5 min de temps de lecture 7 oct. 2020
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Les principaux risques et opportunités business du secteur minier en 2021

Par EY France

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5 min de temps de lecture 7 oct. 2020

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Les bouleversements actuels redistribuent les cartes des risques et des opportunités pour le secteur minier. La réussite des entreprises dépendra de la façon dont elles vont y répondre. Découvrez l'analyse de Christian Mion, Associé EY Consulting et EMEIA Advisory Mining Leader, et téléchargez notre étude

En résumé
  • Les bouleversements ont réorganisé le classement des risques pour le secteur des mines et métaux, même si le permis d’exploitation reste en première position
  • La Covid-19 a créé de nouvelles opportunités en favorisant la transformation digitale et en améliorant la sécurité et la productivité
  • Capitaliser sur les opportunités tout en limitant les risques obligent les entreprises du secteur à être proactives pour faire face à un futur toujours plus incertain
     

Alors que le rapport de l'an dernier évoquait la perspective de risques à fort impact — à savoir des risques rares, mais potentiellement catastrophiques – qui aurait pu prédire ce qui allait se passer en 2020 ? À ce moment-là, nous avions anticipé que des bouleversements n'allaient pas tarder à frapper le secteur, mais nous ne nous attendions pas à ce qu'ils résultent d'une pandémie mondiale qui a également contribué à accélérer d'autres facteurs de perturbation.

La Covid-19 est incontestablement le problème majeur de l'année 2020 ; elle va impacter l'ensemble des secteurs d'activité, et celui des mines et métaux ne fera pas exception. Au moment où nous rédigeons ces lignes, certains marchés semblent avoir renoué avec un semblant de reprise économique, mais d'autres, en particulier plusieurs régions minières majeures, restent fortement affectés par le virus. Dans notre rapport de 2021, nous nous intéressons en priorité aux retombées de la Covid-19 sur le secteur minier, en soulignant comment la pandémie a relevé le niveau de nombreux risques, et comment elle a également fait naître de nouvelles opportunités.

Même si l'épidémie a été un événement véritablement perturbateur, le secteur des mines et des métaux a extrêmement bien géré son impact, ce qui l'a conduit à une réponse efficace et ce, pour les raisons suivantes :

  • une culture de la sécurité avant tout qui donne la priorité à la santé et au bien-être humain,
  • l'excellence de la gouvernance qui a permis une gestion agile du changement grâce aux freins et aux autres contrepoids adaptés déjà en place,
  • une collaboration avec les pouvoirs publics, au sein du secteur, avec des experts de santé et les communautés environnantes, qui garantit le respect de pratiques exemplaires,
  • suite aux conseils d’experts, les changements apportés ont été intégrés aux opérations pour apporter une réponse cohérente et efficace à la pandémie.

Top 10 des risques et des opportunités

De nombreuses mines ont donc poursuivi leurs activités et leur production pendant la pandémie, malgré la baisse des effectifs présents sur site. Cette continuité opérationnelle a cependant un coût, du fait des dépenses supplémentaires engendrées par les nouveaux processus, procédures et protocoles, le matériel de tests sanitaires et le soutien apporté aux effectifs.

Le retour à une croissance jalonnée de soubresauts exige des entreprises qu'elles se surpassent encore davantage dans leur manière de faire face aux évolutions imprévisibles de leur environnement commercial.
Christian Mion, Associé EY Consulting, EMEIA Advisory Mining Leader

Il est bien évident que l'impact global de la pandémie est variable au sein du secteur. Chaque matière première a été affectée de manière différente en fonction de sa demande actuelle et future, des stocks existants et de l'impact du virus sur l'offre. Compte tenu de ces éléments, c'est sans surprise que les personnes interrogées dans le cadre de notre étude ont formulé des points de vue différents sur leur façon d'envisager la reprise, près de la moitié d'entre elles anticipant une reprise en W. Chez EY, nous tablons également sur une reprise en dents de scie, sur la base d'un socle très chahuté. Ce retour à une croissance de ce type, jalonnée de soubresauts, exige des entreprises qu'elles se surpassent encore davantage dans leur manière de faire face aux évolutions imprévisibles de leur environnement commercial. Il leur faudra faire preuve de flexibilité, de résilience et adopter des réflexes rapides.

L'adversité a fait naître des opportunités de changement positif

Il s'avère que les perturbations de 2020 ont fait naître une abondance d'opportunités, comme ce rapport va s'en faire l'écho, avec un nombre d'occasions qui dépasse le nombre de risques. Les bouleversements ont rebattu les cartes. Alors que nous commençons à sortir de la pandémie, les permis d'exploitation et les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ont regagné de l'importance dans les classements, pendant que la responsabilité sociale des entreprises et les exigences des parties prenantes au sens large s'intensifiaient. Nous sommes convaincus que la Covid-19 a fait naître une possibilité de changement et que nous allons assister à la mise en œuvre de revirements structurels d'envergure et à l’accélération des projets de transformation dans tout le secteur.

Les principaux risques du secteur minier en 2021 

Notre rapport Global mining and metals top 10 business risks and opportunities — 2021 a identifié 10 risques, où nous analysons ici les principaux :

Risque n°1 : Permis d'exploitation

Ce risque se classe au premier rang pour les exploitants miniers, avec 63 % des personnes interrogées qui déclarent le considérer comme l'un des trois principaux risques encourus. Selon nos prévisions, la question devrait revêtir encore plus d'importance à mesure que les parties prenantes élargiront leurs cercles et qu'elles feront davantage entendre leur voix. Alors qu'un engagement effectif devient encore plus décisif, nous pensons que les exploitants miniers doivent prendre en considération les trois strates suivantes au sein des communautés :

  • les communautés locales qui vont nourrir des attentes plus élevées vis-à-vis des exploitants miniers et leur respect des droits indigènes et des régimes de propriété des populations autochtones.
  • les communautés nationales qui peuvent pousser à un retour au nationalisme à l'égard des ressources naturelles, avec une montée des débats autour de la question de savoir auprès de qui les exploitants miniers commercialisent leurs produits et à quelles fins.
  • un engagement communautaire plus large deviendra prioritaire à mesure que les difficultés socio-économiques seront mises en lumière dans le contexte postérieur à la Covid-19. Nous pourrions assister à une montée des pressions en faveur d'une restitution de la propriété des actifs aux communautés.

Les exploitants miniers vont devoir collaborer avec les pouvoirs publics et les associations du secteur pour participer à la définition des messages autour de la contribution et de la valeur apportées par le secteur minier à la société. Il existe un réel besoin de redéfinition de l'image de marque et, face à des investisseurs soucieux de décrypter la valeur ajoutée, au-delà des seuls résultats financiers, cette redéfinition est indispensable pour récupérer des capitaux et profiter d'autres sources de financement.

Risque n°2 : Risques à fort impact

Dans notre rapport de l'an dernier, nous avons noté que les risques qui anéantissent les entreprises sont, somme toute, plutôt rares et peuvent, de ce fait, être insuffisamment pris en compte. Or, ils n'en continuent pas moins de figurer au registre des risques et dans un format très similaire, année après année. Cependant, en 2020, la pandémie de Covid-19 a clairement démontré combien il est important de comprendre et d'étudier les risques à fort impact, en particulier compte tenu de l'existence d'un lien majeur entre la capacité d'une entreprise à bien les gérer et son (ses) permis d'exploitation. L'expérience de la pandémie a renforcé les attentes des parties prenantes sur la façon dont les entreprises se préparent à affronter les risques à fort impact, les prennent en charge et en assurent le suivi.

Risque n°3 : Productivité et renchérissement des coûts

Ils restent d'actualité à mesure que l'exploitation minière gagne en complexité et que les prix des matières premières sont sous pression en raison des perturbations qui secouent l'offre et des incertitudes économiques actuelles qui pèsent sur la demande. Les répercussions de la Covid-19 ont été mixtes, certaines restrictions imposant de nouveaux coûts imprévus tandis que d'autres mesures ont permis des décloisonnements qui entravaient la productivité. À plus longue échéance, pour s'atteler à ce problème, il faudra effectivement, selon nous, mettre l'accent d'un bout à l'autre sur la question des coûts et de la productivité de la chaîne de valeur.

Les collaborateurs, ainsi que le numérique et les données, nos deuxième et troisième plus grands risques en 2020, figurent toujours dans le top 10 et occupent respectivement les 7e et 9e places du classement actuel. Nous sommes d'avis que leur recul dans le classement montre que les exploitants miniers jugent ces risques comme étant aujourd'hui mieux gérés et, pour certains, c'est le statu quo.

Deux nouveaux risques ont fait leur apparition sur les radars du secteur cette année : les risques géopolitiques et la volatilité :

  1. Risques géopolitiques : Les principaux risques géopolitiques dont l’impact sera important sur le secteur pour les exploitants miniers sont les suivants : le changement du rôle joué par les États-Unis sur l'échiquier mondial, la stabilité de l'Union européenne (UE) et les relations sino-américaines. Cette évolution du paysage géopolitique modifie de nombreuses forces motrices, notamment la demande, pour les sociétés minières et métallurgiques. Une tendance au protectionnisme économique va émerger dans plusieurs pays. Celui-ci visera à favoriser les producteurs nationaux et à s'assurer que les pays hôtes perçoivent en toute équité leur dû de l'exploitation de leurs richesses en ressources naturelles.
  2. Volatilité : La Covid-19 crée d'importantes perturbations de l'offre à court terme et génère des incertitudes autour de la demande. Même si le rebond économique rapide de la Chine a soutenu le niveau de la demande en minerai de fer et que l'or et l'argent conservent leur statut de valeurs refuges, tout nouveau bouleversement pourrait conduire à un brusque revirement de situation. Les exploitants miniers doivent pouvoir prendre des décisions pérennes inscrites sur le long terme car ils doivent arbitrer avec le retour d'une volatilité importante du prix des matières premières, la menace de produits de remplacement et les évolutions de la demande côté client.

La Covid-19 a fait naître un besoin critique du secteur minier et métallurgique à se doter rapidement d'une réponse homogène. Ce faisant, la pandémie a aboli de nombreuses barrières organisationnelles qui existent de longue date, en particulier les cloisonnements inhérents aux sites miniers. Aujourd'hui, de nombreuses sociétés s'emparent de l'occasion d'en faire plus — pour en finir avec les complexités, surmonter les obstacles historiques au changement et accélérer un programme de transformation axée sur la résistance au long cours.

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  • Global mining and metals top 10 business risks and opportunities

Ce qu'il faut retenir

L'incertitude créée par le COVID-19, la volatilité des prix des matières premières et les tensions géopolitiques ont remanié le classement des principaux risques et opportunités des mineurs pour 2021. Le permis d'exploitation, les perturbations, l'environnement, la sécurité et la gouvernance sont autant de questions qui prennent de plus en plus d'importance à mesure que la pandémie fait naître chez les parties prenantes des attentes en matière de responsabilité des entreprises. Ces perturbations créent des opportunités pour le secteur, à savoir faire progresser les changements structurels en cours depuis longtemps et accélérer les projets de transformation qui redessineront le secteur des mines et des métaux.