- En Suisse, 70 % des entreprises ont interrompu ou reporté leurs investissements en raison des incertitudes géopolitiques et commerciales.
- Pourtant, en 2024, le nombre de projets d’investissement annoncés par des entreprises étrangères en Suisse a augmenté de près de 25 % ; et les investissements en provenance des États-Unis ont même progressé de 69 % par rapport à l’année précédente.
- Les conditions-cadres stables et les avantages proposés par la Suisse, comme sa sécurité juridique et sa force d’innovation, gagnent en importance.
Zurich, le 26 août 2025 - Dans un contexte international de plus en plus incertain, les entreprises suisses sont confrontées à des risques croissants. Les tensions géopolitiques, les mesures protectionnistes et les réformes fiscales freinent les investissements et compliquent les décisions stratégiques. Une analyse récente d’EY le montre : en Suisse, 70 % des entreprises ont interrompu ou reporté leurs investissements en raison des incertitudes géopolitiques et commerciales.
Les récentes mesures tarifaires imposées par les États-Unis, avec des droits de douane pouvant atteindre 39 % sur les exportations suisses, pèsent particulièrement dans la balance. Pour les entreprises ayant d’importants débouchés aux États-Unis, cette situation génère des défis structurels, notamment parce qu’il est difficile d’adapter rapidement des chaînes d’approvisionnement ramifiées dans le monde entier.
« Les droits de douane imposés par Washington ne sont qu’un exemple de l’impact direct des tensions géopolitiques sur la réalité stratégique des entreprises suisses », explique Daniel Gentsch, président du conseil d’administration de la société d’audit et de conseil EY Suisse. « Dans un environnement de marché très interconnecté, il est essentiel de créer des structures résilientes, d’élaborer des scénarios et d’orienter les options stratégiques de manière flexible en fonction de l’évolution des conditions-cadres géopolitiques. »
Dans le domaine des fusions et acquisitions, l’incertitude géopolitique se répercute également sur le comportement des entreprises. Alors que près de la moitié des entreprises suisses (46 %) prévoient une fusion ou un rachat dans les 12 prochains mois, cette instabilité entraîne une différenciation plus marquée des risques, en particulier pour les transactions ayant un lien avec les États-Unis. Les incertitudes en matière d’évaluation, les prescriptions réglementaires et les taxes douanières potentielles comptent désormais bien plus dans les processus décisionnels.
Dans le même temps, la Suisse reste prisée par les investisseurs internationaux. En 2024, le nombre de projets d’investissement annoncés par des entreprises étrangères a augmenté de près de 25 % ; et les investissements en provenance des États-Unis ont même progressé de 69 % par rapport à l’année précédente. Ce succès montre que des conditions-cadres stables et des avantages comme la sécurité juridique et la force d’innovation jouent un rôle, même en période de turbulences géopolitiques.
EY recommande aux entreprises d’intégrer systématiquement les risques géopolitiques dans leur planification stratégique, d’intensifier le dialogue avec le monde politique et l’administration ainsi que de mettre en place des structures flexibles pouvant être adaptées rapidement à des conditions-cadres changeantes.
« La Suisse doit développer de manière ciblée ses atouts bien connus, parmi lesquels le système juridique libéral et fiable, la liberté économique et la protection de la propriété intellectuelle », précise Daniel Gentsch. « Une sortie précipitée des systèmes réglementaires internationaux ou des contre-mesures prises en réaction feraient à long terme plus de mal que de bien. »