Quatre enjeux dont les conseils d’administration et les dirigeants canadiens devraient se préoccuper
Dire que le visage de la politique publique s’est transformé de façon spectaculaire au cours des derniers mois serait un euphémisme. Dans la foulée notamment de la montée du populisme aux États-Unis, l’heure n’est plus à la mondialisation et à la libéralisation du commerce, mais aux politiques plus protectionnistes, et le Canada doit composer avec l’instabilité qui en découle.
Alors que les entreprises canadiennes se heurtent à un climat d’incertitude jamais vu depuis des années, les priorités fiscales et budgétaires du gouvernement fédéral ne sont pas nécessairement au diapason du contexte actuel. Les dirigeants d’entreprise doivent prendre conscience des transformations qui se sont produites dans quatre domaines clés et des répercussions qu’elles pourraient avoir sur leurs activités.
1. Commerce international
Le gouvernement Trump a entamé son mandat en promettant de revoir les accords commerciaux existants et de s’opposer à la conclusion de nouveaux accords. Étant donné l’ampleur des relations commerciales entre le Canada et les États-Unis, une telle philosophie a le potentiel de couper l’herbe sous le pied des entreprises canadiennes dans tous les secteurs.
Depuis la signature en 1988 du premier Accord de libre-échange Canada–États-Unis, les différents gouvernements canadiens ont vigoureusement soutenu le libre-échange, y compris l’ALENA qui a suivi ainsi que le projet de Partenariat transpacifique (PTP) maintenant abandonné. Le Canada a aussi récemment signé l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne.
Le retrait des États-Unis du PTP pourrait forcer le Canada à tenter de conclure ses propres accords régionaux ou bilatéraux avec certains pays asiatiques, ce qui pourrait constituer un immense avantage pour bon nombre d’entreprises canadiennes.
Bien que les premiers signes laissent penser que le Mexique est la principale cible du gouvernement américain dans la renégociation de l’ALENA, l’incertitude plane. Le Canada ne peut se permettre de baisser la garde et doit se rappeler les différends l’ayant opposé aux États-Unis au sujet du bois d’œuvre, de la gestion de l’offre dans le secteur de l’agriculture, de la propriété intellectuelle et des limites de télédiffusion.
En matière de négociations commerciales, les détails sont d’une importance capitale. La réouverture de l’ALENA risque, à tout le moins, de créer un climat d’incertitude qui pourrait nuire au commerce et aux investissements bilatéraux.
2. Fiscalité
La réforme fiscale aux États-Unis est assurément une priorité stratégique, tant pour le Congrès que pour le président Trump.
Depuis quelques années, le Canada jouit d’un certain avantage par rapport aux États-Unis en matière de compétitivité des régimes d’imposition des sociétés. La position du Canada dans le G7 et son classement par l’OCDE à cet égard se sont améliorés pendant quelques années, mais ont récemment reculé, principalement en raison des hausses d’impôt dans certaines provinces, combinées aux baisses des taux d’imposition adoptées par d’autres pays.
Il est trop tôt pour savoir ce que contiendront les propositions finales du plan de réforme fiscale aux États-Unis. Une forte baisse du taux d’imposition américain sur les investissements aurait une incidence sur la production, les chaînes d’approvisionnement et les décisions d’investissement de nombreuses entreprises nord-américaines. En tout état de cause, le Canada pourrait facilement perdre son avantage au chapitre de l’imposition des sociétés.