Contexte historique et évolution des échanges internationaux
Depuis la création du GATT en 1947, devenu l'Organisation mondiale du commerce en 1994, l'objectif principal des États membres a été de favoriser les échanges internationaux en réduisant les barrières tarifaires. Cependant, 80 ans après, cette stratégie est mise à rude épreuve par des conflits géopolitiques croissants, comme la guerre en Ukraine, et par des politiques protectionnistes, notamment aux États-Unis.
Les droits de douane sous l'administration Trump
Dès son premier mandat, le président Trump a fait des droits de douane un outil central de sa politique économique, les présentant comme une solution aux problèmes de chômage et d'inflation. En augmentant les droits de douane en début de second mandat, il a contraint les entreprises à reconsidérer leur présence sur le marché américain.
Défis pour les entreprises
Comment maintenir une compétitivité sur le marché américain lorsque les produits importés deviennent plus chers ? Comment opérer les meilleurs arbitrages en matière fiscale et logistique alors que plane l’incertitude sur l’effectivité et la pérennité de ces nouvelles mesures douanières ? Les entreprises doivent réinventer leur stratégie douanière pour naviguer dans ce nouvel environnement économique complexe et incertain.
Évaluation du risque et analyse d’impact
Avant toute chose, il est indispensable de procéder à une évaluation du risque et à une analyse d’impact basée sur les flux existants. EY a développé un outil permettant d'évaluer instantanément les surcoûts engendrés par les hausses de droits de douane, en se basant sur des données spécifiques par famille de produit ou par nomenclature douanière.
Grâce à cette approche, les entreprises peuvent obtenir une vision claire des implications financières de la politique commerciale de l’administration Trump, facilitant ainsi la prise de décisions stratégiques et les mises à jour en fonction des annonces futures.
Options stratégiques après l’analyse d’impact
Une fois l’analyse d’impact réalisée et en fonction des résultats de cette dernière, deux options peuvent être envisagées :
- Adapter la stratégie fiscale des entreprises à l’import aux Etats-Unis : plusieurs mécanismes peuvent concourir à la diminution de la valeur en douane, assiette des droits de douane. La première vente pour l’exportation, la bifurcation des coûts, la modification de la structure des prix de transfert et de valeur douanière ou encore la structure d'importateur non-résident peuvent constituer des leviers puissants et activables à court terme pour diminuer les droits de douane à l’importation.
- Procéder à des ajustements de la supply chain : ces changements, qui peuvent être plus lourds à mettre en place, peuvent contribuer à atténuer l'impact des droits de douane. S’il peut s’agir de renégocier les prix avec les fournisseurs pour réduire la valeur en douane en première intention, toutes les options doivent aujourd’hui être considérées, comme par exemple relocaliser l’outil de production au sein de zones géographiques plus favorables (pays moins taxés à l’importation, zone franche, etc.).
Se relocaliser aux Etats-Unis : la solution ultime ?
Ainsi, la possibilité de relocaliser sa production, en tout ou en partie, aux Etats-Unis interpelle et il en découle des effets vertueux, notamment en soutenant l'économie locale et en répondant aux impératifs environnementaux. En rapprochant les marchés de production et de vente, les effets négatifs de la globalisation de l’économie pourraient être atténués. Plusieurs grands groupes, notamment pharmaceutiques, illustrent aujourd’hui cette tendance. Toutefois, cette solution trouve ses limites, notamment dans l’industrie du luxe et des spiritueux, pour lesquels le « made in » reste un facteur important, voire essentiel, d’attractivité et de la compétitivité.