- Après un bon début d’année 2025, l’économie suisse connaît un ralentissement significatif.
- Pour 2026, même dans le cadre du nouvel accord commercial, on s’attend à une croissance du PIB inférieure de 0,9 % à celle prévue dans un scénario sans droits de douane additionnels.
- Les effets négatifs des droits de douane sur l’économie suisse ne seront toutefois que temporaires, alors qu’on prévoit un impact négatif à long terme d’environ 0,4 % pour les États-Unis.
Zurich, le 18 décembre 2025 - Les nouvelles perspectives économiques mondiales du cabinet d’audit et de conseil EY montrent que l’économie suisse a connu un ralentissement significatif au cours de l’année 2025. Après un premier trimestre vigoureux marqué par une croissance de 2,3 % par rapport à l’année précédente, principalement imputable à l’anticipation des exportations vers les États-Unis, la dynamique est retombée à 1,5 % au deuxième trimestre et à 0,6 % au troisième. Ce net ralentissement s’explique par la fin du frontloading, par des effets de base défavorables liés aux grands événements sportifs de l’année passée et par la hausse des droits de douane américains.
Les droits de douane restent élevés même après le nouvel accord commercial
Les États-Unis prélevaient un droit de douane nominal de 39 % sur une sélection de produits d’exportation suisses. En raison d’exceptions sectorielles, le droit de douane effectif sur les exportations vers les États-Unis était toutefois d’environ 13 %. Conformément à la déclaration d’intention entre la Suisse et les États-Unis du 14 novembre 2025, un plafonnement des tarifs de 15 % s’applique depuis à la plupart des secteurs exportateurs. Toutefois, comme seulement 30 % des exportations suisses étaient concernées par le taux nominal de 39 %, l’effet d’allègement direct est limité. Pour les industries concernées, cet allègement pour les exportations vers les États-Unis est néanmoins existentiel.
Une grande incertitude subsiste cependant en ce qui concerne les droits de douane américains sectoriels. En particulier, l’éventuelle introduction de droits de douane sur les produits pharmaceutiques à partir du premier trimestre 2026 constitue un risque majeur, car ces derniers représentent environ la moitié des exportations suisses vers les États-Unis.
Le nouvel accord commercial ne réduit que partiellement l’impact économique des droits de douane. Malgré l’accord, EY s’attend à ce que la croissance du PIB en 2026 soit inférieure d’environ 0,9 point de pourcentage à celle d’un scénario sans droits de douane additionnels. En l’absence d’accord commercial, l’impact prévu aurait été plus élevé d’environ un quart, avec 1,2 point de pourcentage.
En conséquence, EY table sur une croissance modérée du PIB d’environ 0,6 % en 2026, après une croissance attendue de 1,2 % en 2025. À partir de 2027, la croissance économique devrait rebondir avec une prévision d’environ 1,5 %, portée par une reprise dans la zone euro, une stabilisation de la demande mondiale et des conditions de financement plus favorables.
« Les prévisions actuelles indiquent une nette évolution de la conjoncture. Les fluctuations observées au cours de l’année illustrent la rapidité avec laquelle les facteurs extérieurs se répercutent sur le PIB suisse », déclare Daniel Gentsch, président du conseil d’administration d’EY Suisse. « Pour 2026, nous prévoyons une phase au cours de laquelle les effets des droits de douane seront clairement perceptibles avant que la situation ne se stabilise progressivement. »
Faiblesse du marché du travail et de l’inflation
Le marché du travail suisse montre déjà des signes d’affaiblissement. Au premier semestre 2025, la croissance de l’emploi a été de 0,6 à 0,7 %, tandis que le taux de chômage enregistré augmente légèrement depuis fin 2023. Les enquêtes menées auprès des entreprises révèlent une nouvelle détérioration de la dynamique de l’emploi. L’évolution des salaires reste également modérée. Leur augmentation est actuellement inférieure à 1 %. Une hausse d’environ 1,4 % est attendue pour 2026, lorsque la situation économique se sera stabilisée.
L’inflation des prix à la consommation est actuellement de 0 %, soit la limite inférieure de la fourchette cible de la Banque nationale suisse (BNS). La baisse des prix de l’énergie, la force du franc et la faiblesse de la demande freinent fortement l’évolution des prix.
La BNS a abaissé son taux directeur à 0 % en juin 2025 et ne l’a pas changé depuis. Si le franc continue de s’apprécier ou si le taux d’inflation baisse à nouveau, EY n’exclut pas des taux d’intérêt négatifs à court terme. Une hausse des taux d’intérêt n’est attendue qu’en 2027 ou 2028, dès que l’inflation dépassera de nouveau 1 % et que la reprise conjoncturelle sera effective.
Perspectives : pic de l’impact des droits de douane en 2026 avant une amélioration
EY estime que l’impact économique des droits de douane américains atteindra son pic en 2026. Les éventuels droits de douane sectoriels additionnels sur les produits pharmaceutiques devraient notamment continuer à freiner la croissance. Une reprise progressive est attendue à partir de 2027, soutenue par une conjoncture plus solide dans la zone euro, une demande mondiale plus stable et des taux d’intérêt plus favorables. Malgré les incertitudes actuelles, les conditions structurelles de l’économie suisse restent solides. Ce seront les droits de douane effectifs et non les taux nominaux fixés qui seront décisifs pour la suite.