4 min de temps de lecture 23 mars 2021
La COVID-19, accélérateur de tendances dans l’hôtellerie et la restauration

La COVID-19, accélérateur de tendances dans l’hôtellerie et la restauration

Par Florence Lafargue-Pautrat

Associée, Strategy & Transactions, Immobilier et tourisme, France

Florence accompagne les acteurs de l’immobilier et du tourisme dans la conduite d’opérations de M&A, de cessions et dans leurs réflexions stratégiques.

4 min de temps de lecture 23 mars 2021

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  • Défaillances 2020 : le reflux avant la vague ?

Frappé pour la première fois par un phénomène de dimension mondiale, la crise de la COVID-19 a accéléré des tendances de fond dans le secteur touristique. Découvrez l’avis d’expert de Florence Lafargue-Pautrat.   

Le secteur du tourisme a déjà été subi des baisses drastiques de fréquentation, notamment lors des crises financières ou à la suite des attentats qui ont frappé la France. Mais c’est la première fois qu’il est frappé par un phénomène aussi soudain et de dimension mondiale.

En France, le tourisme domestique a permis de sauver la saison des destinations estivales, parfois même en surperformant par rapport à 2019 grâce à un phénomène de compensation, après les mois d’immobilité du premier confinement. Mais la seconde vague d’épidémie a assombri le tableau.

Si les mesures d’accompagnement de l’État sont substantielles (PGE représentant jusqu’à trois des meilleurs mois de 2019, compensation à 100 % du chômage partiel, exonérations de charges sociales, fonds de solidarité national alloué pour 0,9 Md d’euros aux hôtels et restaurants, prêts et investissements de BPI France…), le secteur est en souffrance.

La crise de la COVID-19 a impacté petits et grands hôteliers

Le marché a été particulièrement impacté dans les capitales. A Paris, le Revpar (revenu par chambre disponible) était l’été dernier en retrait de 60 % par rapport à 2019. En novembre, 50 % des établissements de la capitale étaient toujours fermés. Les hôtels de luxe sont les plus affectés, avec des taux de remplissage inférieurs à 10 % pour les établissements ouverts. Nombre d’entre eux ont fermé leurs portes, parfois depuis mars (Royal Monceau, Mandarin Oriental…).

Les études prospectives tablent sur une reprise de l’activité vers le milieu de l’année 2021, avec une montée en puissance jusqu’en 2023/2024.
Florence Lafargue-Pautrat
Associée, Strategy & Transactions, Immobilier et tourisme, France

La flexibilité dont ont fait preuve les hôteliers (facilité de réservation et d’annulation, locations de longue durée, offres de co-working…) a permis de limiter les dégâts. Mais, en dépit des mesures d’aides, certains acteurs ne se relèveront pas, sous le poids des charges qui restent à supporter. Les négociations avec les propriétaires des murs et les banques battent leur plein.

La crise touche petits exploitants et acteurs mondiaux. Ainsi, AccorHotels a annoncé début 2021 prévoir de supprimer de 1900 postes (plus de 700 France) et avoir demandé un PGE de 470 M€. AccorInvest, propriétaire exploitant des actifs du groupe, a obtenu un PGE de 500 millions d’euros.

Les études prospectives tablent sur une reprise de l’activité vers le milieu de l’année 2021, tirée par les campagnes de vaccination, avec une montée en puissance jusqu’en 2023/2024. Mais il faut tenir… et les perspectives sont différentes selon les segments :

  • Le tourisme de loisirs devrait être le premier à rebondir, comme en témoigne la très bonne saison domestique de l’été 2020. L’ouverture des frontières devrait encore accélérer le mouvement.
  • En revanche, le tourisme d’affaires risque d’être plus profondément impacté.

L’utilisation massive des outils digitaux va limiter les déplacements et la crise pourra également conduire les entreprises à les réduire. L’hébergement des personnes qui auront quitté les villes sous l’effet du télétravail, mais devront y revenir quelques jours par semaine, sera une opportunité à saisir...

Plus généralement, la COVID-19 agit comme un révélateur d’enjeux clefs pour ce secteur qui reste considéré comme résilient : digitalisation pour une optimisation du parcours client (automatisation des check-in et check-out, utilisation des données et de l’IA pour un personnalisation accrue…), souhait d’un tourisme plus humain (le temps dégagé par l’automatisation étant consacré au service) et durable, flexibilité des offres et des espaces.

La digitalisation est devenue incontournable pour les acteurs de la restauration

Si lors du premier confinement beaucoup d’établissements ont fermé, nombre d’entre eux ont cherché à s’adapter lors du second, notamment en proposant des offres de vente à emporter. Ce phénomène a également été observé chez des acteurs que l’on n’attendait pas, à l’image de la Tour d’Argent, de certains des restaurants d’A. Ducasse et de G. Savoy ou de l’hôtel Prince de Galles.

Mais ce type d’offre ne permet que de survivre et il y aura, comme pour l’hôtellerie, de la casse parmi les établissements les plus fragilisés. La restauration collective a également été frappée et le télétravail continuera à peser sur ce pan du secteur.

Là encore, la COVID-19 est un accélérateur de tendances. Les établissements qui ont initié les offres de livraison ou de « click and collect » sont nombreux à indiquer souhaiter les poursuivre postérieurement aux restrictions liées à l’épidémie. Par ailleurs, la digitalisation est devenue incontournable, les réseaux sociaux, sites et mails étant les principaux vecteurs de communication, donc de survie.

Les dates de réouverture des hôtels et restaurants seront fonction de l’évolution de la pandémie. Par un phénomène de « revenge consumption » identique à celui observé l’été dernier en France et dès la fin de l’épidémie en Chine, le retour des clients ne devrait alors pas se faire attendre.

Ce qu'il faut retenir

Le secteur du tourisme a déjà été subi des baisses drastiques de fréquentation, notamment lors des crises financières ou à la suite des attentats qui ont frappé la France. Mais c’est la première fois qu’il est frappé par un phénomène aussi soudain et de dimension mondiale. Si les mesures d’accompagnement de l’État sont substantielles (PGE représentant jusqu’à trois des meilleurs mois de 2019, compensation à 100 % du chômage partiel, exonérations de charges sociales, fonds de solidarité national alloué pour 0,9 Md d’euros aux hôtels et restaurants, prêts et investissements de BPI France…), le secteur est en souffrance. 

A propos de cet article

Par Florence Lafargue-Pautrat

Associée, Strategy & Transactions, Immobilier et tourisme, France

Florence accompagne les acteurs de l’immobilier et du tourisme dans la conduite d’opérations de M&A, de cessions et dans leurs réflexions stratégiques.