Pourquoi agir est-il désormais urgent ?
Les entreprises et les décideurs publics se trouvent à un moment critique. Les chocs politiques, commerciaux, diplomatiques et technologiques s’additionnent et contraignent l’Europe à définir un nouveau cap si elle veut rester influente dans le concert mondial.
Le recul de l’investissement étranger est un signal d’alerte. En 2024, les 45 pays européens observés par EY ont accueilli moins de projets (-5%), pour une baisse de 16% des emplois. Le niveau des investissements est au plus bas depuis neuf ans. Dans le même temps, les États-Unis attirent toujours davantage de capitaux, dopés par une croissance solide, une énergie peu chère et les incitations massives de l’Inflation Reduction Act (IRA). Depuis 2021, les projets américains en Europe génèrent moitié moins d’emplois. L’effet d’éviction est réel.
Les dirigeants interrogés dans notre enquête de mars 2025 pointent les tensions géopolitiques comme principal facteur de risque, devant le contexte macroéconomique et les barrières commerciales. Mais au-delà du conjoncturel, les rapports Draghi et Letta ont mis en lumière des défis structurels profonds : déficit de compétitivité, retard d’innovation, inadéquation des compétences face aux besoins futurs.
Une France toujours en tête… mais fragilisée
Dans ce paysage contrasté, la France conserve sa première place : avec 1 025 projets d’investissement en 2024, elle reste pour la sixième année consécutive le pays européen le plus attractif en nombre de projets. Certains secteurs stratégiques (IA, énergie, défense, agroalimentaire) confirment leur intérêt pour nos territoires, au-delà des grandes métropoles.
Mais les signaux de fragilité s’accumulent. Le nombre de projets a chuté de 14% en 2024, après une baisse de 5% en 2023. Et les projets étrangers créent en moyenne moins d’emplois qu’ailleurs en Europe. Le coût du travail, la complexité sociale, les freins aux réorganisations, les lenteurs administratives ou encore l’acceptabilité des projets dans certains territoires sont clairement identifiés comme des handicaps.
Des raisons de croire au rebond
La situation reste néanmoins réversible. 61% des dirigeants interrogés estiment que l’attractivité européenne s’améliorera d’ici trois ans, portée par la taille du marché et la qualité des infrastructures. En France, malgré les incertitudes, la confiance revient peu à peu. Les dirigeants étrangers n’abandonnent pas : 70% estiment que l’attractivité hexagonale progressera à l’horizon 2028.
Pourquoi ? Parce que la France est la deuxième économie de la deuxième région économique mondiale et que beaucoup ont vu les effets d’une politique de l’offre sans discontinuité entre 2017 et 2024. Parce qu’elle a su capter l’intérêt dans des secteurs d’avenir où elle dispose de solides atouts : recherche, souveraineté technologique, talents, infrastructures… Parce qu’elle reste perçue comme une puissance crédible, stable et influente dans une Europe fracturée. Un actif stratégique dans un monde devenu incertain.
Douze leviers pour une attractivité renouvelée
Mais ce potentiel ne se concrétisera pas sans un sursaut politique et collectif. Pour que la confiance se traduise en décisions d’investissement, la France et l’Europe doivent recréer un environnement favorable à la croissance, en répondant aux attentes des entreprises : compétitivité, résilience, souveraineté, innovation.
S’appuyant sur l’expérience de ses équipes, sur l’analyse de plus de 5 000 projets par an et sur les retours de près de 1 000 dirigeants internationaux, EY a identifié douze leviers pour renforcer l’attractivité.