3 minute read 9 Jun 2020
Le Private Equity, bien équipé pour affronter le prochain ralentissement économique

Le Private Equity, bien équipé pour affronter le prochain ralentissement économique

By Laurent Capolaghi

EY Luxembourg Partner, Private Equity Leader

Entrepreneur, passionate and keen to assist our clients navigating the changing landscape of Private Equity.

3 minute read 9 Jun 2020
Related topics Private equity

La dernière décennie a été marquée par une croissance sans précédent de l’industrie du Private Equity. 

Les actifs gérés ont plus que doublé depuis la dernière crise financière mondiale jusqu’à atteindre le montant vertigineux de 3,800 milliards de dollars*.
Au cours de cette période, les fonds établis de longue date ont considérablement augmenté et un large éventail de nouveaux entrants ont rejoint le marché.
Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase économique, une période où les perspectives sont plus incertaines. Le PIB mondial jusque-là robuste vacille. 95% des maisons de Private Equity anticipent une récession pour la fin de l’année 2020**. Le ralentissement aussi bien qu’une certaine instabilité géopolitique risquent de perturber l’économie. Bien que les incertitudes croissent, les acteurs du Private Equity ne restent pas les bras croisés. Ils se préparent à un retournement des marchés depuis plusieurs années, guettant le momentum. La plupart attendent de voir quelle forme prendra la reprise économique et restent confiants dans les enseignements tirés de la dernière crise financière. Pendant la crise, la majorité des maisons de Private Equity n’ont pas saisi les opportunités d’investissement à temps et ont ainsi laissé trop de capital dormant. Le modèle a évolué depuis lors et les maisons de Private Equity sont à présent prêtes à relever les défis d'aujourd'hui sans reproduire les erreurs du passé.

L'industrie dispose d’une réserve massive de capitaux à déployer 

La base d’investisseurs des fonds de Private Equity s’est élargie au cours de la dernière décennie. De nombreux acteurs tels que les fonds de pensions, les compagnies d’assurance et les family offices ont progressivement augmenté leur exposition à la classe d'actifs apportant une part significative de capitaux aux fonds de Private Equity. Ces fonds détiennent aujourd’hui plus de 1,400 milliards de dollars à déployer, et plus de 2,600 milliards de dollars en incluant les fonds de dette privée, d’infrastructure et les fonds immobiliers*. De plus, le potentiel de l’investissement direct et des véhicules de co-investissement échappent aux statistiques. L’investissement alternatif a donc une force de frappe importante qui devrait continuer à se faire entendre même pendant la crise. 

L'industrie s'est diversifiée de manière à accroître sa résilience

La dernière décennie a vu les maisons de Private Equity diversifier de plus en plus l’éventail de leurs stratégies d’investissement. Buyout, Venture Capital, immobilier, infrastructure, fonds sectoriels et dette privée, les grandes maisons de Private Equity touchent maintenant à tout ce qui est « investissable ».
La dette privée en particulier, sous la forme du Direct Lending, de Distressed Debt ou de situations spéciales, est devenue un marché de 800 milliards de dollars et devrait doubler pour atteindre plus de 1400 milliards de dollars d'ici 2023, selon les dernières estimations de Preqin. La demande de crédit privé s'est en effet considérablement accélérée après la crise financière mondiale, les banques ayant temporairement déserté le marché des prêts aux petites et moyennes entreprises. Pour l’investissement alternatif, l'entrée sur ce marché était une avancée naturelle. Aujourd'hui, les gestionnaires de capitaux privés se sont tournés vers le financement de grandes entreprise et d'autres catégories d'actifs plus diversifiés. La dernière récession a montré que le crédit privé s’est révélé particulièrement utile en tant que source de capital contracyclique et un important relai pour les économies. Le prochain ralentissement économique ne devrait pas échapper à cette tendance de fond. 

Les acteurs du Private Equity sont devenus de vrais partenaires dans la gestion des entreprises

Dans un contexte de concurrence accrue où les transactions se sont conclues à des niveaux d’évaluation élevés, les maisons de Private Equity ont appris à étendre leurs critères de sélection et à travailler davantage sur la création de valeur.
Remodeler les sociétés du portefeuille en améliorant continuellement leurs capacités opérationnelles (qu'il s'agisse d'ajouter des partenaires opérationnels, d'améliorer la technologie ou de développer un nouveau secteur ou une expertise) est devenu un impératif. Le Private Equity agit de plus en plus comme un catalyseur opérationnel rassemblant différents partenaires et compétences afin de booster le potentiel des sociétés qu’ils détiennent. Les acteurs de l’alternatif sont devenus des professionnels sectoriels. L’analyse des données et l’utilisation de nouvelles technologies font parties intégrantes de ce processus. Ainsi l’investissement alternatif est bien placé pour tirer parti des opportunités d’investissement qu'offrent les situations d’exclusion de la crise.

Les investisseurs sont devenus plus sophistiqués et ont une meilleure compréhension de l’investissement alternatif

Au cours de la dernière crise, l’évaluation des portefeuilles cotés s’effondrant, certains investisseurs se sont retrouvés mécaniquement surexposés à l’investissement non-coté, les contraignant à sortir des fonds de Private Equity lorsque c’était possible. Aujourd’hui ces investisseurs, qui sont principalement des institutionnels, ont mis en place des mécanismes qui leur donnent une plus grande flexibilité dans l’allocation de leurs actifs en temps de volatilité importante des marchés cotés. Par ailleurs, ces investisseurs ont souvent une meilleure compréhension des stratégies d’investissement alternatif et recherchent le potentiel contracyclique de certaines de ces stratégies. Ayant une plus grande confiance dans les maisons de Private Equity, il est probable que les investisseurs ne cèdent pas immédiatement à la panique lors de la prochaine crise et laissent les fonds alternatifs développer pleinement leurs stratégies.  

* EY report “Why private equity can endure the next downturn”, March 2020
** EY Global Capital Confidence Barometer “How do you find clarity in the midst of a crisis?”, 22nd Edition

 

Summary

L’évolution du Private Equity depuis la dernière crise financière laisse présager que la prochaine crise ne ressemblera à aucune autre. Les fonds de Private Equity ont désormais accès à plus de capitaux, ils ont significativement amélioré leurs capacités opérationnelles pour aider les entreprises à prendre les bonnes décisions et leur expansion dans des classes d'actifs très variées telles que la dette privée, leur donne des possibilités d’investissement presque sans limite. 

About this article

By Laurent Capolaghi

EY Luxembourg Partner, Private Equity Leader

Entrepreneur, passionate and keen to assist our clients navigating the changing landscape of Private Equity.

Related topics Private equity