datacenters edge en france 20230417

Quelles sont les tendances autour des datacenters EDGE en France ?

Les datacenters Edge représentent une forte opportunité de croissance 


En résumé :

  • La digitalisation de l’économie et des processus industriels engendre une forte croissance des volumes données créées, capturées et consommées.
  • Cet appétit pour la donnée se traduit par la progression constante de la construction de datacenters.
  • Les datacenters Edge plus proches des utilisateurs finaux se développent rapidement et représentent une opportunité de croissance pour les acteurs du marché.

Avec l’explosion de la consommation d’internet et de la donnée, tant chez les particuliers que dans les entreprises, les datacenters, qui ont la charge de stocker, agréger et transférer les données, doivent se développer et s’adapter aux différents usages. L’arrivée de la 5G, le développement des objets connectés, l’explosion des Réalités Augmentée et Virtuelle, la connectivité grandissante des véhicules… tout cela nécessite de pouvoir accéder à la donnée plus rapidement.

La digitalisation de l’économie et des processus industriels dans l’ensemble mène à une forte croissance du volume de données créées, capturées et consommées dans le monde. On a, en effet, observé une croissance de ces volumes de 33% par an entre 2015 et 2020. Cette même croissance est estimée à 22% par an sur les 5 années suivantes. Cette croissance prévisionnelle s’appuie notamment sur :

  • La création depuis 2018 d’un cadre régulatoire européen favorable au développement d’une économie reposant sur la donnée, et ce autant en termes de volumes que de financement de Datacenters. Ce nouveau cadre impose aussi de plus en plus de régulations concernant le stockage et l’utilisation de données, notamment à travers un plan de financement de Datacenters partagés de 2Md€ ou encore l’obligation pour les entités publiques de publier leurs données disponibles1
  • Le développement de l’industrie 4.0 – soit l’intégration de techniques automatisées, d’objets connectés, de nouvelles technologies de production et d’analyse de données au sein de l’industrie – de 16% par an sur cette même période.
  • Les effets long terme positifs du Covid-19, avec par exemple l’intensification du télétravail et du streaming.

Une intensification de la création, capture et consommation de données implique donc naturellement une demande croissante en capacité de stockage– autrement dit, à mesure que la demande en données augmente, la demande en construction de datacenter augmente. Cet appétit pour la donnée se traduit par la progression constante de la construction de datacenters en France au cours des cinq dernières années. Avec, en 2022, environ 570MW de capacité d’hébergement en France, la capacité devrait continuer à progresser avec des taux de croissance de 13% par an pour les cinq prochaines années.

Aujourd’hui, le paysage des datacenters en France est assez varié et les usagers peuvent choisir selon leurs besoins :

  • L’entreprise peut avoir besoin d’un usage en propre de l’infrastructure ou peut partager l’infrastructure avec plusieurs entreprises. Pour des raisons d’efficacité et d’optimisation des coûts, une tendance se dessine en faveur des datacenters en collocation, c’est-à-dire partagé entre plusieurs entreprises.
  • La taille et la localisation du datacenter sont aussi déterminants. Les datacenters « hyperscaler », qui peuvent héberger le plus grand volume de données, sont centralisés dans le pays en région parisienne en France. Ils accueillent les besoins de gros utilisateurs (GAFAM, entreprises qui utilisent la data de manière intensive). Les datacenters régionaux, plus petits, sont répartis sur le territoire et accueillent plutôt les données des entreprises locales.
  • Le concept de Edge Datacenter répond à un besoin différent : la possibilité pour les entreprises proposant de nouveaux usages nécessitant de faibles latences d’atteindre leurs clients sur tout un territoire.

Cependant, les datacenters sont aujourd’hui inégalement répartis sur le territoire français, ce qui implique un réseau inégal et une couverture limitée dans certaines zones géographiques. Ainsi, sur le même mode de développement que le commerce en ligne, les datacenters doivent maintenant, de plus en plus, se situer proche, voire au cœur des villes, et répondre au défi du dernier kilomètre. Pour le commerce en ligne, la demande des clients de pouvoir recevoir au plus vite leurs articles a poussé les acteurs du e-commerce à repenser leur réseau de distribution. Leur solution a été de développer un maillage de leurs entrepôts de plus en plus fin : d’abord le long des grands axes routiers, puis en banlieue, et enfin au sein des centres-villes avec des points de relais. Si les datacenters suivent la même stratégie que le commerce en ligne, la donnée aura besoin de « points relais » disponibles proche de la demande des utilisateurs.

En effet, de nombreux usages de la donnée nécessitent un temps de réponse et d’échange avec les serveurs très court : la mobilité connectée, la Réalité Virtuelle/la Réalité Augmentée, le jeu en ligne... A titre d’illustration, les hyperscalers disposent d’un temps de latence moyen de plusieurs dizaines de millisecondes, alors que la mobilité autonome demande un temps de latence maximum compris entre 4 et 30ms et le jeu en ligne un maximum de 30ms. Ainsi, afin d’assurer résilience, sécurité et rapidité de réponse dans la distribution de ces données, les datacenters doivent affiner leur maillage et être présents localement.

Cette augmentation en puissance est donc en réalité une transformation du modèle de datacenters utilisés. Les datacenters de colocation de très large capacité (jusqu’à 100MW) sont de plus en plus nombreux et le segment continue de croître simultanément avec le développement d’un nouveau type de datacenters, les datacenters Edge. Ces derniers ne se situent plus dans des zones isolées, mais au cœur des villes, à proximité d’un réseau de communication. Ils remplissent les mêmes fonctions que les datacenters classiques, mais sont plus proches des utilisateurs finaux pour fournir un service plus rapide avec une latence minimale. Plus petits en taille, ces nouveaux datacenters ont une capacité beaucoup plus faible que leurs prédécesseurs, de quelques centaines de kW.

Aujourd’hui, ces datacenters sont utilisés de la même façon que des Datacenter régionaux, c’est à dire par les acteurs les plus proches géographiquement en fonction de leurs besoins. Néanmoins, cette nouvelle finesse de maillage a, à terme, vocation à permettre le développement de nouveaux usages finaux spécifiques aux datacenters Edge ; usages finaux que l’on retrouve de façon bien plus marquée aux Etats-Unis. Cette transition vers une utilisation orientée vers les nouveaux usages finaux offerts par les datacenters Edge entrainera un changement chez les opérateurs de ces infrastructures. A horizon 2026, on estime que la capacité des datacenters Edge devrait atteindre environ 187MW, ce qui correspond à une croissance de 20% par an. L’augmentation de la capacité des infrastructures permettra ainsi d’accompagner les professionnels dans la digitalisation des processus (Cloud, IoT), mais aussi les particuliers dont la consommation de données au quotidien ne fait qu’augmenter (jeu en ligne, mobilité intelligente, réalité augmentée...).

Cependant, bien que certains grands acteurs du secteur de la donnée aient senti ce besoin grandissant de rapidité de réponse de la part de leurs clients et commencé à développer des datacenters Edge (opérateurs télécom, opérateurs de Datacenter), ce segment n’est aujourd’hui pas encore mature et présente des défis encore non adressés :

  • Des usages nouveaux à exploiter : la connexion améliorée par les Edge datacenters peut être utilisée par les nouvelles technologies dont certaines ne sont pas encore exploitées en France et en Europe. Par exemple, le développement des voitures autonomes peut être soutenu par cette nouvelle connectivité mais la technologie n’est pas encore autorisée en France.
  • Un modèle économique des opérateurs à adapter : les dépenses ne sont plus concentrées sur une seule localisation mais doivent être réparties entre plusieurs centres. Il s’agit alors de développer un maillage des dépenses afin de ne pas perdre en rentabilité malgré le changement de modèle.
  • Un tournant opérationnel à engager :  étant donné les besoins pour héberger des datacenters Edge, qui sont plus petits et au sein des métropoles, le seul moyen viable financièrement est de transformer des sites existants en installant :
    • Une connectivité améliorée à une fibre haut débit
    • Un accès facilité en cas d’incendie
    • Une alimentation électrique de très haute capacité – équivalente à environ 700 machines à laver

Les Edge datacenters sont donc une forte opportunité de croissance pour les acteurs du marché et les fonds spécialisés en infrastructure cloud. Fort de son expertise dans le secteur des infrastructures Télécom et IT, et reconnu pour son savoir-faire, EY-Parthenon accompagne les entreprises et les fonds d’investissements dans les Due Diligence et les sujets de « Value creation ». N’hésitez pas à nous contacter pour échanger sur ce marché en forte croissance.

Ce qu'il faut retenir

La digitalisation de l’économie et des processus industriels engendre une croissance considérable des volumes données créées, capturées et consommées.

Cet appétit pour la donnée se traduit par la progression constante de la construction de datacenters. Les datacenters sont aujourd’hui inégalement répartis sur le territoire français, ce qui implique un réseau inégal et une couverture limitée dans certaines zones géographiques. Les datacenters doivent, se situer proche, voire au cœur des villes, et répondre au défi du dernier kilomètre.

Un nouveau type de datacenters se développe rapidement, les datacenters Edge qui sont plus proches des utilisateurs finaux pour fournir un service plus rapide avec une latence minimale.

Les Edge datacenters sont donc une forte opportunité de croissance pour les acteurs du marché et les fonds spécialisés en infrastructure cloud.

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