Communiqué de presse
19 déc. 2024  | Zurich, CH

Le manque de compétences et la faible préparation réglementaire freinent l’introduction de l’IA chez les prestataires de services financiers

Personne-ressource auprès des médias

  • La majorité (EUR : 90 %, CH : 92 %) des dirigeants interrogés en Europe ont intégré l’IA dans leurs processus opérationnels, mais, pour la plupart, à un stade encore précoce. Environ une entreprise suisse et européenne interrogée sur dix (8 %) n’a pas du tout intégré l’IA.
  • Plus des deux tiers des dirigeants européens (EUR : 72 %, CH : 67 %) prévoient d’augmenter leurs investissements annuels dans l’IA générative (GenAI).
  • Seul un dirigeant sur dix environ en Europe (EUR : 11 %, CH : 8 %) indique que son entreprise est préparée aux réglementations à venir, y compris à la loi européenne sur l’IA.
  • La majorité (EUR : 78 %, CH : 75 %) des dirigeants estiment que leur personnel ne dispose pas des compétences suffisantes pour mettre en œuvre des applications de GenAI.

Zurich, le 19 décembre 2024 - Les dirigeants du secteur européen des services financiers ont déjà intégré l’intelligence artificielle (IA) et l’intelligence artificielle générative (GenAI) dans leurs processus opérationnels, jusqu’à présent surtout pour réaliser des gains de productivité et d’efficacité. C’est ce qui ressort d’une enquête sur l’IA dans le secteur financier européen réalisée par le cabinet d’audit et de conseil EY. Cependant, seules 9 % des personnes interrogées en Europe (CH : 13 %) se considèrent comme des leaders dans ce domaine. Bien que les dirigeants nourrissent des ambitions élevées pour que leurs activités soient davantage basées sur l’IA et que 28 % d’entre eux (CH : 21 %) indiquent avoir accéléré son introduction l’année dernière, la plupart des entreprises en sont encore à des phases précoces et expérimentales, surtout en ce qui concerne l’intelligence artificielle générative.

Les nouvelles données de l’enquête, qui reflètent les opinions des dirigeants de plus de 100 entreprises européennes de services financiers, dont une vingtaine en Suisse, avec une capitalisation boursière totale d’environ 880 milliards d’euros, montrent que seules 31 % (CH : 30 %) des entreprises pensent être sur la bonne voie en ce qui concerne l’intégration de l’IA. Parmi les dirigeants, 11 % (CH : 8 %) seulement indiquent que leur entreprise est préparée aux réglementations à venir en matière d’IA. Bien que 78 % des personnes interrogées en Europe (CH : 75 %) reconnaissent que leur personnel n’a qu’une expérience limitée, voire inexistante, des dernières technologies en matière de GenAI, seules 25 % (CH : 17 %) ont mis en place de nouveaux programmes de formation et de perfectionnement. 60 % (CH : 63 %) en sont encore à la phase de planification.

Roger Spichiger, AI Leader Financial Services chez EY Suisse, déclare à propos de l’enquête : « L’IA générative (GenAI) reste un thème central dans l’agenda des dirigeants du secteur des services financiers et promet à moyen terme, outre des gains de productivité, l’exploitation de nouveaux potentiels de croissance. Il ne fait aucun doute que l’utilisation de l’IA – et de plus en plus, de la GenAI – est révolutionnaire. Toutefois, la mise en œuvre et surtout la mise à l’échelle d’une technologie qui évolue rapidement est complexe et exigeante, notamment en raison d’une faible appétence pour le risque et de la pénurie de compétences en interne. Alors que certaines entreprises ont accompli de grands progrès dans l’introduction de l’IA et voient en elle de réels avantages, beaucoup peinent encore à suivre le rythme. »

L’IA pourrait avoir un impact sur jusqu’à un tiers des emplois financiers en Europe

La majorité (EUR : 66 %, CH : 79 %) des dirigeants interrogés pensent qu’au cours de l’année à venir, un quart des postes actuels du secteur européen des services financiers pourraient être concernés par l’intégration progressive de l’IA. 93 % (CH : 100 %) des dirigeants indiquent que 10 % des rôles pourraient devenir superflus. Pourtant, un quart seulement (EUR : 25 %, CH : 17 %) des entreprises interrogées en Europe ont un programme de formation établi. 43 % (CH : 46 %) se trouvent encore dans la phase initiale de planification et 29 % (CH : 38 %) confirment qu’elles n’ont actuellement aucun programme de formation. 

Les postes entrants pourraient être plus particulièrement concernés : 59 % (CH : 63 %) des dirigeants supposent que les technologies d’IA auront un impact significatif, voire transformateur, sur les attributions et les rôles des nouveaux membres du personnel. Malgré cette estimation, seuls 24 % (CH : 13 %) des dirigeants prévoient de réorganiser les postes entrants et leurs responsabilités, et 25 % (CH : 17 %) seulement d’entre eux ont l’intention d’intégrer des formations en IA dans leurs programmes pour diplômés universitaires. 35 % (CH : 25 %) des personnes interrogées indiquent n’avoir pris aucune mesure jusqu’à présent pour compenser l’impact potentiel de l’intégration de l’IA sur le jeune personnel.

Domaines d’activité où l’IA et des investissements sont nécessaires

Le domaine d’activité qui a le plus besoin de talents en IA est la science des données et l’innovation (EUR : 54 %, CH : 63 %). En deuxième position, les sondés européens placent les opérations de back-office (46 %), suivies par les technologies de l’information (40 %). En Suisse, les technologies de l’information arrivent en deuxième position (54%), suivies du domaine « Legal risk & Compliance » (46 %).

Lorsqu’on interroge les entreprises sur les principales qualités qu’elles recherchent lorsqu’elles recrutent de jeunes talents pour une main-d’œuvre assistée par l’IA, les trois attributs suivants ressortent le plus souvent dans le secteur européen et suisse des services financiers : la capacité d’adaptation (EUR : 77 %, CH : 83 %), un mode de pensée innovant et ouvert aux expériences (EUR : 70 %, CH : 63 %) et la faculté de collaborer et travailler en dehors de son propre domaine (EUR : 44 %, CH : 54 %). Cette année, le savoir-faire technique (EUR : 34 %, CH : 38 %) ne fait plus partie des principales priorités.

Les données du sondage confirment en outre que les investissements dans la
GenAI continuent de jouer un rôle majeur pour les entreprises financières européennes. 72 % (CH : 67 %) des dirigeants prévoient d’augmenter leurs dépenses au cours des six à douze prochains mois.

Les connaissances en matière de GenAI et les futures réglementations constituent les plus grands défis

En matière de GenAI, les deux principales préoccupations des dirigeants concernant l’intégration de la technologie restent les mêmes que l’an dernier : les dirigeants financiers européens citent une compréhension limitée et un manque d’expérience avec les applications de GenAI ainsi que leur impact sur le personnel comme les plus grand défis (EUR : 56 %, CH : 58 %). L’incertitude quant aux conséquences réglementaires actuelles et futures arrive en deuxième position, avec 38 % (CH : 33 %). En Suisse, les coûts de mise en œuvre et les exigences en matière de cadre de contrôle ainsi que la modernisation des anciens systèmes se partagent le deuxième rang avec 33 %. Pour toutes les personnes interrogées, la troisième place est occupée par la vitesse du développement de la GenAI par rapport à leur propre rythme d’intégration de la technologie dans l’entreprise (EUR : 35 %, CH : 25 %).

S’agissant du paysage plus large de l’IA, seuls 11 % (CH : 8 %) des dirigeants indiquent que leur entreprise est entièrement préparée aux réglementations à venir. 70 % (CH : 71 %) déclarent qu’elle n’est que partiellement prête ou préparée de manière limitée.

L’importance de l’éthique dans l’intégration de la GenAI

En ce qui concerne l’IA générative (GenAI), les dirigeants continuent d’être préoccupés par les questions éthiques. La principale préoccupation lors de l’introduction de la GenAI en 2024 est la qualité des résultats (EUR : 56 %, CH : 63 %), suivie par la transparence et la traçabilité (EUR et CH : 54 %), la protection des données (EUR : 53 %, CH : 42 %, quatrième place) et le risque potentiel de discrimination, de partialité et de manque d’équité (47 %). En Suisse, ce point occupe la troisième place, avec 50 %.

Pour faire face aux éventuelles implications éthiques liées à l’intégration de la GenAI, 14 % (CH : 8 %) des personnes interrogées indiquent avoir déjà mis en place une réglementation complète sur l’éthique en matière d’IA, tandis que 31 % (CH : 25 %) se trouvent dans la phase initiale de développement. Un quart (EUR : 25 %, CH : 17 %) des personnes interrogées déclarent cependant que leur entreprise n’a pas encore élaboré de règles d’éthique pour l’IA, mais qu’elle va commencer à le faire, et 24 % (CH : 38 %) n’ont aucun projet en ce sens.

Conclusion de l'enquête dans le contexte des évolutions réglementaires les plus récentes

Contrairement à l'UE, il n'existe actuellement aucune législation spécifique à l'IA en Suisse. Dans sa dernière communication prudentielle du 18 décembre 2024, « Gouvernance et gestion des risques liés à l'utilisation de l'intelligence artificielle 08/2024 », la FINMA a toutefois clairement exprimé son attente que les assujettis qui utilisent l'IA se penchent activement sur les effets de cette utilisation sur leur profil de risque et adaptent en conséquence leur gouvernance, leur gestion des risques et leurs systèmes de contrôle. Ce que la FINMA met particulièrement en avant dans ce contexte, c'est la séparation claire entre le développement d'applications d'IA et le contrôle indépendant.

Roger Spichiger d’EY Suisse conclut : « Nous devons, également au regard du communiqué de surveillance de la FINMA, désormais accorder suffisamment d’importance au développement des compétences en IA qui seront nécessaires à l’avenir. Il faut une base solide qui tienne compte des risques et des exigences réglementaires, tout en laissant suffisamment d’espace pour essayer de nouvelles choses, acquérir de précieuses expériences et développer les compétences nécessaires. Il est essentiel que les entreprises ne se reposent pas sur le statu quo, mais s’intéressent davantage à l’IA et à la GenAI dès maintenant pour ne pas rater le coche. »

Pour de plus amples informations, veuillez contacter daniele.mueller@ch.ey.com.

A propos de l’organisation mondiale EY

L’organisation mondiale EY est un leader dans le domaine des services de l’audit, de la fiscalité, des transactions et du conseil. Nous utilisons notre expérience, nos connaissances et nos services afin de contribuer à créer un lien de confiance au sein des marchés financiers et des économies à travers le monde. Nous possédons les meilleurs atouts pour cette tâche — d’excellentes prestations d’audit et de conseil, des équipes remarquables et un service qui dépasse les attentes de nos clients. Building a better working world: notre mission globale est d’encourager l’innovation et de faire la différence — pour nos collaborateurs, pour nos clients et pour la société dans laquelle nous vivons.

L’organisation mondiale EY désigne toutes les sociétés membres d’Ernst & Young Global Limited (EYG). Chacune des sociétés membres d’EYG est une entité juridique distincte et indépendante, et ne peut être tenue responsable des actes ou omissions des autres entités. Ernst & Young Global Limited, société britannique à responsabilité limitée par garantie, ne fournit pas de prestations aux clients. Pour Savoir comment EY collecte et exploite les données personnelles et avoir une description des droits de la personne conformément à la loi sur la protection des données, rendez-vous sur ey.com/privacy. Vous trouverez de plus amples informations sur notre organisation sur ey.com.

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À propos de l’enquête

L’enquête EY European Financial Services AI a recueilli en octobre 2024 les opinions de 116 dirigeants du secteur des services financiers (auprès de 106 entreprises privées et cotées en bourse, avec une capitalisation boursière agrégée de près de 880 milliards d’euros) dans toute l’Europe. En Suisse, 24 dirigeants ont été interrogés. L’objectif était d’évaluer l’impact potentiel de l’intégration de l’IA et de l’IA générative (GenAI) sur la productivité, les talents, les compétences, l’allocation du capital et la gestion des risques.