Deux personnes testant des données sur un ordinateur

Quelle ambition pour la valorisation des données publiques ?

Les 2 axes essentiels pour réussir la transition numérique, enjeu clé dans le secteur publique.


En résumé

  • Qu'en est-il de la valorisation des données publiques ?
  • Quelle est la principale mesure mise en place ?
  • L’investissement est-il le seul levier d’amélioration ? 

En 2021, la direction interministérielle du numérique (DINUM) a demandé à chaque ministère de définir sa stratégie en matière de données. Des documents qui permettent de mieux comprendre leur niveau de maturité et de tracer des perspectives en matière d’investissements et de formation.

Feuilles de route : quel état des lieux ?

Les orientations stratégiques récemment publiées sur les sites des ministères¹ nous apprennent que seuls 16 % d’entre eux ont une maturité numérique élevée², c’est-à-dire ont recours à la data science, aux API³ ou sont interopérables. 39 % d’entre eux ont une maturité en développement et 45 % démarrent seulement sur le sujet.

Si ces chiffres sont encourageants, c’est encore trop peu comparé à d’autres pays européens comme l’Estonie, le Danemark ou la Finlande qui se distinguent parmi les pays les plus avancés en matière d’e-gouvernement⁴. L’Estonie, perle de l’Europe numérique et créatrice du projet « X-Road » ferait ainsi économiser 1345 années de temps de travail par an aux Estoniens⁵! Une performance lorgnée à l’Ouest de l’Europe. La France, elle, se classe 13e. 

Autre classement, autre indice, l’index d’e-gouvernement de l’ONU permet également d’apprécier la vitesse de la transformation numérique française. Malheureusement, les résultats sont en-deçà des attentes : la France enregistre un recul de la 9e à la 19e place entre 2018 et 2020⁶. Une contre-performance qui s’explique non comme on pourrait le croire par une décélération des investissements consentis par l’Hexagone, mais par une politique encore plus généreuse de la part de ses voisins.

Il faut investir davantage

Dans le cadre de France Relance, la France a mis des investissements sur la table, elle a accéléré l’ouverture des données publiques et testé de nouveaux outils pendant la pandémie. Pourtant, parce que la transition que nous vivons prend une ampleur inédite, les budgets, processus et compétences sont encore sous-dimensionnés. Les défis relevés dans les feuilles de route le montrent : qu’il s’agisse des exigences légales, du volume de données à traiter ou de la formation des agents, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

Selon nos projections, 2 à 10 millions d’euros par an et par ministère pourraient être nécessaires pour mener à bien cette transition – hors budget IT et budget mutualisé – soit environ 230 millions d’euros sur 3 ans pour les 15 ministères concernés.

Budget nécessaire pour la transition numérique
sur 3 ans pour les 15 ministères concernés (hors IT et budget mutualisé)

A la clef, les économies potentielles pourraient s’élever à 25 ou 30 milliards d’euros selon l’OCDE⁷. Un potentiel significatif qui justifie des investissements importants, en particulier dans un contexte inflationniste qui pourrait s’installer avec la hausse tendancielle des prix de l’énergie.

Sans la formation, l’investissement ne jouera pas à plein

Si le recrutement de nouvelles compétences joue un rôle essentiel pour déployer de meilleurs services numériques, la transition ne se fera pas sans la formation des agents, en particulier de ceux qui sont les relais de l’Etat en proximité. De leur capacité à utiliser et expliquer ces nouveaux outils dépendra la diffusion des services numériques publiques et leur appropriation par tous les Français.

Le coup d’accélérateur donné par France Relance, en mobilisant 250 millions d’euros pour l’inclusion numérique, va dans le bon sens. En prévoyant le recrutement de 4000 conseillers et la montée en compétences des aidants professionnels, s’ébauche une politique publique d’appropriation du numérique au sein de l’administration et par les citoyens.

De toute évidence, pour espérer se hisser en haut du palmarès européen, il faut aller vite. Comme la crise du Covid l’a montré, travailler dans une logique partenariale est nécessaire : partenariats avec les acteurs privés plus avancés technologiquement, collaboration avec les hubs régionaux, les collectivités territoriales. Même avec des investissements suffisants, les solutions s’inventent à plusieurs…




Ce qu'il faut retenir

Afin de palier son retard en matière de numérique, le secteur public se doit d’allier deux axes interdépendants d’amélioration : le financement de la transition ainsi que la formation aux outils numériques.
 

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