Pourquoi ? Cette confiance trouve sa source dans la puissance installée des carrefours économiques mondiaux que sont Manhattan (New York), Downtown Core (Singapour), Beijing CBD (Pékin), Marunouchi (Tokyo), mais aussi la City (Londres) et La Défense (Paris). Ces centres urbains majeurs forment un véritable cœur battant de l’économie mondiale, concentrant plus de 7 millions d’emplois, abritant le siège de 84 entreprises du Fortune Global 500 et générant 4 500 milliards de dollars de PIB par an. Ce leadership s’appuie sur des atouts structurels indiscutables : réseaux de transport, densité d’activités tertiaires et accès privilégié à un vivier de talents. Autant d’éléments qui les distinguent nettement des alternatives que sont les centres-villes historiques, les parcs d’affaires en périphérie ou des nouveaux espaces de travail à domicile nés avec la généralisation du télétravail.
La montée du travail hybride – qui s’étend aujourd’hui à deux jours par semaine en moyenne pour les employés des 30 plus grands quartiers d’affaires – accentue la pression concurrentielle et introduit de nouveaux défis. Selon CBRE, les surfaces de bureaux occupées ont diminué de 5 à 10 % depuis 2019. Cette contraction, accentuée par le ralentissement économique, l’inflation et les incertitudes géopolitiques, a fait de l’immobilier un levier majeur d’économies pour les entreprises. En Europe et aux États-Unis, 60 % des sociétés prévoient encore de réduire leur empreinte immobilière d’ici trois ans.
2 - Quatre mégatendances structurent le futur des grands quartiers d’affaires mondiaux
Au-delà des tensions immédiates, le rapport met en lumière quatre mégatendances qui redessinent l’avenir des grands quartiers d’affaires mondiaux. Chacune traduit des mutations démographiques, technologiques et environnementales profondes, qui transforment la manière dont les villes – et leurs cœurs économiques – fonctionnent, se transforment, créent de la valeur et de l’expérience.
Mégatendance #1 – Priorité talents
76 % des dirigeants positionnent l’attractivité des talents comme la priorité N°1 pour le choix d’un quartier d’affaires. Ceux-ci doivent désormais être des alliés des entreprises afin de les aider à les séduire et à retenir leurs salariés. A l’investissement constant dans les transports, dans la technologie, dans l’attractivité ou la sécurité des lieux s’ajoutent des problématiques nouvelles telles que le logement que 46 % des dirigeants interrogés citent désormais comme un enjeu prioritaire.
Les préoccupations sortent de l’immeuble et se déplacent aussi sur le terrain de l’expérience urbaine : la vitalité et la qualité des services deviennent désormais des prérequis. Au sein de notre enquête, la capacité à façonner un environnement vivant s’impose comme la deuxième priorité pour maintenir la compétitivité et l’attractivité des quartiers d’affaires au cours des prochaines années. Seuls ceux capables d’offrir une véritable diversité d’usages – espaces verts, commerces, culture, loisirs – et d’améliorer la qualité de l’environnement urbain sauront encore séduire entreprises, salariés et investisseurs. À défaut de renouvellement, lequel suppose de trouver et mobiliser les financements nécessaires, les grands quartiers d’affaires mondiaux risquent d’être supplantés, parfois même localement, par des pôles plus petits, plus agiles et mieux intégrés à la vie urbaine.
Mégatendance #2 – L’inévitabilité du premium
La question de la juste valeur s’impose désormais au cœur des réflexions immobilières : 40 % des dirigeants interrogés la citent aujourd’hui comme priorité, soit 14 points de plus qu’en 2020 ! Architecture verticale et iconique, offre de grands plateaux tertiaires, visibilité de l’adresse, comment justifier le coût du prestige et de la hauteur dans une période de réduction des coûts et de transformation des besoins ?
Une double voie : celle de l’urbanisme, là encore, mais aussi celle de la qualité. Notre enquête montre que les immeubles et quartiers de très grande qualité – les plus accessibles, récents, équipés en matière de confort, de technologie et de performance énergétique – continuent d’attirer les entreprises. Au contraire, ceux qui laissent l’obsolescence s’installer ou ne parient pas assez sur la mixité d’usage peinent à trouver preneur et maintenir leur rang dans nos classements.
Mégatendance #3 – La double rôle de la technologie
La technologie s’impose désormais comme un pilier central des grands quartiers d’affaires mondiaux. D’abord parce qu’elle est un levier opérationnel majeur pour les aménageurs, les constructeurs et les gestionnaires de ces grands ensemble afin de concevoir plus vite, avec une empreinte environnementale réduite, mais aussi pour mieux comprendre et piloter les millions de flux qui les traversent.
Par ailleurs, les entreprises souhaitent que ces lieux soient aussi des lieux d’innovation. 42 % des répondants soulignent la nécessité d’un dialogue renforcé entre la recherche, les universités et les entreprises au sein même des quartiers d’affaires. Et 27 % estiment que les initiatives liées à l’intelligence artificielle seront déterminantes pour y parvenir.
Mégatendance #4 – La complexité de la durabilité
La durabilité s’est imposée au cœur de l’agenda des grands quartiers d’affaires mondiaux. L’enquête identifie trois leviers prioritaires pour accélérer la transition : le développement des mobilités bas-carbone (54 %), la rénovation énergétique des bâtiments existants (49 %) et le déploiement d’espaces verts (46 %).
À l’avenir, le succès reposera sur la capacité des quartiers d’affaires à intégrer pleinement les enjeux climatiques dans leur planification, leurs investissements et leur gouvernance. Cependant, le fossé entre les ambitions et les actions demeure profond : moins de 10 % des dirigeants estiment que ces lieux sont en bonne voie pour faire face aux risques climatiques.
3 - 30 grands quartiers d’affaires mondiaux passés au crible de la data
Ces mégatendances se reflètent dans les 2 400 indicateurs et les huit catégories ayant servi à évaluer la performance et l’attractivité de 30 grands quartiers d’affaires mondiaux.