Notre Panorama de la Gouvernance 2024, fondé sur l’analyse détaillée de données publiques issues des sociétés cotées du SBF 120 ainsi que d’un échantillon de 40 Midcaps, montre que les travaux des conseils d’administration s’intensifient sur la résilience face aux risques géopolitiques, l’innovation et la durabilité (CSRD).
Les tendances clés de l’édition 2024 sont les suivantes :
1. Consolidation des indicateurs fondamentaux de gouvernance
- Parité et diversité accrues : la parité hommes/femmes atteint 45,8% et poursuit sa progression. Elle s’accompagne d’une présence accrue des administrateurs non-nationaux (29,5 % en 2024) et des administrateurs représentant les salariés (13,9%)
- Charge de travail élevée : une fréquence d’environ une réunion par mois, d’une durée moyenne de 3h30 et un taux de présence aux séances des Conseils proche de 100% illustrent l’intensité croissante des activités des administrateurs.
2. Évolution et diversification des compétences des administrateurs
- Renforcement des compétences régaliennes autour des risques et même plus spécifiquement du contrôle interne : 43% des Conseils mettent en avant cette compétence en 2024.
- Accent sur le numérique et l’innovation : les compétences en transformation digitale, incluant désormais l’intelligence artificielle, connaissent une consolidation significative et constituent aujourd’hui un pôle d’expertises incontournables au sein des Conseils.
- Spécialisation ESG : les domaines de compétence ESG mis en avant sont plus précis et plus nombreux. Les expertises liées au climat se développent et la protection de la biodiversité fait son apparition.
Cependant, malgré de réels progrès, l’information concernant les domaines de compétence des administrateurs demeure hétérogène et parfois imprécise. Parmi les attendus de la CSRD, les entreprises doivent clarifier le contenu spécifique des compétences mises en avant, la manière dont elles ont été évaluées (via le parcours professionnel ou académique), ainsi que le détail des plans de formation destinés aux administrateurs.
3. Élargissement des thèmes de travail abordés par les Conseils
- Accent sur la résilience : une montée en puissance des plans de continuité d’activité et de l’analyse des risques géopolitiques est observée.
- Complexification des sujets ESG : les thématiques environnementales et sociales abordées par les conseils gagnent en profondeur technique.
4. Clarification des rôles et coopération entre les comités d’audit et RSE
- Le comité RSE (présent dans 86% des sociétés du SBF120) a généralement la charge du suivi règlementaire et de l’analyse de double matérialité. Pour sa part, le comité d’audit est responsable du suivi des risques, de la fiabilité des dispositifs de reporting extra-financier et nomme les auditeurs de durabilité.
- La coopération entre les comités progresse grâce à la présence de membres communs (dans 70% des sociétés) et à des séances conjointes qui se mettent en place dans 10% des sociétés.
5. La gestion des risques et le contrôle interne se réinventent : les approches classiques combinant un référentiel de contrôle interne et un processus d’évaluation annuelle sont très largement en place. Sous l’influence de la CSRD, plusieurs pratiques nouvelles vont se généraliser :
- Intégration des objectifs de contrôle ESG et des contrôles-clés liés au reporting extra-financier dans le référentiel de contrôle interne du Groupe pour près de la moitié du SBF120 ;
- Refonte du processus de gestion des risques selon un modèle « intégré » entre les Directions des Risques et les Directions Finance Durable/RSE : pour 75% des sociétés du SBF120, les cartographies des risques s’enrichissent des analyses de double-matérialité.