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Baromètre des banques 2025 – Équilibre

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Malgré des marges en baisse et des défis croissants, la plupart des banques suisses restent optimistes sur la croissance future, selon le Baromètre des banques EY 2025.

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En bref :

  • Les banques suisses restent optimistes sur la croissance à long terme, malgré les défis liés aux marges d’intérêt en baisse et aux réglementations plus strictes.
  • La rentabilité, l’intégration de l’IA et la conformité avec les standards de durabilité sont les clés de l’adaptation des banques à une dynamique de marché changeante.
  • La stabilité de l’immobilier et les faibles correctifs de valeur renforcent la confiance, même si les obstacles macroéconomiques et le risque des prêts aux PME requièrent de la vigilance.

Les résultats du Baromètre des banques EY 2025 reflètent un optimisme prudent de la part des banques suisses. Si elles peuvent se réjouir d’un nouvel exercice financier réussi, elles sont moins confiantes dans l’avenir proche qu’elles ne l’étaient il y a un an. De nouveaux équilibres se dessinent dans le secteur bancaire en Suisse, pas seulement du fait de la reprise de Credit Suisse.

Pour les banques suisses, les thèmes-clés des années à venir seront l’optimisation de leurs propres résultats face à la baisse des taux d’intérêt, le durcissement des réglementations et la bonne manière d’aborder l’intelligence artificielle et les questions de durabilité.

Trouver la balance entre croissance et rentabilité

Les résultats records observés pendant le « boom des taux d’intérêt » de 2023 ne se reproduiront pas suite aux baisses de  taux opérées par la Banque nationale suisse (BNS) en 2024. Près de 39 % des banques anticipent désormais une diminution de leurs bénéfices pour 2024, et 40 % d’entre elles s’attendent à une poursuite de ce recul à moyen terme. Malgré cela, l’optimisme reste de mise, 85 % des banques prévoyant une croissance des revenus à long terme.

Les années de taux d’intérêt négatifs (2014–2021) ont entraîné une augmentation des volumes de prêts et un gonflement des bilans, en particulier dans les banques de détail. Toutefois, ces bilans plus importants limitent désormais la poursuite de la croissance. Pour rester performantes, les banques devront trouver dans les années à venir la bonne balance entre croissance et maîtrise des coûts. En conséquence, 39 % d’entre elles déclarent que la réduction des coûts et les gains d’efficacité sont leurs priorités pour le prochain exercice financier.

La forte croissance du bilan des dernières années est de plus en plus un facteur limitant. Les banques deviendront encore plus sélectives dans leurs activités de financement et devront immobiliser les fonds de dépôts à plus long terme.

Le retour de l’érosion des marges

Après un bref répit, le secteur bancaire suisse est de nouveau confronté à une baisse des marges d’intérêt. La majorité (74 %) des banques s’attend à une réduction des marges au cours des deux prochaines années, principalement en raison de l’augmentation des coûts de refinancement. Toutefois, seules 10 % d’entre elles prévoient un retour aux faibles marges observées à l’époque des taux d’intérêt négatifs.

Les conséquences de la chute de Credit Suisse ont fondamentalement changé le paysage, en particulier dans le domaine des prêts aux entreprises. Alors que deux tiers des banques font état d’une hausse de la demande de financement des entreprises, seules 49 % d’entre elles la convertissent en marges plus élevées. Pour contrer l’érosion continue des marges, les banques se concentrent sur l’amélioration de l’expérience client et sur la systématisation de l’acquisition des clients.

Prévisions de correctifs de valeur à un niveau historiquement bas

La stabilisation du marché immobilier est l’une des conséquences positives de la baisse des taux d’intérêt. L’évaluation des biens immobiliers, dont le financement représente 77 % du portefeuille de prêts des banques suisses, continue d’augmenter, ce qui réduit l’exposition au risque. Par conséquent, seules 7 % des banques s’attendent à une augmentation des correctifs de valeur sur les portefeuilles hypothécaires, soit le niveau le plus bas depuis la création du Baromètre des banques en 2010.

Les perspectives concernant les prêts aux PME sont légèrement moins optimistes : seules 33 % des banques tablent sur une augmentation des provisions à court terme. Les vents contraires macroéconomiques, notamment liés aux coûts de l’énergie et aux droits de douane américains potentiels, pourraient remettre en cause ce sentiment positif. Les banques régionales, en particulier les institutions cantonales, sont plus prudentes : 65 % d’entre elles prévoient une augmentation des provisions pour les prêts aux PME à moyen terme.

Optimisme à long terme
restent optimistes quant à la croissance des revenus à long terme malgré les défis à court terme.
Rentabilité
donnent la priorité à la réduction des coûts et à l’amélioration de l’efficacité pour le prochain exercice financier.
Réduction des marges
s’attendent à ce que les marges bénéficiaires se réduisent encore au cours des deux prochaines années.
Durabilité et ESG
intègrent les critères ESG dans les décisions de prêt.

Une surveillance réglementaire renforcée se profile

L’effondrement de Credit Suisse marque un tournant dans la réglementation et la surveillance des marchés financiers en Suisse. Une plus grande transparence dans les procédures d’« enforcement » (« name and shame ») et une responsabilité accrue des cadres supérieurs ( « senior manager regime ») figurent parmi les mesures potentiellement les plus efficaces, selon 28 % des banques interrogées.

En revanche, seuls 13 % des établissements bancaires sont favorables à une extension des audits de surveillance par la FINMA, l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers. Les banques se méfient des atteintes potentielles à leur autonomie opérationnelle, soulignant l’importance de préserver l’efficacité et la liberté de gouvernance.

L’IA continue de gagner du terrain

L’intelligence artificielle (IA) continue de gagner du terrain dans le secteur bancaire en Suisse. Le nombre de banques mettant en œuvre des solutions d’IA a triplé, passant de 6 % en 2023 à 15 % en 2024. Les principales applications sont l’automatisation des processus (55 %) et la conformité (54 %). Malgré ces progrès, le secteur reste encore insuffisamment préparé aux exigences réglementaires attendues, 19 % des banques admettant qu’elles ne sont pas prêtes à répondre aux réglementations liées à l’IA.

L’IA est passée de la 19e à la 6e place sur la liste des priorités des banques. Alors que l’adoption de l’IA s’étend, les banques doivent répondre aux préoccupations réglementaires et établir des cadres de gestion des risques solides pour en exploiter tout le potentiel. L’intégration de l’IA dans le secteur bancaire suisse promet de redéfinir l’innovation financière et les changements structurels au sein de la branche.

Une stratégie et une gouvernance de l’IA bien pensées sont essentielles pour minimiser les risques liés à l’IA et en exploiter les opportunités.

Durabilité des banques : la priorité passe de la clientèle à la conformité

Si la durabilité reste une question primordiale, son importance a diminué par rapport à des priorités technologiques telles que l’IA et le big data. Le pourcentage de banques qui intègrent des critères ESG dans leurs décisions de prêt a légèrement baissé (de 72 % à 67 %). De même, les investissements durables ne sont plus considérés comme un élément-clé de différenciation, puisque seulement 1 % des banques les cite comme un avantage concurrentiel.

Au lieu de cela, c’est la conformité réglementaire qui a pris le devant de la scène. Un tiers (33 %) des banques considèrent les obligations de reporting comme leur principal défi en matière de durabilité, reléguant au deuxième plan les besoins de la clientèle, que seules 10 % d’entre elles voient comme une préoccupation majeure. Cette tendance reflète la complexité croissante des réglementations ESG et les risques de réputation associés aux allégations d’écoblanchiment. Malgré ces obstacles, le secteur bancaire reconnaît le rôle essentiel de la finance durable suisse dans sa stratégie à long terme.

Baromètre des banques 2025

Téléchargez le Baromètre des banques 2025 ici :

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Résumé

Le Baromètre des banques EY 2025 montre que les banques suisses ne seront pas en mesure de maintenir le niveau record de leurs bénéfices de l’année dernière, mais qu’elles restent confiantes dans les perspectives à long terme de leur modèle d’affaires. Aujourd’hui, l’accent est mis sur l’innovation et l’efficacité afin de garantir un succès durable dans un paysage financier en constante évolution.

Remerciements

Nous tenons à remercier tout particulièrement Fredrik Berglund pour son excellente collaboration et sa précieuse contribution au Baromètre des banques 2025.

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