2 min de temps de lecture 18 avr. 2023
Fillette dans le vent tenant un parapluie coloré

Coup de mou pour la FrenchTech ?

Par Franck Sebag

Associé, Assurance, Fast Growing Companies leader, Europe West

Vaste expérience dans les domaines de l’audit et du conseil auprès de sociétés privées publiques, et une connaissance approfondie des marchés financiers mondiaux.

2 min de temps de lecture 18 avr. 2023

Baromètre EY du capital-risque en France - 1er trimestre 2023

En résumé :

  • Les opérations de capital-risque ont connu un net ralentissement en France au premier trimestre 2023
  • Néanmoins, la France reste l’écosystème le plus attractif au sein de l’Union européenne
  • Les investisseurs sont très sélectifs dans leurs opérations obligeant les start-up à affiner leur stratégie

Après un exercice 2022 record, période au cours de laquelle elle avait été la plus résiliente au sein de l’Union européenne, la French Tech a accusé le coup au premier trimestre 2023. Selon le Baromètre EY du capital-risque, 192 sociétés ont levé 1,96 milliard d’euros, ce qui représente une chute de 59% en valeur et de 16% en volume par rapport au premier trimestre 2022.

Comment décrypter ces chiffres ? Rappelons que la croissance des investissements était portée ces dernières années par des tours de tables dans le growth equity. Or, pour la première fois depuis 2019, ce segment perd de la vitesse : seules 3 opérations ont été réalisées entre janvier et mars pour un montant de 330M€ (AMOLYT PHARMA 130M€, LEDGER 100M€, PASQAL 100M€). Pour mémoire, au premier trimestre 2022, 12 opérations avaient été enregistrées pour un montant proche de 2,7 milliards d’euros.  En un an, on observe donc une chute de 88% des deals en valeur et de 75% en volume. Quant aux montants levés dans le segment des levées inférieures à 100M€, ils ont également pâti de la frilosité des investisseurs (-22% en valeur).

Malgré cette prudence, la France reste l’écosystème le plus attractif au sein de l’Union européenne. En Allemagne, notre principal concurrent sur le Vieux continent, les montants levés sur la période s’inscrivent également en forte baisse (-45% en valeur pour 1,61 milliard d’euros). La chute aurait pu être plus forte si la belle dynamique des levées en growth equity (5 levées pour un montant total de 695M€) s’était inversée. De son côté, en dépit du Brexit, le Royaume-Uni conserve sa position dominante dans la « grande Europe ». Même si les montants levés ont dégringolé de 66% en valeur sur un an, ils se maintiennent à des niveaux très élevés (3,5 milliards d’euros), témoignant du pouvoir de séduction intact de la tech britannique qui profite d’un cadre réglementaire toujours avantageux.

Que retenir de ces premières tendances de l’année ? Elles confirment nos précédentes observations. On s’en souvient, les entreprises de la French Tech avaient déjà tiré les conséquences de la dégradation des conditions macro-économiques entamée à la fin de l’été, marquées ensuite par la crise des cryptomonnaies, la chute en bourse des valeurs technologiques et les vagues de licenciements dans la tech aux Etats-Unis. Aujourd’hui, le cash est clairement devenu la priorité des investisseurs ! Conséquence de la crise de liquidité mondiale, ces derniers resserrent donc leurs critères d’appréciation des dossiers. Toutefois, ce régime forcé a de nombreuses vertus. Il va notamment obliger les entreprises du secteur à affiner leurs stratégies pour convaincre des investisseurs qui, malgré leur prudence actuelle, continuent à finaliser de nouveaux fonds d’investissements. Après la pluie…

Ce qu'il faut retenir

Au premier trimestre 2023, le capital-risque a connu un véritable ralentissement. Pour la première fois depuis des années, les opérations de growth equity sont en baisse. Malgré ce contexte, la France reste très attractive face à l’Allemagne et au Royaume-Uni. Les start-up vont devoir déployer des stratégies convaincantes pour inciter les investisseurs à les soutenir.

A propos de cet article

Par Franck Sebag

Associé, Assurance, Fast Growing Companies leader, Europe West

Vaste expérience dans les domaines de l’audit et du conseil auprès de sociétés privées publiques, et une connaissance approfondie des marchés financiers mondiaux.