Pour préserver nos savoir-faire, nos emplois, les entreprises et l’ensemble des parties prenantes doivent anticiper la fin progressive des mesures de soutien.
Guillaume Cornu
Associé, Stratégie et Transactions, Restructuring Leader, Francee.
C’est pour répondre à ces questions qu’EY, premier conseil auprès des dirigeants, des actionnaires et des investisseurs, et AU Group, leader dans la garantie du risque d’impayés, ont uni leurs forces et réalisé cette étude. Fondée sur des données produites par Euler Hermes sur les défaillances d’entreprises françaises en 2020, et éclairée par les visions d’économistes, d’experts sectoriels et d’acteurs de l’écosystème des entreprises en difficulté, elle a pour vocation de croiser les points de vue, confronter les analyses, et surtout partager les expériences et les recommandations.
« Si la France a affiché en 2020 une baisse des défaillances d’entreprises tout aussi forte que paradoxale, cela tient pour l’essentiel à des facteurs exceptionnels et temporaires qui font de 2021 et même 2022 des années à hauts risques pour les défaillances d’entreprises.
Pour préserver nos savoir-faire, nos emplois, les entreprises et l’ensemble des parties prenantes (actionnaires, partenaires bancaires, etc.) doivent anticiper la fin progressive des mesures de soutien.
Quels que soient leur taille et leur secteur d’activités, les entreprises devront être toujours plus compétitives. Aussi doivent-elles se renforcer aujourd’hui pour mieux se battre demain ? À cet égard, la sortie de crise peut nous donner l’occasion d’accélérer la construction d’un Mittelstand souvent rêvé, jamais réalisé, composé d’entreprises ayant la taille critique permettant de recruter, d’innover et d’exporter.
Le nombre de chantiers à lancer en urgence (refonte des business models, optimisations opérationnelles, optimisation de la trésorerie, restructuration de la dette, gestion des ressources humaines, digitalisation…) est élevé.
Tous les scénarios devront être étudiés, que ce soient les procédures amiables (mandat ad hoc ou conciliation) ou les procédures collectives (dont la sauvegarde), qui ne signifient pas la mort de l’entreprise, surtout si elles sont anticipées. Plus tôt les difficultés seront traitées, plus les chances de rebond seront élevées. Les difficultés touchent la majorité des secteurs et de très nombreuses entreprises. Il ne doit donc y avoir aucun déni, ni aucun tabou.
Nous souhaitons que cette étude soit l’occasion pour les dirigeants de prendre du recul. Car dans ce contexte, l’optimisme doit rester le mot d’ordre. Même si chaque jour apporte son lot d’incertitudes et d’inquiétudes, continuons à lutter. Être acteur de son destin, compter sur les efforts collectifs de toutes les parties prenantes constituent probablement les meilleures garanties pour rebondir.
L'accompagnement d'EY
Maîtriser la restructuration et le redressement
La restructuration d’une organisation révèle de nombreux défis qui s’ajoutent aux exigences quotidiennes de la gestion d’une entreprise. Dans des situations difficiles et complexes, nous prenons la direction des opérations pour ce qui a trait à l’exécution et à la transformation du résultat.
Lire plusTop 10 des défaillances d’entreprises en 2020
Le nombre de défaillances (sauvegardes, redressements judiciaires, liquidations) a atteint un point historiquement bas en 2020 (32 184 en 2020, vs. 52 002 en 2019, soit une baisse de 38 %).
Le poids des sauvegardes et redressements judiciaires diminue (passant de 32 % des défaillances en 2019 à 28 % en 2020). Les mesures économiques, en particulier les Prêts garantis par l’État (PGE), ont préservé la trésorerie des entreprises. Parallèlement, les mesures juridiques, notamment le report de la date de cessation des paiements, ont favorisé les procédures amiables, confidentielles, et donc non comptabilisées parmi les défaillances, en particulier la conciliation, au détriment des procédures collectives, et le Redressement judiciaire, qui recule de près de 50 %. Dans ce contexte, les liquidations directes ont représenté près de 3 procédures sur 4 en 2020.
Le dispositif français a démontré une grande efficacité, avec une forte mobilisation des services de l’État pour permettre la mise en œuvre rapide des mesures d’aide : le dispositif a été construit en un weekend, il a nécessité plusieurs ajustements, et les services de Bercy ont su faire évoluer le dispositif et avoir une approche pragmatique.
Le tableau ci-dessous présente les défaillances les plus importantes recensées en 2020 : en Île-de- France d’une part et dans les autres régions françaises (en l’occurrence Hauts-de-France, Auvergne- Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et Provence-Alpes-Côte d’Azur) d’autre part, les deux groupes de régions ainsi formés représentant chacun 2,3 M d€ de chiffre d’affaires. Le secteur du retail est le plus touché, avec 9 défaillances sur les 10 présentées, dont 6 défaillances dans le domaine textile, pour la plupart, des liquidations (La Halle, Naf Naf, Kidiliz).
Le PGE, principal amortisseur des défaillances en 2020
Dans le cadre du plan de sauvetage de l’économie, le ministère des Finances a mis en place le Prêt Garanti par l’État (PGE). Il est sans aucun doute le principal mécanisme ayant permis aux entreprises de traverser la crise du Covid-19 et d’éviter de déposer le bilan pour un problème de trésorerie.
Compte tenu du montant significatif des PGE distribués, ils constituent le premier contributeur de l’accroissement de la trésorerie des sociétés françaises non financières en 2020. « Entre février et septembre 2020, période où 94 % des PGE accordés sur l’année ont été souscrits, elle s’est en effet accrue de 174 Mds€ pour atteindre 870 Mds€ avec pour conséquence une baisse très significative du niveau de défaillances d’entreprise. », estime Vianney Brabant, Directeur Grands Comptes chez AU.
Mécanismes de soutien de l’Etat à l’assurance-crédit
La crise sanitaire que nous subissons a conduit à un ralentissement brutal et global de l’activité, des pans entiers de l’économie française étant affectés. Il est apparu que la solvabilité des entreprises allait considérablement se dégrader et les défaillances atteindre des niveaux jamais enregistrés. Les actions de réduction des encours couverts assumés alors par les assureurs crédit allaient à l’encontre de la volonté gouvernementale de s’appuyer sur le crédit inter-entreprises pour traverser et surmonter la crise.
L’État a mis en place un nouveau dispositif inspiré de ce qui se fait chez nos voisins européens. Ce dispositif est venu compléter les CAP à mi-année. « Le CAP RELAIS. C’est une réassurance donnée par l’État aux assureurs crédits à hauteur de 75 % et ce jusqu’à fin décembre 2020 », partage Pierre-Marie Blanchet, Directeur Associé chez AU Group.
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Ce qu'il faut retenir
L’année 2020 restera une année exceptionnelle tant la crise sanitaire qui a paralysé et qui paralyse encore l’économie mondiale aura été brutale et destructrice. Face à cette situation, les différents gouvernements ont dû faire face à la plus grande récession connue depuis 1929. En France, les mesures financières et juridiques déployées par le gouvernement auront eu pour effet de réduire le nombre de défaillances à un niveau historiquement bas (32 184 en 2020, à comparer à un niveau d’environ 55 000 défaillances annuelles sur les dix dernières années).
Pour autant, cette situation n’est-elle pas artificielle ? Le contrecoup des aides gouvernementales sera-t-il tel que 2021 enregistrera un niveau de défaillances historiquement haut ? C’est pour répondre à ces questions qu’EY et AU Group ont uni leurs forces et réalisé cette étude. Fondée sur des données produites par Euler Hermes sur les défaillances d’entreprises françaises en 2020, et éclairée par les visions d’économistes, d’experts sectoriels et d’acteurs de l’écosystème des entreprises en difficulté, elle a pour vocation de croiser les points de vue, confronter les analyses, et surtout partager les expériences et les recommandations.