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Capital-risque… Mistral, la décacorne qui cache la forêt française


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Le 3e trimestre 2025 confirme la tendance observée au 1er semestre 2025.


En résumé :

  • Ce trimestre, les entreprises innovantes françaises ont levé 5,6 milliards d’euros au travers de 433 opérations, confirmant un marché globalement stable… mais largement porté par la levée exceptionnelle de Mistral AI (1,7 Md€).
  • Sur le plan sectoriel, le secteur des logiciels et services informatiques domine, tiré par la vague de l’intelligence artificielle, tandis que les GreenTech, Fintech et Services Internet marquent le pas.
  • Sur le plan européen, la France et l’Allemagne se tiennent au coude-à-coude, loin derrière le Royaume-Uni, dont le growth equity affiche une dynamique spectaculaire.

Exceptés des signaux ponctuels de résilience, le capital-risque français reste en panne. Au 30 septembre 2025, les start-up françaises ont levé 5,6 milliards d’euros (Md€) au travers de 433 opérations, soit une baisse de 2 % en valeur et de 21 % en volume par rapport à la même période en 2024.

Focus France

La contraction du marché se confirme, notamment pour les petits et moyens tours. Les levées inférieures à 10 millions d’euros (M€) reculent de 15 % en valeur et de 24 % en volume, celles comprises entre 10 M€ et 20 M€ de 10 % et 14 %, respectivement. Quid des segments de 20 M€ à 100 M€ ? Ils montrent une certaine résilience, avec des croissances de 4 % à 19 % en valeur et jusqu’à 25 % en volume. En revanche, les opérations supérieures à 100 M€ — historiquement peu nombreuses — chutent à 4 opérations contre 10 en 2024.

Cette relative stabilité revient à un méga-deal : la levée de 1,7 Md€ réalisée par Mistral AI en septembre. Sans cette opération exceptionnelle, les montants levés en France auraient chuté de plus de 30 % : la situation apparaîtrait comme bien plus préoccupante.

Le secteur des logiciels boosté par l’IA

Au 30 septembre 2025, le secteur des logiciels domine le capital-risque en France, avec 3,1 Md€ levés (+49 % vs. 2024) et 159 opérations (+34 %). Cette dynamique est portée par les projets liés à l’intelligence artificielle (IA) : ils concentrent une part prépondérante des investissements.

En 2e position, les GreenTech : si elles totalisent 707 M€, elles accusent une contraction de 50 % en valeur et de 46 % en volume, confirmant un net désengagement. Les Life Sciences arrivent ensuite et conservent un poids significatif avec 599 M€ levés, mais reculent de 10 % en valeur et 20 %en volume.

Les Fintech suivent avec 348 M€ levés (-37 %) et 34 opérations (-15 %), traduisant une perte d’attractivité notable sur ce secteur pourtant central de la French Tech. Enfin, les Services Internet s’effondrent, avec seulement 203 M€ levés (-67 %) et une chute massive des opérations (-69 %).

À noter : les Technologies hors logiciels affichent une performance positive, avec 532 M€ levés (+82 %), même si le volume d’opérations affiche un léger recul.En résumé, le marché se polarise : la force de frappe des logiciels et de l’IA contraste avec le repli marqué des GreenTech, Fintech, Life Sciences et autres Services Internet. À la clé, un écosystème déséquilibré et vulnérable.

Le Top 5 des levées illustre cette polarisation : Mistral AI (1,7 Md€), Alice & Bob (100 M€), Knave (100 M€), WAAT (100 M€) et Genesis AI (90 M€). Les projets liés aux logiciels et à l’IA générative concentrent les capitaux levés.

L’Île-de-France en tête

Confirmant sa domination, l’Île-de-France capte 80 % des montants levés (+16 % vs. 2024). Si quelques régions progressent — Normandie et Centre-Val de Loire —, la plupart accusent un net recul, à l’instar d’Auvergne-Rhône-Alpes (-46 %) ou de Nouvelle-Aquitaine (-54 %).

Focus Europe

Nos voisins européens distancent toujours la France. Avec 5,6 Md€, elle devance de peu l’Allemagne (5,3 Md€) mais arrive très loin derrière le Royaume-Uni (15,6 Md€). L’Allemagne bénéficie d’un growth equity solide, alors que la France souffre de l’effondrement des opérations supérieures à 100 M€. La domination du Royaume-Uni s'explique par le rebond — spectaculaire — du growth equity : +102 % en valeur et +50 % en volume.


Ce qu'il faut retenir

Moins d’opérations globales, une forte concentration des levées de fonds en Île-de-France et une forte dépendance à l’égard de quelques champions technologiques… Le 3e ᵉtrimestre 2025 confirme la tendance : le marché français du capital-risque traverse une phase de sélection accrue. Si la résilience en valeur est en partie préservée, elle repose quasi-exclusivement sur la levée de fonds de Mistral AI. Sans la première décacorne française, le décrochage de notre pays serait bien plus marqué encore. L’enjeu des prochains mois ? Réactiver la dynamique sur les tickets petits et moyens, indispensables au renouvellement de la French Tech.

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