L’accroissement de l’incertitude géopolitique et macroéconomique fragilise l’environnement financier et renforce le rôle stratégique de la gestion du capital pour préserver la résilience et la compétitivité des (ré)assureurs. Les récentes évolutions, notamment la politique fiscale américaine, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ainsi que d'autres instabilités géopolitiques persistantes — ont fortement influencé l’environnement financier. De plus, la dégradation des notations financières de plusieurs pays de l’UE en raison de l’instabilité économique et politique entraîne des pertes de valeur sur portefeuilles souverains. La détérioration des profils souverains modifie les charges de capital réglementaires, augmentant le besoin de capital économique et réglementaire pour certains risques pays/contreparties.
1. Politique américaine et réforme fiscale
Sous la présidence de Donald Trump, un allègement de l’impôt sur les sociétés aux États Unis pourrait améliorer significativement la rentabilité nette après impôts et la capacité de génération interne de capital des (re)assureurs domiciliés aux États Unis. Toutefois, certaines mesures fiscales, notamment la BEAT (Base Erosion and Anti Abuse Tax), compliquent encore les structures de réassurance internationale en pénalisant certains paiements transfrontaliers vers des filiales non américaines, ce qui réduit l’efficacité des montages intra groupe. Par ailleurs, l’écart entre le cadre prudentiel américain (notamment le système RBC et la comptabilisation US GAAP) et les normes internationales (Solvency II / IFRS) peut limiter la transférabilité du capital et imposer des ajustements structurels (instruments éligibles locaux, contraintes de distribution). Il est donc nécessaire de réviser les stratégies de gestion du capital et d’évaluer quantitativement ces impacts par entité et par juridiction.
2. Conflit Russie-Ukraine
Le conflit en Ukraine continue de peser significativement sur les bilans et la solvabilité des (re)assureurs. Ce conflit augmente la probabilité de chocs simultanés (sinistres, inflation, dégradation crédit) qui peuvent significativement peser sur la solvabilité. Il est impératif d’intégrer ces risques dans les stress tests, d’adapter l’allocation d’actifs et d’augmenter les buffers de capital pour préserver la résilience du groupe.
3. Dégradation des notes souveraines dans l’UE liée à l’instabilité économique et politique
L’instabilité économique et politique a conduit à la dégradation de la notation de crédit de certains pays européens.
Ces dégradations peuvent entraîner des conséquences négatives pour les compagnies d’assurance et de réassurance. La baisse de valeur de certaines obligations souveraines détenues entraîne des pertes, réduisant directement le capital disponible. De plus, l’exposition à des actifs moins bien notés implique davantage de capital, ce qui impacte négativement les ratios de solvabilité.
Par ailleurs, la confiance des investisseurs et la valorisation boursière des assureurs peuvent se détériorer, limitant leur capacité à lever de nouveaux capitaux et restreignant leur flexibilité financière.
Ces évolutions soulignent l’importance de la diversification géographique et d’une stratégie d’investissement prudente dans la gestion du capital.
L’instabilité géopolitique, l’évolution des réglementations et les incertitudes macroéconomiques impliquent une gestion du capital plus dynamique et stratégique, capable d’assurer à la fois la résilience et une croissance durable.
Des ratios de solvabilité solides garantissent non seulement la résilience en période de crise, mais permettent également à l’entreprise d’agir de manière stratégique, dans les contraintes d’exigences de solvabilité, en souscrivant de nouveaux risques, en réalisant des opérations de croissance externe, en maintenant une politique de dividendes satisfaisante.
Cela signifie que le capital devient un levier actif de la stratégie.
La gestion du capital est un excellent outil permettant aux (re)assureurs de soutenir leurs ambitions, tout en absorbant l'incertitude et les chocs financiers. Une gestion efficace du capital est une condition sine qua non pour une performance durable, en particulier dans un environnement marqué par une forte volatilité économique et une instabilité géopolitique. En effet, assurer une gestion efficiente du capital, alliant une marge de sécurité adéquate ainsi qu'une appétence au risque alignée sur les objectifs stratégiques permet aux (re)assureurs de renforcer leur robustesse tout en maintenant une capacité de croissance et d'investissement.