En garantissant les systèmes d’identification des citoyens, l’État peut à la fois soutenir le développement des usages numériques, protéger la souveraineté nationale de la donnée et mieux lutter contre la fraude.
Un marché encore naissant en France
Aujourd’hui, l’identité numérique peut être un vecteur important de développement économique. En effet, elle garantit la sécurité des échanges dématérialisés et favorise le développement de divers services privés, comme les services dans les domaines bancaires, de l’assurance ou des télécommunications, qui sont beaucoup plus souvent utilisés que les services publics.
Le marché français de l’identité numérique, notamment financé par les fournisseurs de services privés, est encore naissant, la gratuité de l’usage étant une condition sine qua non du développement des usages. Il devrait toutefois évoluer de 3m€ en 2023 jusqu’à 257 m€ à l’horizon 2030.
La maturité de ce marché sera notamment assurée par la massification de la CNI électronique, dont la délivrance pourra encourager les citoyens à souscrire à des solutions d’identité numérique, mais aussi par une cannibalisation progressive du processus d’enrôlement à distance des entreprises.
Marché français de l’identité numérique
257m€à l’horizon 2030
Ces dernières pourront désormais s’appuyer sur une solution d’identité numérique beaucoup moins chère que les processus traditionnels de KYC. Grâce aux solutions d’identité numérique, les coûts pour un acteur bancaire, par exemple, pourraient être réduits de 12,5€ à 2€ par an et par usager !
L’identité numérique est également assise sur un écosystème technologique national dynamique, alliant des groupes et startups qui soutiennent cette croissance. Des champions nationaux, tels que Orange ou Ariadnext, ont un potentiel de développement en France important.
Cependant la levée des incertitudes sur le périmètre d’action de la solution étatique d’identité numérique, l’ancienne Alicem, permettrait de sécuriser leur modèle économique. La création de FranceConnect+ permettra aussi de créer un environnement propice au développement des différentes solutions privées qui sont encore, pour leur majorité, en cours de qualification auprès de l’ANSSI.
Face à la concurrence des GAFAM, se différencier par la sécurité et la souveraineté
Une offre d’identité numérique compétitive au niveau international nécessite en outre d’avoir des preuves de concept à l’échelle d’un pays. C’est justement ce que les GAFAM ou encore le duo Mastercard & Samsung s’efforcent de réaliser en lançant des offres mondiales s’appuyant sur leur réseau de clients déjà massif et en proposant une expérience ultra simplifiée.
Face à cette concurrence de poids, les entreprises françaises ont besoin d’être encouragées au niveau national par une clarification du rôle de l’État en tant que fournisseur d’identité et d’être soutenues à l’export grâce à la promotion d’un modèle français qui fait de la sécurité et de la souveraineté de la donnée un facteur de différentiation majeur.
L’identité numérique, un levier de transformation publique
En outre, l’identité numérique est un levier important de transformation publique. En partant des usages potentiels des citoyens, elle pousse les administrations à construire de nouveaux dispositifs centrés sur leurs besoins.
En effet, garantir 100% de procédures dématérialisées pour atteindre les objectifs du Président de la République nécessite de développer les usages publics en sécurisant les échanges entre les administrations et les citoyens. Les dispositifs actuels ont permis le développement d’applications qui fonctionnent (ex : impôts.gouv.fr), mais le potentiel est encore gigantesque, sur des procédures publiques usuelles (ex : inscrire un enfant à la crèche, consulter un relevé de carrière pour la retraite, déclarer un déménagement), ainsi que sur celles qui restent très sensibles (ex : vote en ligne, passer un examen dématérialisé, renouveler un titre d’identité, déclarer une naissance) et qui nécessitent un niveau de sécurité eIDAS « élevé ».
Concilier puissance publique et entreprises privée pour créer l’identité numérique à la française
Cependant, la mise en œuvre réelle et rapide de l’identité numérique en France soulève d’importantes questions de souveraineté de la donnée et de la vie privée des Français.
Protéger les données des Français nécessite assurément une solution dans laquelle l’État doit être la pierre angulaire, mais dans laquelle il ne peut agir seul s’il ne veut pas concurrencer le secteur privé.
C’est pourquoi un modèle hybride, organisé autour de la puissance publique en premier rang et en associant les entreprises privées dans un second rang, peut à la fois garantir la protection régalienne des citoyens et le développement d’un projet économique.
Il est indispensable que ce modèle économique et organisationnel puisse être accéléré en 2021, l’occasion unique de mettre en œuvre à la fois un « État qui protège » et un « État qui libère » est aujourd’hui à saisir !
Ce qu'il faut retenir
L’identité numérique s’est matérialisée en France depuis 2015 par les initiatives France Connect.
L’identité numérique est aujourd’hui à un carrefour : pour être déployée auprès des citoyens et des entreprises et permettre d’accéder à une gamme plus large de services, elle nécessite d’apporter de meilleures garanties de sécurité à un niveau eIDAS au moins « substantiel ».
En garantissant les systèmes d’identification des citoyens, l’État peut à la fois soutenir le développement des usages numériques pour ses entreprises et ses citoyens, protéger la souveraineté nationale de la donnée et mieux lutter contre la fraude.