Jean-Luc Moudenc, Maire de Toulouse
et Président de France urbaine
Quelles sont les conséquences économiques de la pandémie pour les métropoles, grandes agglomérations et grandes villes de France ?
Elles sont majeures et nous savons que, quelles que soient les projections réalisées, nos territoires devront faire preuve de résilience – comme ils ont su le faire depuis le début de l’épidémie – pour absorber le choc sur le tissu économique et sur l’emploi. C’est en ce sens qu’au-delà du soutien nécessaire aux acteurs économiques, nous appelons à un renforcement de notre capacité d’action en matière d’inclusion, d’insertion et d’emploi.
Nos collectivités sont également des acteurs économiques de premier plan, qui structurent des écosystèmes économiques et sociaux. Or nos budgets locaux ne sont pas épargnés. Prenons le secteur des transports publics, confronté à une double baisse des recettes d’exploitation et des recettes fiscales. Depuis des années, nous avons construit une nouvelle culture des mobilités. Ce serait un drame de revenir en arrière. D’où la nécessité d’un dialogue étroit avec l’Etat pour nous donner les moyens de faire face.
Quelles sont les solutions déjà envisagées pour permettre aux grandes villes d’effacer la crise le plus rapidement possible et pour attirer davantage d’investisseurs étrangers ?
Nous ne pouvons pas « effacer » la crise et continuer comme avant. Son impact est trop profond pour nous exonérer d’une réflexion collective sur le monde que nous voulons demain. C’est pourquoi France urbaine demande une relance écologique et sociale ambitieuse, porteuse de nouvelles perspectives économiques.
Car un territoire attractif, c’est un territoire vivable, soutenable et inclusif. Cette relance doit être l’occasion de fixer de nouvelles conditionnalités écologiques et sociales pour mobiliser nos écosystèmes économiques en ce sens. Elle doit aussi renforcer et accélérer l’ensemble des actions et des projets que nous portons depuis des années en faveur de la transition écologique.
Pour cela, nous avons besoin de nouvelles perspectives financières. La compensation des surcoûts liés à l’épidémie est une première étape, mais il nous faut sécuriser nos ressources à plus long terme dans le cadre d’une relation financière mature avec l’Etat, visant l’autonomie fiscale. S’il en était besoin, je crois que la crise a montré que nous étions plus que dignes de cette confiance.
Selon de nombreuses enquêtes menées en France et à l’étranger, le confinement incite à une vie différente, loin des fureurs de la ville, plus respectueuse de l’environnement, plus responsable. Les grandes villes ont-elles les moyens de répondre à ce besoin croissant ?
Gardons-nous de raviver une fracture artificielle entre territoires urbains et ruraux. Ce que l’épidémie a d’abord montré, c’est que nos territoires – urbains, périurbains, ruraux – étaient solidaires face à la propagation du virus. En matière de production et de distribution alimentaire, de circuits-courts, d’économie circulaire… nous avons innové ensemble en faisant vivre l’Alliance des territoires.
Quant à la nécessité de construire un mode de vie plus respectueux de l’environnement, cela fait des années que les territoires urbains assument cette responsabilité, que ce soit en matière de mobilité durable, de rénovation thermique des bâtiments, de lutte contre la précarité énergétique, de renforcement des solidarités, d’inclusion, etc. Le premier objectif de la relance doit donc être de conforter cette dynamique et de l’amplifier. Nous en avons tous plus que jamais besoin.