4 min de temps de lecture 1 juil. 2021
Quelle organisation pour faire entrer l’IA dans l’entreprise ?

Quelle organisation pour faire entrer l’IA dans l’entreprise ?

Par Arnaud Laroche

Associé, Consulting, Leader EMEIA en Analytics & Intelligence Artificielle, France

Aider les entreprises à tirer le meilleur parti de leurs données, et à mettre en place l’indispensable cadre de confiance autour de leurs usages.

4 min de temps de lecture 1 juil. 2021

L'intégration de l'intelligence artificielle dans l'entreprise soulève de nombreuses questions, découvrez l’analyse d’Arnaud Laroche dans le prolongement de son intervention lors d’un webinaire organisé par Microsoft.

En résumé
  • Pour mettre en place un système d’organisation fonctionnel, il faut compter avec le fait que l’intelligence artificielle est une technologie pleine de paradoxes.
  • La bonne pratique consiste à faire se rencontrer les approches top down et décentralisée dans une structure hybride.

Capable de résoudre un Rubik’s cube en quelques secondes, de déterminer la configuration des sites actifs des molécules en un temps record, quelle prouesse n’est pas capable d’accomplir l’intelligence artificielle (IA) ? Et pourtant, l’IA telle que nous la connaissons aujourd’hui est aussi… limitée. Certaines tâches que nous faisons sans y penser, comme de faire de simples liens de cause à effet ou de nous adapter à différentes situations sont des sujets dans lesquels l’IA n’excelle pas en toutes situations, il faut aussi savoir le reconnaître.

Entre attentes souvent très concrètes, ambitions parfois démesurées ou craintes de voir la machine prendre le pas sur l’homme, l’intelligence artificielle fait certes une entrée fracassante dans les entreprises, mais elle n’est pas sans poser de nombreuses questions : où l’utiliser et pour quoi faire précisément ? A qui donner la responsabilité de la piloter ? Comment la rendre opérationnelle et la déployer à grande échelle ?

Partout et nulle part

Les bénéfices que peut apporter l’IA à l’entreprise sont immenses : en interne, elle permet d’automatiser les processus chronophages, libérant ainsi du temps aux équipes pour des tâches à plus forte valeur ajoutée, en externe, elle ouvre la voie à l’enrichissement des applications et produits destinés aux clients. Toutefois, et précisément parce que ses applications sont extrêmement variées et polymorphes, il peut être difficile de conceptualiser son pilotage et sa gouvernance.

Pour mettre en place un système d’organisation fonctionnel, il faut compter avec le fait que l’intelligence artificielle est une technologie pleine de paradoxes. Dotée à la fois d’un fort potentiel de transformation, elle demande de sortir des logiques humaines, notamment en termes de méthodes et de métriques, mais dans le même temps, elle reste limitée techniquement. Un aspect parfois oublié par les enthousiastes et les visionnaires. Ses facultés remarquables suscitent la volonté d’expérimenter, de transformer l’organisation en profondeur, mais dans le même temps, ces mêmes facultés sont aussi une source d’anxiété pour de nombreux salariés : mon travail va-t-il être supprimé ? L’évolution qui va en résulter sera-t-elle porteuse de sens ou au contraire supprimera-t-elle l’intérêt de ce que je fais au quotidien ?

Enfin, le potentiel de l’IA a tendance à concentrer les luttes de pouvoir et à cristalliser les crispations au sein des équipes, ce qui rend parfois la réorganisation des services périlleuse. Toutes ces pensées contradictoires compliquent la tâche des décideurs et l’intégration de l’IA au sein de l’organisation. 

La bonne pratique consiste à se faire rencontrer les approches top down et décentralisée dans une structure hybride.

Arnaud Laroche

Associé, Consulting, Leader EMEIA en Analytics & Intelligence Articifielle, France

 

Pour résoudre ces problèmes, les entreprises adoptent souvent deux types de logiques opposées. Soit, elles centralisent les décisions en faisant appel à une stratégie top down où s’affirme une vision ambitieuse de ce que l’intelligence artificielle peut apporter à l’organisation. Elles font alors descendre cette vision aux équipes dans un second temps. Soit, elles adoptent une approche décentralisée en proposant aux volontaires d’expérimenter d’une façon buissonnante.

Dans un cas comme dans l’autre, ces stratégies présentent des inconvénients que l’expérience finit par révéler. L’approche top down, souvent extrêmement disruptive dans sa conception, reste souvent hors sol, par manque d’engagement et de compréhension profonde des changements à effectuer par les équipes. Au contraire dans une approche complètement décentralisée, l’engagement des équipes est fort, mais le manque de convergence technologique peut rapidement poser un problème pour l’entreprise.

La bonne pratique consiste donc à faire se rencontrer ces deux approches dans une structure hybride permettant à la fois d’être très disruptif et très pragmatique.

Il s’agit concrètement de mettre en place un cadre centralisé dans lequel toutes les parties prenantes sont embarquées pour échapper aux logiques de silos. Pourquoi centralisé ? Parce qu’une centralisation du cadre garantit qu’un certain nombre de méthodes soient respectées par tous les métiers. Cette structure agit comme une boussole, un outil de gouvernance, mais aussi un garde-fou qui permet de s’assurer que tous vont dans la même direction et ainsi de pouvoir compter sur un socle technologique unifié.

Une fois ce cadre mis en place, le déploiement des algorithmes à proprement parler peut être décentralisé. Ainsi contextualisée, intégrée dans le cycle de travail des équipes en mode agile, l’IA peut alors entrer dans la production de l’entreprise pour augmenter la capacité transactionnelle de ses applications et ainsi proposer directement l’innovation à ses clients.

Cette approche, conjuguant centralisation et décentralisation, permet de penser grand, tout en restant réaliste quant à la capacité de l’organisation à effectivement embarquer l’IA dans son quotidien. Elle offre une direction claire, mais sans altérer la capacité des équipes à s’approprier la technologie et à instaurer les conditions propices à la collaboration inter-équipes.

Bien sûr, si cette organisation a fait ses preuves, comme dans tout projet de transformation de cette ampleur, la clef de réussite est de parvenir à faire collaborer des humains aux profils et habitudes diverses. Une aventure complexe et passionnante qui demande de faire entrer dans le mix une bonne pincée de management.

Retrouvez l’intégralité du webinaire consacré à ce sujet, organisé par Microsoft.

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Ce qu'il faut retenir

Technologie pleine de paradoxes, l’intelligence artificielle fait certes une entrée fracassante dans les entreprises, mais elle n’est pas sans poser de nombreuses questions : où l’utiliser et pour quoi faire précisément ? A qui donner la responsabilité de la piloter ? Comment la rendre opérationnelle et la déployer à grande échelle ?

Dans cet article, Arnaud Laroche explique l’intérêt à faire se rencontrer deux approches – la top down et la décentralisée – dans une structure hybride afin de faciliter l’intégration de l’IA au sein d’une organisation.

A propos de cet article

Par Arnaud Laroche

Associé, Consulting, Leader EMEIA en Analytics & Intelligence Artificielle, France

Aider les entreprises à tirer le meilleur parti de leurs données, et à mettre en place l’indispensable cadre de confiance autour de leurs usages.