6 min de temps de lecture 15 janv. 2021
ey-alumni-paul-martichoux

Paul Martichoux : comment répondre aux nouvelles formes de mobilité citadines

Par EY Alumni

Building a better working world

Le réseau Alumni d’EY en France offre à ses près de 10 000 membres des occasions d’élargir leurs opportunités et expériences futures tout en nourrissant les liens qu’ils ont tissés avec EY.

6 min de temps de lecture 15 janv. 2021
Expertises associées Alumni

« Ces années passées chez EY m'ont permis de créer mon entreprise et d'inventer les délégations de services publics du monde d'après ! »

Vous avez travaillé dans l’audit de 2014 à 2019. Pouvez-vous nous en dire plus sur le rôle que vous occupiez chez EY ?

Tout au long de mon parcours, j’ai travaillé sur des missions de transactions et de conseil pour de grands comptes. J’ai également animé les activités team building de l’équipe Audit-industrie-grands groupes en organisant notamment des afterworks et des tournois de football. Au moment de mon départ, j’étais manager en charge de l’audit des comptes sociaux et consolidés d’un grand groupe que j’ai accompagné également dans sa transition vers IFRS15.

Vous êtes depuis devenu entrepreneur. Qu’avez-vous retenu de l’expérience EY et en quoi vous a-t-elle aidé par la suite ?

Les entrepreneurs disent souvent qu’ils se sont lancés dans l’entrepreneuriat parce qu’ils avaient besoin de retrouver un métier qui « ait du sens ». Pour ma part ce n’est pas du tout le cas. Je garde le souvenir d’années durant lesquelles j’ai adoré apprendre chez EY et y rencontrer mes collègues qui sont devenus des amis.
Ce sont d’ailleurs ces années passées chez EY qui m’ont permis de monter mon entreprise. En effet, nous sommes actuellement en train d’inventer une nouvelle DSP – Délégation de Service Public, comme il en existait pour l’eau, les déchets ou la gestion des parkings en ouvrage pour les voitures, mais cette fois, au service des néo-mobilités. Mes années à travailler sur les contrats de DSP ou sur les contrats long terme en aéronautique m’ont permis d’appréhender ces types de contrats et d’être à l’aise dans l’environnement législatif complexe, en particulier celui de la commande publique. On peut donc dire que 12.5 a pu être créé grâce à « l’école EY » qui certes offre des opportunités d’intégrer les directions financières et d’audit internes de groupes prestigieux mais également d’entreprendre, d’inventer les délégations de services publics du monde d’après !

Comment vous est venue l’idée de créer 12.5 ?
L’idée de départ est née d’un besoin personnel. En déménageant, je suis arrivé dans une nouvelle copropriété qui nous interdisait de laisser nos vélos dans la cour de l’immeuble. Je devais donc chaque jour le monter dans mon appartement. En cherchant une solution de parking à proximité et après avoir sondé les personnes, qui comme moi, avait choisi ce moyen de locomotion, j’ai découvert que ce besoin était ressenti par tous mais qu’aucune solution n’existait. Avec mon associé, nous avons alors réfléchi à la possibilité de recycler les places disponibles dans les parkings souterrains pour les mettre à disposition des utilisateurs des nouvelles formes de mobilité citadines et c’est ainsi qu’est né 12.5 !

Une chose m’intrigue, pourquoi avoir fait le choix de ce nom, 12.5 ?

12.5, c’est la surface en mètres carrés disponible sur une place voiture inoccupée dans un parking souterrain. C’est un espace que l’on peut réaménager, réinventer au profit des mobilités douces. Notre plateforme met donc en relation les propriétaires de ces mètres carrés inutilisés avec les utilisateurs de vélos, scooters et autre deux-roues, qui sont à la recherche d’une solution simple et pratique pour sécuriser leurs vélos à deux pas de chez eux. Pour une place de 12,5 m², on peut mettre 9 vélos ou 13 trottinettes, ou 5 scooters.

Quels sont les principaux challenges auxquels vous avez dû faire face ?

Quand nous avons commencé ce projet en 2019, la pratique du vélo se développait mais ne connaissait pas encore l’engouement actuel. Réussir à signer des partenariats avec les différents bailleurs propriétaires de parkings dans Paris n’était pas chose aisée. En effet, descendre sous terre pour stationner son vélo est une pratique encore méconnue en France. Il s’agit de faire prendre aux gens une nouvelle habitude, voire un nouvel habitus, comme aiment à le souligner les sociologues. Evidemment, lorsque l’on cherche à créer un service novateur pour des pratiques dont on projette l’essor dans l’avenir, il faut réussir à convaincre de nombreux sceptiques ! Le principal défi était donc de réussir à embarquer tous les partenaires pour monter les projets qui répondaient le mieux aux besoins. Aujourd’hui, tout le monde croit beaucoup à cette idée, notamment les investisseurs, mais en 2019, il était plus compliqué de convaincre sur le sujet. La néo-mobilité citadine est en plein boom et 12.5 propose un service complémentaire de stationnement pensé pour de nouveaux modes de déplacements individuels en ville.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre entreprise ?

Quand nous avons eu l’idée de reconvertir les parkings souterrains pour les vélos en 2019, nous voulions créer un service qui réponde à un besoin partagé par un nombre grandissant de personnes.
En se documentant sur ce marché, nous nous sommes rendu compte que les deux freins majeurs à la pratique du vélo en ville sont la sécurité de circulation et le stationnement nocturne.
A Paris comme dans de nombreuses villes, la personne publique a réglé le premier besoin des cyclistes avec l’aménagement de pistes cyclables. En revanche, concernant la sécurité en stationnement, il n’y avait aucune solution simple et pratique pour pouvoir sécuriser son vélo en bas de chez soi et ne pas avoir à le porter soir et matin sur l’épaule pour le stocker dans son salon ! Nous avons rapidement compris que malgré les idées reçues, il y avait de nombreuses places de parking vacantes sous terre dans les centres villes.

En effet, si l’on entend beaucoup qu’il manque des places de parking, c’est sans considérer l’ensemble des parkings de copropriétés et d’entreprises en ville. Ces constructions ont été pensées à une époque où on imaginait deux places de stationnement par foyer alors qu’aujourd’hui on est à moins de 0,83 voiture par foyer dans Paris. Mécaniquement cette tendance a conduit à une vacance de plus en plus importante de ces places sécurisées !
Au lieu de chercher à créer du mobilier urbain qui prend de la place pour les piétons et retardent les livraisons sur la voierie, il existe un espace sécurisé sous terre qui ne demande qu’à être recyclé ! Aujourd’hui nous référençons déjà plus de 500 parkings partout dans Paris et les retours des premiers utilisateurs sont excellents car ils sont soulagés de voir qu’on leur propose enfin une solution pour garer leurs deux-roues.

Vous venez de lancer une nouvelle offre mobilité à destination des entreprises. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

En effet, face à la demande de nombreux grands groupes, nous venons de lancer l’offre vélo/boulot/dodo.
Depuis 2018, toutes les entreprises de plus de 100 salariés sont chargées d’élaborer un plan de mobilité pour inciter leurs salariés à recourir aux mobilités douces pour les trajets domicile-lieu de travail. Favoriser les trajets à vélo est une des mesures privilégiées par les entreprises en ville. Mais investir dans une flotte de vélos est coûteux, même en leasing. Pouvoir disposer de places réservées partout dans Paris permet de simplifier la démarche et d’inciter ses salariés à se mettre au vélo ! C'est pourquoi l’offre vélo/boulot/dodo de 12.5 a été conçue afin d'offrir une mesure simple, concrète et clef en main afin d'accompagner au mieux les entreprises dans leur plan de mobilité.

Quel est votre business model ?

Notre business model repose sur de la location sur mesure. J’ai des amis qui louaient une place de voiture pour sécuriser leur deux-roues motorisé. L’idée est de faire baisser le prix en ne louant que la portion de place dont on a besoin. C’est pourquoi le prix de l’abonnement 12.5 n’est pas le même pour un vélo, une trottinette, un scooter, ou même que pour un vélo cargo car le prix dépend de l’espace utile sur la place recyclée. Aujourd’hui un abonnement de parking pour un scooter dans Paris se situe entre 90 et 120 €/mois selon les quartiers. Notre système de location sur mesure permet d’offrir des abonnements autour de 45 € par mois pour les scooters !

Quels sont vos projets à moyen/long terme et les enjeux à relever dans les prochaines années ? Le déploiement de nouveaux parkings partout en France ?

Comme on le dit souvent, une bonne idée seule ne suffit pas, il faut la transformer en un super service et pour cela, il faut mettre en place une culture d’amélioration permanente. C’est donc ce sur quoi nous travaillons en ce moment.
Aujourd’hui, tous nos abonnés reçoivent en 48h, un badge d’accès, une clef pour ouvrir l’installation qui leur est réservée sur la place, ainsi qu’un plan. Demain, nous proposerons à nos abonnés une application qui leur permettra d’ouvrir leur parking, d’être guidés grâce à la géolocalisation ou d’emprunter la sortie piétonne et de déverrouiller la borne de sécurisation sur la place. Nous travaillons également sur une assurance contre le vol ou le vandalisme et sur un service réparation ou d’échange. Enfin, nous préparons de nouvelles ouvertures de parkings à Lyon, Bordeaux, Lille, Strasbourg, et La Rochelle.

Vous avez également co-fondé en 2019 Savoir-Faire Français qui propose des cadeaux d’entreprise, utiles et responsables. Quels sont vos modes de production ?

C’est grâce aux résultats de cette première entreprise que j’ai pu investir dans 12.5. Savoir-Faire Français propose des goodies utiles et responsables aux grands groupes. Chaque référence permet de réutiliser ou de recycler de la matière pour en faire des cadeaux d’entreprises. Il n’y a donc pas d’empreinte carbone liée à des usines de production en Asie. Chaque matière recyclée est ensuite transformée chez un des 20 producteurs français partenaires de Savoir-Faire.

Nous avons passé des partenariats avec de grands groupes de luxe pour récupérer les chutes des usines de cuir du nord de l’Italie. Nous les broyons et les transformons en un cuir recyclé pour fabriquer des portes cartes, des étuis pour tablettes, … Nous faisons de même en recyclant du textile pour créer des contenants permettant de limiter l’usage unique du plastique. Nous commençons à vendre nos produits en boutique et avons signé des partenariats avec des musées et des monuments français.

Quel conseil donneriez-vous à un futur entrepreneur ?

Convaincre des partenaires, vendre une idée, c’est ce qu’il y a de plus difficile. Le conseil que je donnerais donc c’est qu’il est primordial de rester optimiste et positif. Que ce soit en entreprise ou dans l’entreprenariat, ce qui fait la différence c’est le courage et le « caractère professionnel ».
A mes yeux, faire preuve de « caractère professionnel », c’est réussir à réorienter dans son sens une réunion mal embarquée, c’est réussir à faire changer d’avis un décideur qui ne croit pas au projet mais qui lui laisse une chance car il croit en vous à la fin de l’entretien. Avoir du caractère, c’est embarquer les gens avec vous par votre passion naturelle pour le projet. Cette force de caractère doit animer toute personne qui se lance dans l’aventure entrepreneuriale.

Vous avez été retenu parmi les entreprises innovantes du concours de la Fabrique AVIVA, bravo !

C’est une très bonne nouvelle en effet, et nous avons besoin du soutien de tous pour gagner ce concours qui facilitera la promotion de notre service qui cherche à lever le dernier frein encore présent pour l’explosion de la mobilité douce en ville. L’ouverture des votes aura lieu le 12 janvier. Si vous le souhaitez, votez pour nous !

Ce qu'il faut retenir

Paul Martichoux propose de recycler les places de parking disponibles pour répondre aux besoins de la néo-mobilité citadine qui est en plein boom.

A propos de cet article

Par EY Alumni

Building a better working world

Le réseau Alumni d’EY en France offre à ses près de 10 000 membres des occasions d’élargir leurs opportunités et expériences futures tout en nourrissant les liens qu’ils ont tissés avec EY.

Related topics Alumni