La supply chain de demain dans l’industrie chimique
Dans la mesure où les produits chimiques sont désormais présents dans de nombreux secteurs, notamment la construction, la machinerie lourde et les additifs alimentaires, cette industrie ne peut plus être considérée comme générique. Son avenir étant étroitement lié à celui de ses clients, ce secteur se transforme donc en parallèle. L’industrie chimique de demain sera le résultat de cinq grands facteurs de transformation :
1. Augmentation de l’implication des clients et des fournisseurs
Avec une concurrence toujours plus rude et des consommateurs de plus en plus avertis, le degré d’implication du client dans le développement des produits ira grandissant, d’où son influence sur la stratégie d’innovation. Dans ce cas précis, le client encourage l’élaboration de produits répondant à ses propres besoins, ce qui aboutit au développement de produits très spécialisés.
Cette tendance entraînera également la création de centres collaboratifs de R&D et d’innovation, où les clients pourront prendre part aux tests et contribuer au développement de nouveaux produits. La collaboration avec les fournisseurs spécialisés dans la recherche et le développement de produits sera par conséquent accrue, avec une chaîne de valeur intégrée à la clé.
2. Redéfinition des produits
Les fabricants de produits chimiques apporteront davantage de valeur ajoutée à leurs clients en leur proposant des services supplémentaires. C’est d’ores et déjà le cas de l’industrie agrochimique, qui s’associe à des spécialistes de l’analyse des données ou rachète des entreprises de ce secteur pour partager avec les agriculteurs des recommandations sur les quantités optimales d’eau, d’engrais et de produits agrochimiques, issues de l’analyse du Big Data.
D’autres fabricants peuvent également formuler des recommandations techniques via une application ou un logiciel, afin d’aider leurs clients à déterminer la dose optimale de produit.
3. Opérations industrielles numérisées
À l’heure où la digitalisation devient non plus un facteur de différenciation, mais la nécessité du moment, toutes les fonctions — approvisionnement, R&D, planification, production, distribution, etc. — sont amenées à utiliser les objets connectés, l’intelligence artificielle et la RPA, notamment. L’industrie chimique de demain fera l’objet d’un commerce omnicanal, où un mélange de modèles traditionnels et en ligne sera employé pour optimiser les coûts et la satisfaction du client.
Grâce à la technologie des portails en ligne, combinée à la blockchain, les clients s’habitueront aux stratégie et transactions en ligne automatisées. Les échanges gagneront ainsi en rapidité et en transparence. Qui plus est, un atelier d’usine intelligente, reposant sur la RPA et sur des capteurs logiciels destinés à la maintenance prédictive, sera essentiel pour la production et la rentabilité.
Par ailleurs, la distribution et le transport via des véhicules autonomes équipés de capteurs de température et de pression deviendront la norme, ce qui incitera les fabricants de produits chimiques à nouer des partenariats à long terme avec des entreprises technologiques proposant des solutions globales pour l’industrie.
Ces alliances aboutiront à la création de centres d’excellence destinés au développement de technologies personnalisées, que ce soit en interne, en collaboration avec ces partenaires ou via l’acquisition d’entreprises technologiques aux fonctions spécifiques.
4. Main-d’œuvre de demain
Les entreprises du secteur chimique, axé sur l’innovation, se tourneront vers des équipes R&D dynamiques. Dans un environnement numérisé, les scientifiques devront avoir des compétences en chimie tout en maîtrisant les outils digitaux.
Dans la recherche et le développement, les expériences répétitives et itératives pourraient de surcroît être effectuées en tirant parti des robots et de l’intelligence artificielle, gages de rapidité et d’efficacité. Les robots augmenteraient également l’efficacité des processus répétitifs des différentes fonctions.
5. Évolution du rôle des intervenants de la chaîne de valeurs
La fabrication additive et le besoin de personnalisation attireront les clients finaux vers les acteurs de la chimie. Dans un scénario de ce type, où les consommateurs pourront fabriquer eux-mêmes leurs cosmétiques à l’aide d’imprimantes 3D, ils pourront s’approvisionner directement auprès de fabricants de produits chimiques spécialisés. Cela éliminera ou modifiera le rôle des producteurs, distributeurs et détaillants de produits cosmétiques.
Cette personnalisation, rendue possible par l’impression 3D grand public, sera également à la portée des détaillants et des distributeurs, avec, à terme, une supply chain plus courte, efficace et hautement personnalisée.
Enfin, alors que les secteurs d’activité misent de plus en plus sur Internet pour vendre, l’industrie chimique évitera les distributeurs et les prestataires de services logistiques et fournira directement ses clients via des portails en ligne publics ou propriétaires.
Par exemple, dans l’industrie automobile, le nombre moyen de visites chez un concessionnaire avant un achat a été divisé par quatre, car les clients effectuent des recherches et configurent des voitures en ligne. La confiance des consommateurs à l’égard des concessionnaires est en effet en baisse constante.