EY désigne l'organisation globale et peut faire référence à l'un ou plusieurs des membres d'Ernst & Young Global Limited, dont chacun est une entité juridique distincte. Ernst & Young Limited est une société suisse, avec un siège en Suisse, qui fournit des services à des clients en Suisse.
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Although crisis and unwelcome change are never desirable, they can create space for new opportunities. When the answer is unknown and the situation painful or uncomfortable, there is a new stimulus for change and greater latitude for innovation and new problem-solving approaches.
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En ces temps incertains, on constate donc en Suisse une évolution contraire à celle observée en Europe, où 5383 projets d’investissement étrangers ont été annoncés l’an dernier, soit un recul de 5 %. Cependant, tout n’est pas rose en Suisse, comme le montre le domaine des fusions et acquisitions.
En effet, l’incertitude géopolitique se reflète depuis longtemps dans la pratique des fusions et acquisitions. Les entreprises fortement orientées vers l’Europe, en particulier, font actuellement preuve de beaucoup plus de retenue en ce qui concerne leurs plans d’expansion transfrontaliers. Les transactions en lien avec les États-Unis sont également passées à la loupe, par exemple lors de l’évaluation des entreprises américaines cibles. Pour ce pays, les prix tiennent de plus en plus compte de l’incertitude liée aux futurs cadres de la politique commerciale.
La tendance est clairement à une différenciation accrue des risques. Voilà bien longtemps que la volatilité politique ne joue plus un rôle mineur mais est devenue un facteur important dans la prise de décision stratégique des entreprises. Cela ne concerne pas seulement les questions d’évaluation, mais aussi de plus en plus le timing et le nombre de transactions.
Toutefois, un changement fondamental de stratégie ne semble pas se profiler. Le marché ne réagit pas en temps réel, de telles évolutions prennent du temps. Notons que les transactions en Europe sont actuellement moins complexes. Les destinations européennes ont donc tendance à être privilégiées, notamment d’un point de vue réglementaire. L’activité reste élevée dans des secteurs tels que l’immobilier, tandis que certaines transactions sont reportées dans d’autres domaines, comme le segment du private equity.
Le marché ne s’est pas encore fondamentalement réorienté, mais de premiers indicateurs montrent que la proximité et la stabilité réglementaire jouent à nouveau un rôle plus important dans les décisions d’investissement.
À cela s’ajoutent d’autres facteurs. Il est plus compliqué d’obtenir des évaluations fiables du fait de la situation géopolitique, notamment des tensions en matière de politique commerciale. Dans certains secteurs, il est difficile de prévoir quel cadre douanier ou réglementaire s’appliquera à moyen terme, ce qui rend les conclusions de contrats beaucoup plus complexes. De plus, la Suisse est un marché stable, mais elle n’est pas à l’abri des turbulences mondiales. Compte tenu des fortes interdépendances internationales, notamment pour les PME exportatrices, l’exposition de nombreuses entreprises est largement diversifiée. Les entreprises qui ont des marchés importants aux États-Unis sont actuellement confrontées à des défis structurels susceptibles de freiner l’intérêt des investisseurs. L’attractivité fondamentale du marché suisse reste inchangée, notamment grâce à son savoir-faire, sa force d’innovation et sa sécurité juridique. Mais face à la situation actuelle, de nombreux investisseurs sont plus réservés.
Perspectives : le site suisse reste solide pour les fusions et acquisitions, mais n’exploite pas pleinement son potentiel
La force structurelle de la Suisse est incontestable, comme le montrent aussi les comparaisons internationales. Toutefois, ce pays est étroitement lié aux marchés mondiaux des capitaux et des fusions et acquisitions. S’ils sont en essor, le marché suisse en profite aussi, et s’ils stagnent, il le ressent rapidement. Du fait de la petite taille du marché, certains grands projets entraînent régulièrement des écarts statistiques. Déjà avant les récentes tensions géopolitiques, en particulier les frictions transatlantiques, le volume des fusions et acquisitions s’était stabilisé à un faible niveau.
Actuellement, le marché est dominé par des mouvements cycliques, qui sont freinés et déterminés par l’incertitude géopolitique. La dynamique de base du marché reste intacte, mais elle est actuellement freinée par une sorte d’immobilisme stratégique.
Cependant, il y a aussi des signes positifs : malgré les incertitudes, selon CEO Pulse d’EY, près de la moitié des CEO suisses (46 %) prévoient de procéder à au moins une fusion ou une acquisition au cours des 12 prochains mois.
Risques géopolitiques au niveau du CA : recommandations d’action en période d’incertitude
Dans un ordre mondial de plus en plus instable, les évolutions géopolitiques ne sont plus un sujet marginal, mais un pilier de la gestion stratégique des entreprises. Cela signifie que les conseils d’administration doivent se pencher davantage sur les risques géopolitiques, à la fois de manière préventive et réactive. Il en résulte plusieurs champs d’action qui devraient être pris en compte dans le travail des comités.
Il s’agit tout d’abord de s’assurer que l’entreprise a mis en place un système d’alerte géopolitique structuré. Les scénarios géopolitiques et leurs répercussions sur l’entreprise ainsi que les échanges étroits avec le management et la remise en question critique des décisions y occupent une place centrale. Le dialogue avec les parties prenantes internes et externes, des briefings réguliers par des experts externes ou des conseils spécialisés permettent de classer plus facilement les évolutions actuelles et de comprendre leurs répercussions potentielles sur l’entreprise. Pour professionnaliser davantage ces efforts, un conseil géopolitique externe ou un Advisory Board peut être envisagé. Dans le contexte actuel, la géopolitique est une priorité pour tout conseil d’administration d’une entreprise opérant à l’international. Le conseil d’administration partage la responsabilité d’identifier les risques à un stade précoce et de prendre des décisions judicieuses sur le plan stratégique.