La performance de la France en 2019 est-elle une surprise ?
Elle est le résultat assez logique des efforts menés ces dernières années pour améliorer l’environnement des affaires en France, notamment dans le domaine fiscal et social. La réforme du marché du travail, la baisse des charges patronales, la modification du régime des impatriés, les plans de soutien au numérique ou encore à l’intelligence artificielle ont convaincu les investisseurs étrangers de s’installer ou de conforter leur présence chez nous, tout comme le fait que le gouvernement assume pleinement sa politique pro-business. Notons par ailleurs que la France a fait preuve de résilience et de stabilité dans un environnement marqué par les incertitudes liées au Brexit et les difficultés de l'industrie allemande.
Que nous disent les investisseurs avec qui nous échangeons quotidiennement ? Il faut consolider et renforcer les acquis qui ont permis à la France d’être la première destination des investissements étrangers en Europe en 2019. De ce point de vue, la sanctuarisation du crédit impôt recherche est une excellente nouvelle car elle permet à la France d’attirer toujours plus de projets innovants. Il faut également travailler sur des solutions – pourquoi pas fiscales – pour aimanter plus de quartiers généraux, de sièges sociaux.
Les conséquences de la crise peuvent-elles rebattre les cartes de l’attractivité ?
Il ne faut pas voir cette crise comme une menace mais comme une opportunité. Troisième en 2017, deuxième en 2018, la France fut première au classement des pays ayant attiré le plus d’investissements directs étrangers en Europe. Pour rester en tête, il aurait de toutes façons fallu nous réinventer, continuer à faire bouger certains curseurs car nos principaux concurrents ne vont pas rester les bras croisés. La compétition ne s’arrête jamais !
En 2019, Business France a accompagné 57% des projets d’investissements étrangers comptabilisés en France. Outre le travail de suivi pour que les intentions se réalisent en dépit de la crise, nous continuons inlassablement de faire entendre la voix de la France, que ce soit à Davos, lors du Sommet Choose France, du Scale-up Tour… Enfin, nous réfléchissons avec le gouvernement sur la nouvelle stratégie pour permettre à la France de rester incontournable en Europe.
Les investisseurs étrangers ont salué les mesures prises pour amortir la crise, comme le recours au chômage partiel et les prêts garantis. Ils sont très attentifs aux mesures destinées à relancer l’activité. Business France est restée à leurs côtés, depuis Paris ainsi que via nos bureaux à l’étranger, pour veiller à leur bonne information et l’accompagnement de leurs projets.
Dans le domaine industriel, une relocalisation de certaines activités est-elle envisageable ?
La crise actuelle, les tensions commerciales sino-américaines, les opportunités offertes par les nouvelles technologies poussent à une nouvelle régionalisation des activité productives. Cela nous conduit à encourager l’accueil d’investissements qui contribueront à notre souveraineté industrielle, notamment dans la localisation de certaines filières stratégiques au sein desquelles la sécurisation des chaînes de valeur devra être assurée. La France, grâce notamment à son savoir-faire dans l’industrie 4.0, a une carte à jouer dans les relocalisations associées à des développements d’innovations compétitives.
Politique de filière et politique de la demande peuvent-elles être des facteurs d’attractivité ?
Dans un certain nombre de secteurs, notamment la santé, l’agroalimentaire, les biens de consommation tels que la cosmétique, la France témoigne de son excellence. Tout ce qui peut renforcer leur écosystème, la formation, les relations entre le public et le privé, sont de nature à attirer toujours plus d’investisseurs étrangers.
Une politique de la demande volontariste peut être un facteur d’attractivité. La robustesse d’un marché domestique aiguise forcément les appétits des investisseurs. On observe certains secteurs en essor, comme le e-commerce et la distribution, du fait de changement dans les habitudes de consommation. On peut également citer les services informatiques, dont la demande a explosé du fait que les entreprises s'efforcent de permettre à leurs employés de travailler chez eux et que la socialisation se fait à distance A l’heure où les investisseurs se rapprochent des marchés de consommation, un cercle vertueux peut s’enclencher pour faire de la France la terre d’accueil d’investissements innovants, notamment en matière de transition écologique.