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Biodiversité : les leçons tirées des publications des entreprises


Premiers rapports CSRD : état des lieux de la prise en compte de la biodiversité, niveau de maturité, et bonnes pratiques.


En résumé :

  • Près de trois quarts des entreprises étudiées identifient la biodiversité comme un enjeu matériel, preuve de son intégration croissante dans le reporting et les modèles d’affaires
  • Une évaluation des impacts qui s’inscrit dans le cadre de référentiels internationaux, et qui s’appuie pour beaucoup sur un exercice de quantification en plus d’une analyse sectorielle ou à dire d’experts
  • Une contribution aux principaux facteurs d’érosion de la biodiversité tels que définis par l’IPBES bien identifiée, mais des impacts spécifiques sur les espèces et écosystèmes peu fréquemment relevés
  • L’analyse de l’impact des sites sur les zones sensibles est désormais menée par 78 % des entreprises, mais demeure encore partielle et peu détaillée dans les rapports
  • Les risques identifiés se concentrent sur les opérations propres et sont principalement associés aux approvisionnements et aux réglementations
  • L’évaluation de la résilience biodiversité, menée par 30% des entreprises, reste exploratoire et peu connectée aux politiques mises en œuvre – mais pose les bases d’une montée en maturité

Introduction

Alors que la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose un cadre exigeant de transparence sur les enjeux de durabilité, la biodiversité s’impose progressivement comme un thème incontournable pour les entreprises. Mais au-delà de la reconnaissance croissante de cet enjeu, qu’en est-il de la maturité réelle des démarches et de leur mise en œuvre stratégique ?

Une analyse de plus de cinquante rapports de durabilité publiés en 2025 a été réalisée. Elle se concentre sur des entreprises françaises opérant dans des secteurs où la biodiversité est potentiellement matérielle, permettant ainsi de dresser un état des lieux. Cette revue, fondée sur des critères qualitatifs et quantitatifs alignés sur les exigences de la CSRD et les pratiques de la place, vise à évaluer la maturité, identifier les difficultés rencontrées, et mettre en lumière les leviers d’action.

Biodiversité : une prise de conscience croissante

71 % des entreprises étudiées considèrent désormais la biodiversité comme un enjeu matériel. Cette prise de conscience se traduit par une hausse notable de la publication de politiques dédiées (83 %), d’indicateurs de suivi (83 %) et d’objectifs (66 %). Toutefois, seules 8 % d’entre elles vont jusqu’à formaliser un véritable plan de transition, et seulement 24 % ont engagé une évaluation de la résilience de leur modèle face à l’érosion de la biodiversité — une démarche encore largement exploratoire.

Impacts : des progrès sur les indicateurs, mais une convergence encore à construire

L’ensemble des entreprises pour lesquelles la biodiversité est jugée matérielle identifient des impacts négatifs, principalement liés à l’usage des sols et à la pollution, avec une concentration des pressions sur l’amont de la chaîne de valeur et les opérations propres.

Si 78 % des entreprises analysent la proximité de leurs sites avec des zones sensibles, la diversité des méthodes employées rend difficile toute comparabilité. L’analyse s’appuie généralement sur des référentiels internationaux reconnus tels que l’IPBES, le SBTN ou la TNFD, combinant approches qualitatives et, dans 50 % des cas, quantifications.

Dépendances, risques et opportunités : des approches encore à renforcer

L’analyse des dépendances et des risques liés à la biodiversité reste, pour l’heure, essentiellement qualitative. Les entreprises se concentrent majoritairement sur leurs opérations propres et leur chaîne d’approvisionnement amont. En comparaison avec les pratiques en matière climatique, les analyses de risques biodiversité apparaissent encore peu approfondies.

Quant aux opportunités liées à la biodiversité — qu’il s’agisse de solutions fondées sur la nature, d’innovation ou de gains en résilience — elles sont encore peu explorées : seules 28 % des entreprises les identifient dans leurs rapports.

Conclusion

L'analyse des rapports de durabilité des entreprises françaises révèle une prise de conscience croissante de l'importance de la biodiversité, avec 71 % des entreprises la considérant comme un enjeu matériel. Cependant, malgré des avancées notables dans la publication de politiques et d'indicateurs, l'intégration stratégique de la biodiversité demeure insuffisante. Seules 8 % des entreprises ont élaboré un plan de transition concret, et l'évaluation des risques et opportunités liés à la biodiversité reste encore largement qualitative. Cette étude souligne la nécessité d'accélérer les démarches et de renforcer les pratiques pour répondre aux exigences de la directive CSRD et aligner les ambitions des entreprises avec les enjeux environnementaux actuels.

Cette étude met en lumière une dynamique de progression, mais également les axes de progrès qu’il reste à adresser pour aligner les ambitions avec les exigences de la CSRD.

Pour découvrir l’ensemble des enseignements, les bonnes pratiques identifiées et les recommandations pour renforcer l’intégration stratégique de la biodiversité, accédez à notre publication complète :

Télécharger le document : Biodiversité et rapports de durabilité 2024

Ce qu'il faut retenir

Les rapports d’entreprises intègrent les enjeux de traitement de la biodiversité. Mais que disent-ils réellement ? Ce résumé propose un aperçu des tendances, des bonnes pratiques émergentes et des zones d’ombre persistantes dans la manière dont les entreprises abordent ce sujet.


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