Vers un verdissement des investissements qualifiants
Depuis le 1er janvier 2025, il existe désormais trois grandes catégories de DPI :
1. La déduction ordinaire ;
2. La déduction thématique majorée ; et
3. La déduction technologique.
Nous nous intéressons ici spécifiquement à la déduction thématique majorée dans la mesure où celle-ci s’applique à des investissements qui servent également les ambitions des entreprises en matière de durabilité. En effet, la DPI majorée thématique vise les investissements dans quatre catégories spécifiques jugées cruciales pour soutenir cette transition :
- dans l’amélioration de l’efficacité énergétique et la production d’énergies renouvelables (ex : isolation du bâtiment, pompe à chaleur) ;
- dans des moyens de transport sans émission carbone (ex : acquisition de véhicules de transport de marchandises à émission nulle, installation de vestiaires ou commodités sanitaires à disposition des membres du personnel utilisant des vélos) ;
- respectueux de l’environnement (ex : dispositifs d’économie d’eau, équipement pour la préparation, le tri ou le démontage en vue du remploi ou du recyclage) ;
- dans le soutien numérique lié aux trois catégories précédentes.
Cette déduction thématique majorée permet ainsi de déduire 30% (ou 40% pour les PME) de la valeur d’investissement dans les actifs éligibles présentés ci-dessus.
Pour chacune de ces catégories, le gouvernement a annexé à l’Arrêté Royal portant exécution de la mesure des listes précises explicitant les investissements éligibles à la déduction thématique majorée ainsi que les conditions supplémentaires spécifiques liées à ces catégories / investissements. Pour certains investissements, ces conditions spécifient les activités que les entreprises doivent mettre en œuvre afin de bénéficier de la déductibilité, telles que l'inclusion dans un audit énergétique préalable.
En outre, il est important de préciser que l’application de la DPI majorée thématique est également conditionnée à l’obtention d’une attestation délivrée, selon les cas, par la Région compétente ou le ministre fédéral compétent, attestation visant à confirmer l'éligibilité de l'investissement à la DPI. Cette attestation doit être demandée dans les trois mois qui suivent le dernier jour de l’année comptable au cours de laquelle les immobilisations ont été acquises ou constituées. Ainsi, pour un investissement réalisé au cours d’un exercice comptable se clôturant au 31 décembre 2025, le contribuable devra effectuer cette demande d’attestation pour le 31 mars 2026 au plus tard. Par ailleurs, l’attestation reçue de l’autorité administrative devra quant à elle être annexée à la déclaration fiscale de la société souhaitant appliquer la DPI.
Comment les incitations fiscales renforcent-elles l'action durable des entreprises : un exemple concret
Dans un contexte où les entreprises sont amenées à définir de plus en plus des objectifs ambitieux, basés sur la science, notamment pour les émissions de gaz à effet de serre (SBTi), prenons l’exemple d’une grande société qui souhaite réduire ses émissions de CO2 et réaliser les objectifs qu’elle a définis dans une feuille de route de décarbonation. Une des options mise en évidence par la feuille de route et l’audit énergétique requis est l’acquisition de pompes à chaleur en janvier 2025, dans laquelle elle décide d’investir 100.000€. Selon le décret royal, ces pompes à chaleur sont éligibles à la déduction thématique majorée, à condition qu'elles répondent aux critères spécifiques pour ce type d'investissement.
En conséquence, si cette société demande et obtient, pour cet investissement spécifique, la délivrance d’une attestation auprès de l’autorité administrative compétente dans les délais, elle pourra bénéficier d’une DPI d’un montant de 30.000€ (= 30% du montant de l’investissement réalisé) sur sa base imposable dans sa déclaration à l’impôt des sociétés relative à l’exercice d’imposition 2026 (année de revenus 2025) ce qui correspond à une économie d’impôt de 7.500 EUR (30.000 EUR x 25% (taux d’impôt des sociétés)). Cela démontre l'incitatif financier significatif offert par le régime pour les investissements durables éligibles.
Grâce à l’identification de cet investissement et une bonne compréhension des conditions spécifiques pour l’obtention de la déduction, cette grande entreprise est à présent à même de progresser dans ses ambitions stratégiques de durabilité, tout en décarbonant ses opérations grâce aux pompes à chaleur et peut désormais refléter cette marge de progression dans ses obligations de reporting, au travers de, par exemple le standard changement climatique (E1) de la CSRD ou l’activité CCM 4.16 Installation et exploitation de pompes à chaleur électriques du Règlement délégué de la Commission Européenne sous la Taxonomie de l’UE.
Conclusion
La déduction pour investissement représente une véritable opportunité pour les sociétés de réduire, via la fiscalité, le coût net des investissements durables qualifiants. Une analyse minutieuse des caractéristiques des investissements qualifiant, à la fois quant aux critères fiscaux et ceux liés à la CSRD ou au VSME et à la Taxonomie, ainsi que l’accomplissement de quelques formalités, permet de s’assurer de ne pas manquer cette opportunité. Cette même opportunité promet en outre d’être (elle aussi) durable dans la mesure où, après une refonte du régime pour 2025, favorable au contribuable, la réforme fiscale qui s’annonce pour 2026 et ensuite, nous promet le maintien et la simplification du régime ainsi qu’une augmentation des taux de déduction jusqu’à 40 % de la valeur des investissements qualifiants.