Baromètre de l’Attractivité de la France 2025

Nouveaux chocs, nouveaux défis pour la France et l’Europe

Depuis plus de 20 ans, EY observe les flux et mécanismes d’implantations internationales afin d’accompagner ses clients dans leurs projets de localisation et contribuer à l’élaboration des réformes qui encouragent l’investissement.

Téléchargez la version détaillée de l'épisode 1 du Baromètre 2025 de l'Attractivité de la France

Chaque année, EY interroge plusieurs milliers de dirigeants d’entreprises étrangères, de toutes tailles et de tous secteurs, et recense leurs investissements partout en Europe. Dans une période de forte incertitude politique et économique, prise en tenaille entre les Etats-Unis et la Chine, comment l’attractivité de l’Europe et de France ont-elles évolué ? Découvrez les enseignements du premier épisode du Baromètre EY de l’Attractivité de la France 2025.

L’Europe en souffrance

En déficit de compétitivité et confrontée à un environnement instable, l’Europe voit les investisseurs réduire leurs positions.

  • Les investissements étrangers en Europe ont diminué pour la deuxième année consécutive et sont désormais à leur niveau le plus bas depuis neuf ans : 5 383 projets ont été annoncés en Europe en 2024, soit une baisse de 5 % par rapport à 2023. Le nombre d'emplois créés par les IDE a diminué de 16 %.
  • Dans le même temps, ils ont progressé d’environ 20 % aux Etats-Unis, les investisseurs étant attirés par les conditions du programme IRA (Inflation reduction Act) et les « promesses » pro-business formulées par Donald Trump. Le nombre de projets annoncés par les investisseurs américains en Europe a diminué de 11 % par rapport à 2023 et de 46 % par rapport à 2021.
  • Dans notre enquête de mars 2025, les tensions géopolitiques sont perçues comme le principal risque pour l’attractivité européenne (35 %), devant le contexte macroéconomique (34 %) et les barrières commerciales (30 %). Nul doute que ce sujet a pris de l’intensité depuis l’accentuation de la guerre commerciale avec l’augmentation des droits de douane et ses implications sur la croissance et l’investissement, en Europe et ailleurs.
  • Au-delà de ces crises – en écho aux récents rapports Draghi et Letta – les dirigeants internationaux invitent l’Europe à répondre aux enjeux structurels de la compétitivité (25 %), de l’innovation en comparaison avec les Etats-Unis et la Chine (24 %) et de l’adaptation des compétences aux enjeux de demain (23 %).​

Succès mesuré pour la France

Bien que l’investissement et l’emploi ralentissent nettement, la France conserve son rang en 2024.

  • La France reste, pour la 6e année consécutive, le pays où se sont réalisés le plus grand nombre d’investissements internationaux en 2024, performance atténuée par son 3e rang en nombre d’emplois.

10 principaux pays d’accueil des investissements étrangers annoncés en Europe en 2024

  • Le nombre de projets d’implantation et d’extension étrangers en France a reculé de 14 % en 2024. Ses deux principaux concurrents, le Royaume-Uni et l’Allemagne, s’inscrivent dans la même tendance.
  • Les créations de postes générées par ces projets ont fortement diminué (-27 %) entre 2023 et 2024, ce qui est indicatif de la prudence, des coûts et des délais relatifs aux implantations, enjeux déjà relevés dans nos précédents baromètres.
  • Selon notre enquête auprès de 200 dirigeants, interrogés en mars 2025, les atouts de la France (taille du marché, innovation, compétences, infrastructures et qualité de vie) se heurtent aux impératifs du court terme (rentabilité, stabilité, énergie et moyens disponibles pour la transition écologique).
  • Dans le reste de l’Europe, l’augmentation très forte des projets dans les pays du Sud (notamment en Espagne) et la stabilité des investissements en Europe centrale contrastent avec le ralentissement général des pays d’Europe de l’Ouest.

Préoccupations majeures

Industrie et services à valeur ajoutée au défi de la compétitivité européenne et de la concurrence américaine et asiatique. ​

  • Sur le plan industriel, la France conserve la 1re place européenne en 2024 pour le nombre d’implantations et extensions d’usines, mais les projets y sont moins créateurs d’emplois et moins régénérateurs qu’ailleurs en Europe.
  • Aux yeux des investisseurs étrangers, l’attractivité industrielle souffre des coûts salariaux, mais aussi d’un manque de foncier, de compétitivité énergétique, de robotisation, d’innovation et d’agilité. A ces irritants s’ajoute la faiblesse de la croissance tricolore, marquée par une consommation des ménages en berne.
  • Certaines industries historiques, comme celles de la chimie ou de l’automobile, marquent le pas, avec un solde ouvertures + extensions / fermetures + restructurations redevenu négatif pour la première fois depuis la crise COVID.
  • Dans l’industrie pharmaceutique, après une forte période d’investissements, la courbe des projets revient au niveau d’avant-Covid et la concurrence européenne est intense.
  • Hors industrie, la France peine encore à rivaliser avec le Royaume-Uni dans la compétition pour les centres de décision et, dans les activités financières, Paris reste distancée par son homologue britannique.

Réussites et potentiels

Certains secteurs stratégiques (énergie, IA, agro-alimentaire) plébiscitent le site France et ses territoires.

  • Dans le secteur de l’énergie, 70 entreprises étrangères ont fait le choix de la France en 2024 et certaines d’entre elles contribuent à la transition énergétique de l’Hexagone.
  • Dans l’intelligence artificielle, sans attendre les annonces dévoilées lors du Sommet sur l’IA organisé à Paris en février - 109 milliards d’euros devraient irriguer ce secteur d’avenir - la France se positionne aujourd’hui comme un pôle d’attraction majeur en Europe pour les investissements étrangers.
  • L’Hexagone reste central dans les plans de croissance des entreprises internationales de l’agro-alimentaire, malgré la dynamique de consommation et les relations complexes avec la distribution.
  • Le nombre de projets dans les centres de R&D dans l’Hexagone reculent (-15 %), mais la France se maintient en tête du classement européen, alors que le Royaume-Uni en fait un enjeu de son propre redressement.
  • Les entreprises étrangères s’implantent partout en France (75 % hors d’Île-de-France), preuve que l’offre territoriale séduit au-delà des grandes métropoles et de leurs agglomérations.
des investissements étrangers et des emplois créés ont eu lieu hors de l’Île-de-France

La croisée des chemins

Les chocs actuels (politiques, diplomatiques, commerciaux, technologiques...) obligent la France et l’Europe à faire des choix forts si elles veulent continuer à compter sur l’échiquier mondial​.

Pourquoi agir est urgent​

  • Confrontée à une instabilité politique et budgétaire qu’elle n’avait pas connue depuis longtemps, la France a subi un début de défiance en 2024. Mêmes causes, mêmes effets, cette « instabilité » a également touché d’autres pays européens, à commencer par l’Allemagne et le Royaume-Uni. Cette situation peut-elle durer ?
  • La tendance d’investissement est clairement négative avec deux années de baisse consécutive et des projets faibles en emplois. De surcroît, la remise en cause de l’ordre multilatéral et le repli stratégique des Etats-Unis offrent des perspectives au mieux limitées, sans doute chaotiques.
  • Le diagnostic 2025 des dirigeants est clair et s’intensifie : coût du travail et stabilité, politique énergétique et environnementale, accès au financement et marché de capitaux, complexité réglementaire et compétitivité fiscale sont les principaux freins à la reprise d’investissements plus volumineux.

Les raisons d’y croire

  • Selon notre enquête de mars 2025, la situation s’est en partie améliorée depuis l’été et l’automne 2024 : certaines entreprises étrangères ont finalement concrétisé les plans d’investissement en France qu’elles avaient, lors de notre sondage d’octobre 2024, prévu de réduire voire de reporter.  
  • S’ils fléchissent, les dirigeants n’abandonnent pas et pourraient augmenter leur présence en France, 2e économie de la 2e région économique mondiale. En dépit de sa taille, somme toute limitée, la France a su saisir la balle au bond dans des secteurs d’avenir (IA, énergie décarbonée, logiciel, aéronautique, défense...) dans lesquels elle dispose des champions mondiaux, des talents humains et des ressources qui lui offrent certaines garanties en matière de souveraineté. Un avantage précieux pour ses partenaires européens.
  • Ce sont les raisons pour lesquelles, à 3 ans, les dirigeants restent relativement confiants si la France et l’Europe apportent des réponses immédiates sur leur compétitivité et leur souveraineté, tout en gardant le cap de l’innovation, du soutien à l’entrepreneuriat et de l’investissement dans les infrastructures.
  • Un bémol est à souligner : l’absence de perspectives économiques résolument positives et le durcissement du climat international pourraient à nouveau peser sur la taille de leurs investissements.

Part des dirigeants estimant que l’attractivité de la France va s’améliorer au cours des 3 prochaines années​

EY Europe Attractiveness Survey

How can Europe act now to create advantage from adversity?

Europe can boost its appeal to foreign investors by focusing on 12 critical areas. Read more.

    Les questions posées​ à la France et à l'Europe

    • Si la France a des atouts, ses capacités de rebond (croissance atone, finances publiques dégradées, capacité d’investissement et non d’épargne...) sont fragiles. Les parties prenantes (exécutif, législatif, partenaires sociaux, citoyens...) sont-elles prêtes au compromis pour sortir par le haut de la situation actuelle ?
    • Sur le plan européen, certains secteurs sont soit menacés (citons l’automobile, la robotique, la chimie...), soit totalement absents de la compétition mondiale (« big tech », semi-conducteurs, grandes plateformes digitales...). La France peut-elle rebâtir, seule ou avec ses partenaires européens, par exemple dans le secteur de la sécurité et de la défense, une autonomie digne de ce nom, autonomie sans laquelle l’avenir de notre économie, de nos économies européennes serait extrêmement fragile ?
    • Face aux grands blocs, l’Europe ne peut plus agir en ordre dispersé. Existe-t-il une volonté politique assez forte ? La guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis n’est-elle pas de ce point de vue le test ultime de la capacité de l’Europe à agir et à gagner ensemble ? 

    Téléchargez l’épisode 1 du baromètre 2025

    Les documents à télécharger :

    Une annonce "Save the Date" avec le texte "17 juin 2025" et "Épisode 02" en gras.

    Ce qu'il faut retenir

    Dans une Europe en déficit de compétitivité et confrontée à un environnement chaotique, l’Europe voit ses investisseurs réduire considérablement leurs positions. En 2024, le nombre d’investissements étrangers sur le Vieux continent a reculé de 5%, et les emplois « apportés » de 16%.

    En France, les projets et les créations de postes générées par les IDE ont chuté de respectivement 14% et 27% sous l’effet d’une prudence accrue face au contexte, mais aussi en raison des interrogations persistantes autour de notre compétitivité et de notre stabilité. Malgré tout, l’Hexagone demeure – pour la 6ème année consécutive – le pays d’Europe où se sont réalisés le plus d’investissements internationaux, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne.

    Si la France et l’Europe ont des atouts, leurs capacités de rebond sont fragiles, et les chocs actuels les obligent à faire des choix forts si elles veulent continuer à compter sur l’échiquier mondial.

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