Introduction
Alors que la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose un cadre exigeant de transparence sur les enjeux de durabilité, la biodiversité s’impose progressivement comme un thème incontournable pour les entreprises. Mais au-delà de la reconnaissance croissante de cet enjeu, qu’en est-il de la maturité réelle des démarches et de leur mise en œuvre stratégique ?
Une analyse de plus de cinquante rapports de durabilité publiés en 2025 a été réalisée. Elle se concentre sur des entreprises françaises opérant dans des secteurs où la biodiversité est potentiellement matérielle, permettant ainsi de dresser un état des lieux. Cette revue, fondée sur des critères qualitatifs et quantitatifs alignés sur les exigences de la CSRD et les pratiques de la place, vise à évaluer la maturité, identifier les difficultés rencontrées, et mettre en lumière les leviers d’action.
Biodiversité : une prise de conscience croissante
71 % des entreprises étudiées considèrent désormais la biodiversité comme un enjeu matériel. Cette prise de conscience se traduit par une hausse notable de la publication de politiques dédiées (83 %), d’indicateurs de suivi (83 %) et d’objectifs (66 %). Toutefois, seules 8 % d’entre elles vont jusqu’à formaliser un véritable plan de transition, et seulement 24 % ont engagé une évaluation de la résilience de leur modèle face à l’érosion de la biodiversité — une démarche encore largement exploratoire.
Impacts : des progrès sur les indicateurs, mais une convergence encore à construire
L’ensemble des entreprises pour lesquelles la biodiversité est jugée matérielle identifient des impacts négatifs, principalement liés à l’usage des sols et à la pollution, avec une concentration des pressions sur l’amont de la chaîne de valeur et les opérations propres.
Si 78 % des entreprises analysent la proximité de leurs sites avec des zones sensibles, la diversité des méthodes employées rend difficile toute comparabilité. L’analyse s’appuie généralement sur des référentiels internationaux reconnus tels que l’IPBES, le SBTN ou la TNFD, combinant approches qualitatives et, dans 50 % des cas, quantifications.
Dépendances, risques et opportunités : des approches encore à renforcer
L’analyse des dépendances et des risques liés à la biodiversité reste, pour l’heure, essentiellement qualitative. Les entreprises se concentrent majoritairement sur leurs opérations propres et leur chaîne d’approvisionnement amont. En comparaison avec les pratiques en matière climatique, les analyses de risques biodiversité apparaissent encore peu approfondies.
Quant aux opportunités liées à la biodiversité — qu’il s’agisse de solutions fondées sur la nature, d’innovation ou de gains en résilience — elles sont encore peu explorées : seules 28 % des entreprises les identifient dans leurs rapports.