Une vue panoramique d'une centrale nucléaire au crépuscule avec des tours de refroidissement.

Rendre les investissements dans l'industrie nucléaire attrayants

Fruit du travail collaboratif des bureaux d’EY-Parthénon en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, cette étude présente les opportunités et les défis du financement de l'industrie nucléaire. Nous sommes fiers de vous présenter nos perspectives sur cet enjeu du nucléaire — tout aussi important que ses composantes industriels et opérationnels — alimentées par les retours de terrain de nombreux financiers.


En résumé :

  • Quel est le montant total de financement estimé à horizon 2050 pour la construction, l'amont et l'aval afin de répondre aux prévisions en matière d'énergie nucléaire ? 
  • Quels sont les principaux freins inhérents au financement du nucléaire et quelles protections financières mettre en place ?
  • Quels sont les facteurs clefs de succès de schéma de financement réussis pour les réacteurs de grande taille, mais aussi ceux de petite taille ?

Découvrez notre étude sur le financement du nucléaire : enjeux, modèles et leviers pour mobiliser le capital à l’échelle mondiale. Une analyse stratégique pour accélérer la transition énergétique.

 

Financement du nucléaire

Alors que le monde se précipite vers la neutralité carbone et réaffirme l'importance de la souveraineté énergétique, l'énergie nucléaire revient au premier plan de l'agenda énergétique mondial. Face à la pression croissante pour garantir une électricité propre, fiable, disponible et abordable, alors que la pénétration des énergies renouvelables augmente, l'intermittence de l'énergie éolienne et solaire crée un besoin croissant de capacité de base fiable.

L'Agence internationale de l'énergie estime que la capacité nucléaire doit doubler entre 2025 et 2050 pour s'aligner sur les trajectoires de zéro émission nette. Ce besoin d'expansion coïncide avec les développements technologiques dans le domaine des petits réacteurs modulaires, des systèmes de quatrième génération, de la fusion et des technologies nucléaires avancées qui promettent une amélioration de la rentabilité et de la flexibilité de déploiement. EY-Parthenon a chiffré le besoin de financement qui en résulte.

Besoins annuels en investissements nucléaires par type (en milliards de dollars américains par an)

Les besoins d'investissement estimés dans les centrales nucléaires atteindront leur pic sur la période 2025-30 (environ 159 milliards de dollars américains chaque année sur la période). La plupart des investissements nécessaires doivent être déployés rapidement pour relancer la dynamique et revitaliser l'industrie nucléaire.

Besoin total d'investissement nucléaire pour chaque étape de la chaîne de valeur (monde, cumul en milliards de dollars américains 2025-2050)

Au total, les investissements nécessaires dans le nucléaire entre 2025 et 2050 s'élèveront à environ 3 600 milliards de dollars, dont presque 90 % seront alloués à la construction et à l'allongement de la durée de vie des centrales nucléaires. L'amont et l'aval requerront également des investissements significatifs.

Dans ce rapport, nous théorisons trois freins majeurs (incertitude politique et réglementaire, retards et dépassements des coûts lors de la construction, risque lié aux recettes) et abordons les schémas financiers actuellement mis en place sur certaines centrales en opération ou en cours de construction (base d'actifs régulée, contrat pour différence, contrat d'achat d'électricité).

Enfin, nous proposons des structures de financement exhaustives et adaptées à chaque typologie de projet (grande et petite taille, premier du genre et en série).

Chaque acteur, privé comme public, ayant un rôle à jouer pour relancer et financer l'industrie nucléaire.

Aperçu de la structure transactionnelle proposée pour un premier du genre de grande taille

Chaque point numéroté sur ce graphique est expliqué ci-après.

1. Mécanisme de partage des risques en cas de dépassements et de retards

  • Le modèle pourrait reproduire un mécanisme de partage des gains à plusieurs niveaux en cas de dépassements et de retards, similaire à celui observé à Sizewell C, où l'État supporte le coût des dépenses excédentaires au-delà d'un certain seuil et offre des incitations 
  • Cela protégerait les investisseurs contre le risque excessif lié au premier du genre, tout en incitant les bailleurs de fonds à investir dans des infrastructures offrant des rendements réglementés.

2. Rendements réglementés, prix d'achat à long terme et protection contre les changements politiques

  • L'État garantirait un rendement minimum à la société chargée du projet grâce à un mécanisme de revenus à long terme, tel qu'un contrat pour différence ou une base d’actifs régulée.
  • En outre, l'État devrait fournir une protection juridique contre les changements politiques, y compris les fermetures anticipées et les annulations de programmes.
  • Enfin, l'État pourrait accorder des prêts à des taux préférentiels en émettant des obligations et en utilisant des mécanismes de transfert pour la société chargée du projet.

3. et 4. Garanties souveraines et garanties des agences de crédit export

  • Le gouvernement devrait fournir une garantie directe aux prêteurs sur le montant de la dette contractée (y compris les produits dérivés) sans commission, notamment par le biais d'une couverture d’une agence de crédit export (instruments liés et non liés), afin de soutenir ses obligations de financement en cas d'augmentation des coûts.

5. Prêts directs des agences de crédit export et soutien à la chaîne d'approvisionnement

  • Il convient d'encourager la mobilisation des agences de crédit export pour financer certaines étapes de la chaîne d'approvisionnement de l'industrie nucléaire, en complément du financement commercial fourni par d'autres prêteurs.

6.Soutien de l'opérateur/ équipementier

  • Les opérateurs et équipementiers nucléaires devraient être encouragés par des accords de partage des risques.
  • Cependant, dans les économies avancées, il est très improbable que des contrats clés en main soit proposés, ce qui signifie qu'un certain degré de risque d'interface devra être géré à la fois par le gouvernement et la société en charge du projet

 

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Financement du nucléaire

Ce qu'il faut retenir

Les investisseurs privés sont généralement dissuadés de s'engager dans des projets nucléaires car il est difficile d’atteindre les taux de rentabilité interne ciblés du fait des aléas qui pèsent sur l’ensemble de la durée de vie des centrales. De plus, les 6 à 12 premières années de flux de trésorerie négatifs, ainsi que la longue période d'investissement (actifs de 60 à 80 ans), entrainent une période de remboursement trop longue et une forte actualisation des fonds engagés.

Cependant, nous préconisons une approche calibrée de couverture et réduction des risques ainsi qu'un investissement par étapes qui aligne le profil de chaque investisseur sur la phase appropriée du projet, garantissant ainsi la réalisation des objectifs de risque-rendement tout en allégeant la charge financière qui pèse sur les États.

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