pour surmonter les difficultés d’approvisionnement et assurer le succès de la transition énergétique

Régionalisation croissante de la chaîne d’approvisionnement

La Chine contrôle le traitement des minéraux clés de la transition énergétique en raison de la main‑d’œuvre à faible coût et d’une réglementation environnementale laxiste. Entre 1990 et 2019, la production chinoise de terres rares est passée de 30 000 tonnes à 140 000 tonnes. En 2019, les États‑Unis ont importé 80 % de leurs terres rares de ce pays et l’Union européenne, 98 %. De nombreux pays souhaitent s’approprier une plus grande partie de la chaîne de valeur des véhicules électriques ou des batteries sur leur territoire et réduire leur dépendance actuelle à l’égard de la Chine.

Accès aux réserves et aux ressources

Par le passé, peu d’investissements ont été réalisés dans les minéraux critiques et le portefeuille de projets est mince par rapport aux perspectives concernant la demande. Cette situation est toutefois en train de changer; le Canada, les États‑Unis, le Chili, le Pérou et le Brésil veulent tirer parti de leurs réserves et de leurs ressources. Les gouvernements provinciaux canadiens commencent à faire des investissements stratégiques dans des projets destinés à procurer un accès à ses abondantes réserves de graphite, de nickel, d’aluminium, de cuivre, de lithium, de cobalt, de manganèse, de molybdène et de terres rares. De plus, les fabricants de matériel électronique du Japon, de la Corée et de l’Amérique du Nord ont exprimé leur intérêt pour les réserves de cobalt du Canada et pour le développement de chaînes d’approvisionnement en cobalt qui pourraient permettre de contourner la domination de la République démocratique du Congo et de la Chine sur le plan de la production et du traitement. Les fabricants de véhicules électriques établissent des partenariats avec des sociétés minières au Canada, comme Giga Metals, pour assurer leur approvisionnement en nickel. Les fabricants mondiaux de batteries et de véhicules électriques estiment cependant que le sous‑investissement chronique dans les produits de base au cours des dix dernières années entraînera un déficit de l’offre à court et moyen terme.

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    Un diagramme à barres donne un aperçu des réserves et des ressources agrégées en milliers de tonnes. Ce graphique provient de la plateforme S&P Market Intelligence, USGS. Les ressources totales en cuivre, lithium, cobalt et nickel sont ventilées pour divers pays, soit le Chili, les États‑Unis, le Pérou, le Canada, et le Brésil. Les données indiquent que le Chili a des réserves de cuivre représentant entre 600 et 700 millions de tonnes; ces réserves sont de 100 à 200 millions de tonnes aux États‑Unis et au Pérou. Ce graphique provient de la plateforme S&P Market Intelligence, analyse d’EY.

Coûts d’exploration élevés et investissements limités

Alors que la course à l’acquisition de minéraux de batterie est de plus en plus effrénée, peu d’investissements ont été faits dans ces matières premières par le passé, tant au chapitre des budgets d’exploration que des investissements de la part des grandes sociétés minières, en raison de l’absence de projets d’envergure. Par exemple, l’investissement absolu dans le budget pour l’exploration du cuivre en 2021 s’élevait à 2,3 milliards de dollars américains, par rapport à 249 millions de dollars américains pour le lithium. Le potentiel que présente l’augmentation exponentielle de la demande de minéraux de batterie a suscité l’intérêt de grands exploitants miniers diversifiés. Néanmoins, le nombre de grands projets bien avancés dans des territoires à faible risque et prêts à être approuvés s’avère insuffisant.

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    Un graphique linéaire intitulé « Budget d’exploration par produit de base en millions de dollars américains » montre les sommes dépensées pour l’exploration dans le cas du lithium, du cobalt et du nickel entre 2011 et 2021. Ce graphique provient de la plateforme S&P Market Intelligence, analyse d’EY. Il montre l’augmentation des budgets d’exploration du lithium au cours des dernières années par rapport aux niveaux de 2011 afin d’accroître l’offre de ce produit.  Sources : S&P Market Intelligence, analyse d’EY Knowledge.

Coûts de production élevés

La qualité du minerai a continué à baisser pour tous les produits de base, car les gisements de haute qualité (et les parties à haute teneur des gisements) ont déjà été exploités. À titre d’exemple, la teneur moyenne du minerai de cuivre au Chili a diminué de 30 % au cours des 15 dernières années. La teneur en cuivre du minerai chilien est d’environ 0,64   en moyenne. Les gisements de certaines grandes mines s’épuisent, et les activités d’exploitation se déplacent en bordure des gisements exploités. L’extraction des métaux contenus dans les minerais de qualité inférieure est plus complexe, énergivore et coûteuse, non seulement pour ce qui est du traitement sur place, mais aussi pour les opérations tout au long de la chaîne de valeur (p. ex., la suppression des poussières et la remise en état des sites). En outre, plus le site de production est profond, plus les coûts et l’énergie nécessaires sont élevés, ce qui entraîne une augmentation des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Les minerais à faible teneur génèrent également des quantités accrues de déchets rocheux et de résidus qui doivent être traités avec soin. Par conséquent, il faut investir dans de nouvelles ressources ou technologies pour compenser la hausse des coûts.

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    Un graphique linéaire intitulé « Teneur moyenne en cuivre au Chili par voie de production » montre le pourcentage de teneur moyen moyenne en cuivre de 2011 à 2020 et la façon dont il a diminué au fil des ans. La source du graphique est Copper and Other Mineral Statistics, Cochilco. Par exemple, la teneur moyenne en cuivre est passée de 0,7 % en 2011 à 0,64 % en 2020.Source : « Average Copper Mining Grades in Chile, by Process Type », Yearbook: Copper and Other Mineral Statistics, Cochilco.

Gestion de l’eau et permis d’exploitation

L’exploitation minière du cuivre et du lithium demande beaucoup d’eau, et les mines de l’Amérique du Sud sont exposées à de forts stress climatique et hydrique. Au Chili, environ 80 % du cuivre est produit dans des zones arides présentant un fort stress hydrique. De plus, l’importante consommation d’eau souterraine attribuable à l’extraction de lithium au Chili suscite l’inquiétude des collectivités environnantes et une vague de protestations. Les sociétés doivent investir dans les capacités de dessalement afin d’utiliser de l’eau de mer, ce qui fera probablement augmenter les coûts de production. En outre, la Commission chilienne du cuivre (COCHILCO) estime qu’entre 2018 et 2029, le dessalement et l’utilisation de l’eau de mer devraient grimper de 230 %. De fait, la mise en service de 15 nouvelles usines de dessalement et systèmes d’impulsion de l’eau de mer est prévue d’ici 2028. Les entreprises doivent trouver des solutions plus propres et plus durables. Or, même si de nombreuses technologies ont été mises au point, aucune n’a fait ses preuves à l’échelle commerciale.

Le manque d’infrastructures limite l’accès à certaines zones riches en ressources. Des investissements supplémentaires dans les infrastructures de transport et d’énergie sont nécessaires afin de dégager le potentiel des gisements de minéraux destinés aux batteries en régions éloignées. Par exemple, le Canada possède d’importantes réserves de lithium souterraines, mais celles‑ci se trouvent sur un site de roche dure qui rend leur extraction difficile. De plus, l’éloignement des projets, le manque d’infrastructures, la proximité des marchés finaux et les faibles prix du lithium constituent des obstacles majeurs pour le secteur de l’extraction du lithium au Québec (Canada).

Enjeux géopolitiques

Au Chili et au Pérou, l’instabilité politique pose des risques pour l’industrie minière. Le dirigeant politique du Pérou prévoit revoir les contrats fiscaux conclus avec les entreprises et augmenter les impôts miniers. Gabriel Boric ayant remporté le second tour de l’élection présidentielle de 2021 du Chili, les entreprises minières craignent une hausse des impôts pour les entreprises de cuivre et de lithium ainsi que d’éventuels retards dans l’approbation des projets. Parallèlement, le gouvernement chilien promet de créer une société d’État responsable de l’exploitation du lithium, ce qui pourrait priver les producteurs du secteur privé de toute possibilité de croissance stratégique. Ces rebondissements ont placé les investisseurs dans une position d’incertitude quant aux futurs investissements miniers dans ces régions. De surcroît, au Pérou, la décision du gouvernement d’intensifier les activités minières est contestée par les mineurs, qui revendiquent que leurs droits et leur sécurité soient davantage pris en compte. Pendant ce temps, la résistance concernant les droits fonciers, le durcissement de la lutte contre les dangers de la pollution, la rationalisation des indemnisations et les préoccupations environnementales alimentent les tensions entre les entreprises et les collectivités locales au sein du pays.

Accès aux capitaux

L’accès aux capitaux reste problématique dans le secteur minier, même dans ce qui semble être le début d’un nouveau supercycle des produits de base. Les investisseurs sont souvent découragés par la volatilité des prix, les longs délais de réalisation des projets, la complexité des facteurs ESG et la petitesse du marché pour certains minéraux destinés aux batteries. Par ailleurs, les investisseurs et les actionnaires exigent des sociétés minières qu’elles respectent des normes de responsabilité toujours plus élevées, surtout sur le plan environnemental. Les questions liées aux droits de la personne, le travail des enfants dans des mines artisanales, la provenance de pays touchés par des confits conflits ou à risque élevé, l’insécurité politique (sauf en Chine), les piètres relations avec les collectivités et les problèmes de santé au travail constituent également de grandes préoccupations pour les investisseurs. En raison de ces facteurs, combinés à la nature cyclique du secteur, les rendements peuvent fluctuer. Le secteur, qui a affiché un rendement moyen de 7 % à 8 % sur le capital au plus fort du cycle des prix des produits de base, devra trouver des sources de capitaux différentes et innovantes pour financer ces changements.

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    Un graphique à barres intitulé « Rendement moyen du capital investi » montre le rendement du capital investi des 200 principales entreprises selon la capitalisation boursière par secteur d’activité de 2016 à 2021. La source du graphique est de S&P Capital IQ et l’analyse est d’EY. Il compare le rendement moyen du capital investi des sociétés du secteur des mines et métaux à celui d’autres secteurs comme ceux du pétrole et du gaz, de la construction et de l’ingénierie. Par exemple, le rendement moyen du capital investi pour le secteur des mines et métaux est passé de 4,6 % en 2016 à 11,4 % en 2021. Sources : S&P Capital IQ, analyse d’EY.

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Chapitre 2

Comment surmonter les obstacles à l’approvisionnement en minéraux et en métaux

Comment le gouvernement et les autres intervenants du secteur dans les Amériques peuvent‑ils surmonter ces défis?

Élaborer des feuilles de route et des plans d’action

De grands pays comme les États‑Unis, le Canada et l’Australie ainsi que les nations européennes ont créé une liste de minéraux critiques qui sont essentiels à la transition énergétique ou jugés importants pour l’économie nationale, et dont l’approvisionnement est considéré comme étant à haut risque. Ils élaborent également des feuilles de route pour permettre au secteur des ressources d’approvisionner les marchés grandissants pour les minéraux critiques bruts et raffinés Par exemple, le département de l’Énergie des États‑Unis compte publier un plan décennal afin de développer l’approvisionnement national de batteries au lithium pour les véhicules électriques. Par l’entremise de son programme de prêts pour les véhicules à technologie de pointe (Advanced Technology Vehicles Manufacturing Loan Program), le bureau responsable distribuera 17 milliards de dollars américains pour soutenir les nouvelles initiatives dans les domaines de la recherche et de la fabrication. Le gouvernement canadien accorde une attention particulière aux minéraux critiques dans le cadre de diverses initiatives, dont le plan canadien pour les minéraux et les métaux, et le plan d’action canado‑américain pour la collaboration dans le domaine des minéraux critiques.

Garantir un soutien gouvernemental adéquat

Les gouvernements apportent un soutien financier pour développer des projets dans l’ensemble de la chaîne de valeur. Les États‑Unis ont annoncé des investissements en infrastructures de 1 billion de dollars américains¹⁰ pour les métaux industriels, dont 6 milliards de dollars américains pour des projets de traitement et de fabrication de matériaux pour batteries, et 140 millions de dollars américains pour une usine‑pilote pour les terres rares. Des pays soutiennent également des projets de recherche visant à étudier de nouvelles solutions technologiques en matière d’énergie propre. Dans la foulée de la stratégie canadienne sur les minéraux critiques, qui vise à générer des investissements et à stimuler la création d’emplois dans le secteur minier, le gouvernement de l’Ontario investit 363 000 $¹¹ dans Frontier Lithium, une société minière de Sudbury, pour mettre à l’essai son nouveau procédé exclusif d’extraction du lithium. Le Canada a proposé la création d’un centre d’excellence sur les minéraux de batterie critiques à Ressources naturelles Canada, avec un financement de 36,8 millions de dollars sur trois ans pour les activités fédérales de recherche développement visant à faire progresser l’expertise en matière de traitement et de raffinement des minéraux de batterie critique¹². Le Canada est également devenu membre de la Global Battery Alliance  (GBA), dirigée par le Forum économique mondial, pour développer une chaîne de valeur circulaire et durable pour les batteries¹³. Les États‑Unis se sont engagés à verser jusqu’à 30 millions de dollars américains¹⁴ pour appuyer la recherche scientifique en vue de faire en sorte que les entreprises américaines puissent compter sur un approvisionnement national fiable en éléments et minéraux critiques, comme le lithium, le cobalt et le nickel, nécessaires à la production de technologies d’énergie propre.

Favoriser la collaboration entre les pays

Les États‑Unis, le Canada, l’Australie, l’Inde et l’Union européenne collaborent activement afin de favoriser la coopération sectorielle, d’établir et de développer une solide chaîne d’approvisionnement en minéraux critiques et d’accroître la fiabilité des approvisionnements. Ils ont mis ou au point des plans d’action, lancé diverses initiatives ou signé des protocoles d’entente au cours des deux ou trois dernières années. Mentionnons notamment la Critical Minerals Mapping Initiative proposée par les États‑Unis, le Canada et l’Australie¹⁵, qui vise à établir les concentrations de minéraux critiques dans plus de 7 000 échantillons de minéraux provenant de 60 pays. En outre, en juin 2020, les États‑Unis et le Canada ont annoncé qu’ils étudiaient les possibilités de concertation pour garantir l’accès aux minéraux critiques nécessaires aux principaux secteurs manufacturiers comme ceux des technologies de communication, de l’aérospatiale, de la défense et des technologies propres¹⁶.

Favoriser la collaboration tout au long de la chaîne de valeur

Les constructeurs automobiles souhaitent de plus en plus établir des partenariats avec des sociétés minières pour lutter contre les risques liés à l’approvisionnement. Ils recherchent aussi activement des solutions de remplacement aux métaux plus rares. Bien que les accords de commerce ou d’approvisionnement à long terme ne soient pas chose nouvelle dans le secteur de l’automobile, des entreprises s’approvisionnent maintenant en matières premières au niveau national pour soutenir les initiatives d’achat local, ou elles choisissent de s’approvisionner uniquement auprès de certains partenaires commerciaux. Par exemple, General Motors a l’intention de s’approvisionner en lithium en Amérique du Nord pour sa nouvelle gamme de voitures électriques, afin de contrer la domination chinoise¹⁷. Les entreprises en aval investissent aussi davantage dans la recherche‑développement de nouveaux matériaux. À titre d’exemple, des entreprises technologiques comme EnergyX, établie à Porto Rico, expérimentent des membranes nanotechnologiques qui permettent une séparation rapide et efficace du lithium pendant le processus de raffinage.

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Chapitre 3

Mesures que peuvent prendre les sociétés du secteur des mines et métaux

Les sociétés du secteur des mines et métaux doivent prendre des mesures dès maintenant pour relever ces défis.

  • Prévoir différents scénarios : Les sociétés minières doivent s’efforcer d’être agiles et se préparer pour les changements futurs de la demande. La planification à l’aide de scénarios constitue une base solide pour établir objectivement des plans d’affaires à moyen et à long terme, et pour prévoir d’autres solutions possibles et s’y préparer.  
  • Optimiser les portefeuilles : Les sociétés minières doivent comprendre l’interaction des différentes parties de leurs portefeuilles pour pouvoir prendre des décisions en matière d’investissement, de désinvestissement et de rationalisation et ainsi rehausser la valeur de l’ensemble du portefeuille. Les décisions concernant les cibles en matière d’investissement et d’attribution des capitaux devront être prises longtemps à l’avance et tenir compte de mesures qualitatives de la valeur à long terme dans le processus d’optimisation.  
  • Assurer la transparence de la chaîne d’approvisionnement : Il s’agit d’un aspect important d’un point de vue éthique, mais cela est également essentiel pour assurer une bonne visibilité de la demande des clients pour les produits à l’échelle de la chaîne de valeur. Une transparence accrue peut aussi permettre de tirer profit de nouvelles occasions (p. ex., augmenter la quantité de matières recyclables).La chaîne de blocs peut améliorer la transparence sur les plans de l’origine et de la chaîne d’approvisionnement éthique.
  • Renforcer la collaboration : Une collaboration plus étroite avec les intervenants en aval (automobile et technologie) et les gouvernements peut contribuer à l’atteinte de résultats commerciaux positifs ainsi qu’à l’obtention d’un appui politique. Par exemple, les entreprises peuvent offrir leur expertise pour contribuer à l’élaboration de politiques sur la collecte de déchets ou pour orienter les processus d’approbation facilitant les projets dans le secteur de la fabrication de batteries. 
  • Accès aux capitaux : Bien que l’accès aux capitaux demeure difficile pour le secteur, la disponibilité des obligations vertes peut permettre aux sociétés minières de mobiliser des capitaux destinés à un projet durable ou à des activités plus vertes. Grâce aux obligations vertes, les sociétés minières sont en mesure d’isoler leurs capitaux aux fins d’un projet particulier, réduisant ainsi les risques pour les investisseurs, tout en tirant parti d’un coût du capital relativement moins élevé. Toutefois, elles doivent impérativement maintenir de bonnes cotes ESG afin d’obtenir l’appui d’investisseurs à long terme, car elles sont de plus en plus évaluées en fonction de divers paramètres ESG.
  • Économie circulaire : Le secteur enregistre de faibles taux de recyclage, ce qui représente une énorme occasion d’investir dans la capacité de recyclage. Certains obstacles subsistent, comme l’absence de politiques et de programmes de collecte des déchets, la contamination des déchets et la disponibilité de ceux‑ci en raison de la longue durée de vie des produits. Les gouvernements et les entreprises doivent collaborer pour a) définir des politiques de collecte et de gestion des déchets efficaces, et b) investir dans la conception de produits et dans des innovations qui permettent de recycler efficacement les produits de base. À titre d’exemple, moins de 5 % de toutes les batteries au lithium‑ion usagées sont recyclées18, en grande partie parce que les blocs‑batteries sont difficiles et coûteux à démonter.
  • Investir dans l’innovation : Trouver de nouvelles façons de réduire le volume des matières consommées et d’encourager la substitution de ces dernières permettra d’atténuer les contraintes d’approvisionnement, tout en réduisant les coûts. Par exemple, la réduction de 40 % à 50 % de l’utilisation de l’argent et du silicium dans les cellules solaires au cours de la dernière décennie a permis une augmentation spectaculaire du déploiement de l’énergie solaire photovoltaïque19. L’innovation dans les technologies de production peut également permettre de dégager une quantité non négligeable de nouvelles ressources. Les technologies émergentes, telles que l’extraction directe du lithium ou la récupération améliorée du métal à partir de flux de déchets ou de minerais à faible teneur, pourraient entraîner un changement radical au chapitre des volumes d’approvisionnement futurs. Si la hausse des coûts constitue un défi majeur pour le secteur du cuivre, l’impact de l’épuisement des ressources peut être compensé par l’innovation technologique. Le Chili est à la recherche de technologies novatrices pour moderniser la productivité et l’extraction dans ses mines, une tendance qui s’est renforcée avec la pandémie de COVID‑19. Les entreprises affinent leurs stratégies de transformation numérique et font des expérimentations aveci l’apprentissage automatique, l’Internet des objets et les centres d’exploitation intégrés pour gagner en efficacité.
  • Investir dans les technologies numériques et les sociétés de logiciels : À mesure que s’épuisent les ressources minérales de classe mondiale dans les zones à faible risque, les sociétés minières peuvent s’aventurer dans des zones frontières où l’extraction n’était pas économiquement viable auparavant. L’automatisation et la transformation numérique se traduiront par des activités minières plus ciblées et plus efficaces, qui pourraient encore être améliorées par des percées technologiques. 

Résumé

La hausse de la demande en minéraux critiques, attribuable à l’accélération de la transition énergétique et à l’électrification grandissante dans le monde, risque d’engendrer un déséquilibre entre l’offre et la demande. Pour surmonter ces problèmes et répondre à la demande croissante, les entreprises minières et métallurgiques doivent se fixer des objectifs tels que la planification à l’aide de scénarios, l’optimisation des portefeuilles, la transparence des chaînes d’approvisionnement et le renforcement des collaborations.

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