Prix de l’énergie : la transition énergétique sous haute tension
Les prix spot du gaz et de l’électricité ont connu des hausses spectaculaires fin 2021, avec un quadruplement en quelques mois . Par ailleurs, le prix de la tonne de carbone sur le marché européen (EU ETS) atteint aujourd’hui plus de 80 € alors que pendant 10 ans les cours fluctuaient entre 5 et 20 €. Si les causes de ces hausses sont variées (mauvaise anticipation de la reprise économique en Chine, stocks insuffisants, annonce du paquet « fit for 55 », tensions géopolitiques, etc.) leurs conséquences sur l’industrie et sur la population sont un premier aperçu du choc économique que pourrait entrainer la transition écologique et énergétique. Les mesures prises en urgence en France et en Europe (prix de l’énergie bloqué, aides aux ménages, ou encore suppression de la taxe sur la valeur ajoutée dans les factures énergétiques) ne seront sans doute pas suffisantes pour accompagner les changements systémiques de nos modes de production et de consommation dans les prochaines années. A titre d’exemple, le rapport « Futurs énergétiques 2050 » publié par RTE fin 2021, indique qu’atteindre la neutralité carbone en 2050 nécessiterait, entre autres, de réduire de 40% la consommation d’énergie finale de la France en trente ans1, malgré une croissance économique et démographique attendue d’ici 2050.
Ces évolutions sont également porteuses d’opportunités. Les travaux réalisés par EY et le WWF2 indiquent par exemple que 2 millions d’emplois pourraient être créés en France d’ici 2030 dans le cadre de la transition écologique et énergétique. D’autres emplois seront en revanche menacés, ce qui implique un effort massif de formation et de reconversion à conduire.
Au niveau européen, la transition sera notamment impulsée par le Green Deal, qui se traduit par un paquet inédit de 54 textes réglementaires et législatifs en préparation. L’objectif de cet effort sans précédent est bien de rendre compatible notre système économique avec l’engagement d’une réduction de 55% de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, en vue d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Ces dispositions phares comprennent : la taxonomie dont le but est de déterminer quelles activités sont vertes ou non, la révision du marché européen du carbone, afin d’envoyer un signal prix favorable aux technologies bas carbone, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, ou encore la révision des règles prudentielles des banques et des assureurs pour intégrer le risque climat dans les décisions d’’investissement. Toutes ces mesures doivent permettre d’orienter les capitaux publics et privés vers les technologies et les infrastructures qui permettront d’atteindre nos engagements climatiques. Cette dynamique va entraîner une transformation rapide des industries, des politiques publiques et des modes de consommation d’ici 2030, c’est-à-dire demain.