La fin de l’abondance énergétique
S’il se veut rassurant quant au risque de délestage, le dernier rapport d’analyse des perspectives pour le système électrique publié par le gestionnaire de transports RTE mi-novembre 2022 indique que la situation reste sous grande vigilance, notamment au regard du niveau de disponibilité du parc nucléaire. Bien qu’ayant augmenté la première semaine de décembre pour atteindre une capacité de plus de 37GW, ce dernier reste en deçà des niveaux observés à la même période les années précédentes (plus de 45GW en 2020 et plus de 40GW en 2021).
Cette tension sur le système électrique, couplée à une envolée des prix de marché depuis désormais plus d’un an, est susceptible de s’accentuer dans les prochaines années au regard de la hausse annoncée des besoins en électricité résultant du développement de nouveaux usages (véhicule électrique, électrification de procédés industriels, etc.). Dès aujourd’hui, il est donc important de garantir durablement la sécurité d’approvisionnement du pays en électricité. En ce sens, les énergies renouvelables représentent la principale source d’électricité bas carbone et compétitive pouvant être déployée massivement sur le territoire à horizon 2030-2035.
Actuellement en discussion à l’Assemblée nationale, le projet de loi relatif à l’accélération des énergies renouvelables vise à répondre à l‘enjeu de sécurité énergétique, notamment en réduisant les délais administratifs associés au développement de ces projets, en libérant du foncier permettant le déploiement à grande échelle de ces projets, et en favorisant un meilleur partage de la valeur générée par les énergies renouvelables dans le but de favoriser l’acceptation de ces projets partout en France.
Des énergies renouvelables devenues une manne financière pour l’Etat
L’augmentation des prix de gros de l’électricité (+ 300% entre janvier 2021 et octobre 2022), nous amène à jeter un regard nouveau sur le rapport coût-bénéfice des énergies renouvelables. L’émergence de ces filières a par le passé représenté un coût net pour les finances de l’Etat (atteignant un maximum de 5,8 milliards d’euros au titre de l’année 2020), reflétant le fait que le coût unitaire moyen du soutien accordé par l’Etat (en €/MWh) était plus élevé que la valeur de l’électricité produite (par rapport à la valeur de marché de celle-ci aux mêmes périodes de production).
Cette situation s’est inversée du fait de l’envolée des prix de marché qui sont depuis septembre 2021 bien supérieurs en moyenne au coût unitaire moyen du soutien accordé par l’Etat au MWh d’électricité renouvelable produite. Dans les conditions actuelles de prix de gros, la CRE prévoit que toutes les filières d’énergies renouvelables en métropole continentale représenteront des recettes pour le budget de l’Etat, pour une contribution cumulée de 30,9 Md€ au titre de 2022 et 2023 (dont 25 Md€ pour les seules filières solaire et éolienne). La filière éolienne terrestre devrait être un contributeur majeur de cette recette, à hauteur de 21,7Md€. A ce rythme, l’ensemble des charges encourues par l’Etat via la mise en place des mécanismes encadrant la rémunération de l’électricité renouvelable depuis près de 20 ans auront été remboursées d’ici 2024 ou 2025. Les recettes complémentaires générées par le parc renouvelable viendront alors renforcer le « retour sur investissement » de l’Etat concernant sa politique de soutien à l’émergence des énergies renouvelables.
Ces éléments soulignent l’importance du Projet de Loi sur l’Accélération des énergies renouvelables : au-delà de contribuer à la sécurité énergétique nationale, chaque nouveau MW raccordé au réseau est aujourd’hui un contributeur aux recettes de l’Etat. Ces recettes contribuent au financement du bouclier tarifaire aujourd’hui et pourraient être utilisées pour financer d’autres pans de la transition climatique demain.