Vue aérienne de l'Arc de Triomphe à Paris, entouré de rues rayonnantes et d'arbres.

L’IA, une révolution sous contrôle ?

L’intelligence artificielle n’est plus une promesse lointaine : elle est déjà à l’œuvre dans nos processus, nos décisions, nos outils quotidiens. Pour la finance, la fiscalité et la comptabilité, c’est une révolution silencieuse mais profonde.
Reste à savoir : allons-nous piloter cette transformation, ou la subir ?


En résumé :

  • Sécurité, acceptabilité et fiabilité de l’IA
  • Le shadow AI et la maîtrise des coûts

En avril 2025, moins de 2 ans et demi après la sortie de ChatGPT, Sam Altman, co-fondateur et président directeur-général de son entreprise éditrice, OpenAI, a annoncé qu’un milliard d’utilisateurs hebdomadaires se connectaient désormais chaque semaine à son logiciel, soit « 10 % de l’humanité ». Jamais une technologie n’a connu une diffusion aussi large et rapide : l’intelligence artificielle s’impose aujourd'hui comme une General Purpose Technology, au même titre que l’électricité ou Internet.

Dans la finance, la fiscalité ou la comptabilité, elle ouvre des perspectives vertigineuses mais exige de nouvelles responsabilités. Il est vital d’en mesurer à la fois la puissance, les risques et, plus prosaïquement, les coûts.

Sécurité, acceptabilité et fiabilité de l’IA

La première priorité reste la sécurité. La maîtrise des données sensibles, la prévention des erreurs ou des fraudes automatisées imposent aux directions financières une rigueur renforcée. Sécuriser l’IA, c’est protéger l’entreprise, mais aussi éviter que l’innovation ne devienne elle-même un facteur de vulnérabilité.

L'acceptabilité est l’autre grand défi. L’introduction massive d’IA génère des craintes légitimes. Pour en tirer le meilleur, il faut accompagner les équipes, leur donner les clés de compréhension et d’usage, et faire évoluer la culture organisationnelle vers une appropriation responsable du changement.

Mais sans fiabilité, pas de confiance durable. Les modèles d’IA, aussi impressionnants soient-ils, restent faillibles : hallucinations, erreurs de logique, biais cachés. Il est impératif de choisir des solutions explicables, de documenter les sources et de contrôler systématiquement les résultats, pour éviter que l’IA ne devienne une "boîte noire" incontrôlée au cœur des opérations critiques.

La question de la responsabilité juridique est également brûlante. Qui est responsable en cas d'erreur ou de préjudice ? L’entreprise doit intégrer dès aujourd'hui les enjeux de propriété intellectuelle, d'impact environnemental et d'équité dans ses dispositifs de gouvernance. Se doter d’une politique d’usage de l’IA claire, c’est aussi protéger l’organisation et ses dirigeants.

Le shadow AI et la maîtrise des coûts

Ajoutons que ce triptyque sécurité / acceptabilité / fiabilité forme un triangle qui, malgré ses trois pieds, n’a rien de stable. Si certains salariés craignent d’être remplacés par l’IA et ses développements les plus récents sous la forme d’agents aux capacités d’exécution autonomes, d’autres utilisent des outils personnels, grand public, dans le cadre de leur travail. Le « Shadow AI » comme on parlait de « Shadow IT » présente des risques critiques et particulièrement difficiles à circonscrire.

Du côté des ressources, l’IA n’est pas gratuite et les modèles à l’abonnement et à la consommation co-existent. Si on mesure les investissements des grands acteurs de ses technologies en centaines de milliards de dollars, leur recherche de retour sur investissement est plus que logique, inéluctable et leur concurrence comme notre dépendance nous mettront dans des positions plus ou moins favorables pour négocier demain. En outre, des coûts cachés émergent : compétences nouvelles à recruter, infrastructures à adapter, formation continue à assurer. Et l’empreinte carbone de l’IA est réelle : un modèle performant peut consommer autant d’énergie qu'une petite ville. Dès lors, privilégier une approche écologique devient un impératif autant stratégique qu’éthique.

Ce qu'il faut retenir

En conclusion, dans cet environnement mouvant, il ne s’agit plus seulement d’évaluer les risques, mais d’apprendre à les transformer en opportunités. Cartographier les usages, intégrer une veille active sur les réglementations, surveiller l’émergence de la "shadow AI" au sein des équipes sont désormais des réflexes incontournables. Plus que jamais, les directions financières, juridiques et comptables doivent faire de l’IA un levier de compétitivité, plutôt qu’un passif caché.