Elle suppose également une véritable transformation des pratiques professionnelles et des modes de relation à l’usager
« L’aller vers » représente en effet un réel changement du rapport à l’usager, consistant à passer d’un service public de « demande » (j’entreprends une démarche afin d’accéder au service) à un service public « d’offre » (je suis contacté pour me présenter ce à quoi j’ai droit). Cette démarche rompt avec l’idée que l’intervention sociale ferait systématiquement suite à une demande exprimée. Elle permet d’intégrer dans les pratiques les situations de non-demande de certains publics (pas seulement des personnes vulnérables) et engage les acteurs à se situer dans une pratique proactive, pour entrer en relation avec ces publics.
Ce changement d’approche implique un accompagnement managérial, car il faut expliquer le sens de ces évolutions et rassurer sur le fait qu’il ne s’agit pas d’ajouter du travail à une charge déjà lourde pour les agents, mais de changer de pratique, de méthode de travail.
Cela nécessite également d’outiller les professionnels pour faciliter ce changement d’approche (méthodes, outils, formation, accompagnement, etc.), afin d’abord de développer de nouvelles pratiques professionnelles se basant sur une plus forte intégration avec les partenaires du territoire, mais aussi d’accepter le fait que, in fine, l’usager reste libre de se saisir ou non de ces nouvelles propositions d’accompagnement.
Enfin, ces nouvelles approches doivent nécessairement pouvoir s’appuyer sur les outils numériques pour être les plus efficaces possibles. Ainsi, EY a accompagné des expérimentations permettant de repérer des situations d’enfants en danger plus tôt afin d’intervenir de façon plus précoce ou encore de prévenir les expulsions locatives en repérant et en accompagnant plus tôt les familles à risque (cf. Transformer les politiques sociales | EY - France). Les outils numériques ont constitué une brique indispensable du passage à l’échelle et de l’efficacité de ces projets.
L’enjeu d’arriver à rassurer les Français sur l’utilisation de leurs données par les pouvoirs publics constitue un défi majeur si l’on souhaite que les administrations puissent réellement se saisir de ces données et offrir des services plus personnalisés aux citoyens-usagers. Il semble d’ailleurs que les administrations en soient conscientes, en témoigne, par exemple, la campagne de communication de la DGFIP : « dites-le-nous aussi » ! Gageons que les citoyens seront rassurés avec une montée en puissance rapide du « aller vers » en proposant de nouveaux services, adaptés à leur situation.
Jessica Chamba Associée EY Consulting, secteur social et médico-social
Hervé de la Chapelle, Associé EY Consulting, responsable secteur public France