3 min de temps de lecture 23 mars 2021
Comment faire redécoller le secteur aéronautique après la crise de la COVID-19 ?

Comment faire redécoller le secteur aéronautique après la crise de la COVID-19 ?

Par Jean-Baptiste Bouhier

Associé et Responsable EY Toulouse, Audit France

Mettre à profit 16 ans d’expérience dans l’audit, le conseil et la transaction pour apporter aux clients locaux une expertise internationale et un savoir faire reconnu.

3 min de temps de lecture 23 mars 2021
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Durement touché par la crise économique, le rebond du secteur aéronautique passera par une forte résilience et une capacité de transformation. Découvrez l’avis d’expert de Jean-Baptiste Bouhier. 

Le secteur aéronautique est l’un des secteurs d’activité les plus durement touchés par la crise économique issue de la crise sanitaire COVID-19. Le transport aérien a été dès le début très sévèrement impacté par la propagation de l’épidémie, avec une baisse du trafic estimée à environ -70 % en 2020, conduisant à un affaiblissement de la situation financière des compagnies aériennes, déjà parfois précaire compte tenu des investissements massifs réalisés ces dernières années et de la forte concurrence sur les prix des billets.

Comment le secteur aéronautique a géré la crise de la COVID-19

Le secteur de la construction aéronautique – donneurs d’ordres et sous-traitants –, déjà partiellement mis à mal par la crise du B737 Max, a également été très fortement impacté et présente une production annuelle inférieure d’environ -33 % comparativement à celle de 2019. Il faut bien comprendre que cette industrie est passée extrêmement brutalement d’un contexte de forte croissance, avec des problématiques d’industrialisation et de montées de cadences, à un contexte de crise avec un horizon de reprise incertain et des clients en difficulté souhaitant décaler, voire annuler leurs commandes. 

Pour faire face à l’urgence, les entreprises ont ainsi dû non seulement actionner des leviers internes de réduction des coûts, mais également solliciter des mesures de soutien significatives compte tenu du caractère stratégique voire politique de la filière, notamment en termes de commerce international et d’emploi. 

L’un des grands enjeux de la filière sera d’être résiliente au cours des trois ou quatre prochaines années, tout en préservant sa capacité de rebond pour préparer une reprise d’activité d’ici 2023/2024.

Jean-Baptiste Bouhier

Associate Partner, Assurance, Middle Market, Western Europe & Maghreb, France

 

Dès le début de la crise, l’État français a accordé à Air France son support pour des aides (obtention de PGE et d’avances) pour environ 7 milliards de dollars. Parallèlement, aux États-Unis, l’aide publique attribuée par le Sénat et la Chambre des Représentants aux compagnies aériennes américaines a été fixée à 50 milliards de dollars. Les chiffres sont vertigineux. À elles seules, les compagnies aériennes américaines auraient perdu 35 milliards de dollars en 2020, soit environ 40 % de la perte mondiale estimée.

Concernant l’industrie aéronautique dans son ensemble, les premières actions ont consisté à sécuriser la trésorerie, essentiellement via des PGE ou prêts atouts pour les sous-traitants de rang 1 et 2 du secteur, voire des mesures de portage de stocks de matières premières, et à définir en parallèle une politique de réduction, à court et moyen termes, des capacités de production (APLD, plans de restructuration, PSE, gel des capex).

Résilience et rebond : préparer la sortie de crise

En conséquence, l’un des grands enjeux de la filière sera de s’adapter et d’être résiliente au cours des trois ou quatre prochaines années, tout en préservant sa capacité de rebond, en termes de capacité industrielle et de savoir-faire. L’objectif à moyen terme est de préparer une reprise d’activité d’ici 2023/2024. Des mesures ont été prises en ce sens, pour renforcer la compétitivité de la filière, éviter la rupture d’un maillon stratégique de la chaîne de sous-traitants et soutenir l’innovation et la modernisation des entreprises :

  • Création d’un fonds public d’investissement de 300 millions d’euros (dont 100 millions en 2020) dédié à la modernisation de la filière aéronautique,
  • Création d’un fonds privé d’investissement de 630 millions d’euros géré par ACE Management, filiale du groupe de gestion d’actifs Tikehau Capital. Il aura notamment pour double mission d’éviter la disparition d’entreprises stratégiques et de favoriser les regroupements et les opérations de consolidation.

L’année 2021 sera vraisemblablement une année charnière. D’une part, parce qu’elle devrait voir la reprise du trafic, mais également parce que devrait avoir lieu une profonde réorganisation de la sous-traitance aéronautique, notamment en Europe où il demeurait encore de nombreux acteurs, souvent familiaux, avec un volume d’activité inférieur à 500 millions d’euros.

Si le secteur aéronautique a été l’un des grands traumatisés de la crise, il a également été celui qui a rapidement su y faire face, en prenant des mesures adaptées pour garantir sa pérennité.

Dans une certaine mesure, ce coup de frein brutal a également permis aux acteurs de ce secteur sous tension depuis plusieurs années de redéfinir leur stratégie et d’envisager des possibilités de concentration intrasectorielle ou de diversification. Ou encore de réaliser un travail en profondeur sur les coûts. Après tout, comme le dit Guillaume Faury, le PDG d'Airbus, « Never waste a good crisis ».

Ce qu'il faut retenir

Le secteur aéronautique est l’un des secteurs d’activité les plus durement touchés par la crise économique. Le transport aérien a été dès le début très sévèrement impacté par la propagation de l’épidémie, avec une baisse du trafic estimée à environ -70 % en 2020, conduisant à un affaiblissement de la situation financière des compagnies aériennes. L’année 2021 s’annonce vraisemblablement une année charnière. D’une part, parce qu’elle devrait voir la reprise du trafic, mais également parce que devrait avoir lieu une profonde réorganisation de la sous-traitance aéronautique, notamment en Europe où il demeurait encore de nombreux acteurs, souvent familiaux, avec un volume d’activité inférieur à 500 millions d’euros. 

A propos de cet article

Par Jean-Baptiste Bouhier

Associé et Responsable EY Toulouse, Audit France

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