Aerial view of a circular green maze surrounded by trees and pathways.

Economie Circulaire et écoconception : que nous enseignent les publications des entreprises ?

L'économie circulaire, un levier de performance durable pour les entreprises avec des niveaux de maturité hétérogènes


Le contexte

Contrairement au modèle linéaire traditionnel "extraire-fabriquer-jeter", l'économie circulaire vise à minimiser les déchets et à maximiser l'utilisation des ressources en les maintenant en circulation le plus longtemps possible, permettant ainsi d’aligner les activités économiques sur les limites planétaires1. Nos modèles économiques restent cependant encore majoritairement linéaires : 93,1 % des matériaux utilisés sont vierges2 et 80 % du plastique devient un déchet en moins d’un an3. Historiquement portée par la réglementation, l’économie circulaire s’impose désormais non seulement comme une réponse environnementale indispensable, mais aussi comme un levier de performance et de résilience économique pour les entreprises.

Fort de son expertise, EY a conçu une méthode d’analyse afin d’évaluer la maturité de plus de 50 entreprises françaises et européennes, tous secteurs confondus, en matière d’économie circulaire. Les enseignements clés issus de cette analyse ont été présentés lors d’un webcast et sont présentés dans cet article.

Stratégie et Gouvernance 

67 % des entreprises du panel considèrent comme matériel l’ensemble des étapes de la chaine de valeur4

Une stratégie d’économie circulaire efficace repose sur une approche holistique, alignée avec les autres objectifs de l’entreprise, notamment climatiques et de biodiversité. Pour être réellement transformatrice, elle doit couvrir l’ensemble du cycle de vie des produits, dépassant la logique des 3R (réduction, réutilisation, recyclage) pour engager une réflexion profonde autour du modèle d’affaire. Elle doit également mobiliser toutes les fonctions clés de l’entreprise – achats, R&D, innovation, opérations, marketing, finance – bien au-delà de la RSE. 

Objectifs

47% des entreprises du panel ont fixé des objectifs sur leur packaging et la fin de vie des produits4

41% des entreprises du panel ont des objectifs liés à la valorisation des déchets 

41% des entreprises du panel intègrent l'éco-conception des produits (ACV, R&D, certification) dans leurs objectifs

Pour être véritablement transformants, les objectifs doivent s’appliquer à l’ensemble du portefeuille de produits et être réalistes à court terme tout en étant suffisamment ambitieux à long terme pour transformer le modèle d’affaire et aligner les activités de l’entreprise avec les limites planétaires. Aujourd’hui, les objectifs des entreprises du panel restent majoritairement centrés sur les flux entrants et les déchets avec peu de cibles sur les flux sortants. Enfin, peu d’objectifs répondent aux critères SMART (specific, measurable, achievable, relevant, and time-bound), et sont assortis d’une échéance claire, ce qui freine leur pilotage et leur impact.

Politiques et Actions

49% des entreprises du panel ont déployé un outil de mesure de la performance de leurs produits et/ou de leurs packagings4

55% des entreprises du panel participent à une coalition autour de l’économie circulaire4

Les politiques d’économie circulaire les plus ambitieuses agissent sur l’ensemble du cycle de vie des produits, y compris sur l’usage et la fin de vie, des étapes essentielles pour transformer les comportements et les modèles économiques. Les entreprises concentrent aujourd’hui leurs actions circulaires sur les étapes amont de la chaine de valeur (utilisation de matières secondaires) et les opérations propres (la recyclabilité — notamment des emballages — et la réduction des déchets). La participation active à des coalitions sectorielles apparaît également comme un levier clé pour construire des référentiels communs, faire évoluer les usages et accélérer la transformation à l’échelle de la chaîne de valeur.

Indicateurs de Performance

Pour un pilotage efficace de la performance, il est essentiel de développer des indicateurs adaptés à chaque entreprise ou secteur, allant au-delà des indicateurs généralistes de l’ESRS E5 et reposant sur des méthodologies partagées et transparentes, afin de garantir la comparabilité et la pertinence des résultats. Les coalitions sectorielles ont un rôle clé à jouer dans la mise en place de ces indicateurs.

En conclusion, ce qu’il faut retenir

Longtemps perçue comme une contrainte réglementaire, l’économie circulaire s’impose comme un impératif stratégique face notamment à la raréfaction des ressources : plus les entreprises s’y engagent tôt, plus leur modèle économique devient résilient et créateur de valeur pérenne. Pour faire passer la circularité d’une ambition à une réalité mesurable et créatrice de valeur, celle-ci doit être intégrée à la stratégie de l’entreprise, traduite en objectifs ambitieux mais réalistes et déclinée en actions concrètes sur l’ensemble du cycle de vie des produits. La mise en place d’indicateurs adaptés et sectoriels est également essentielle pour piloter efficacement la transformation.  


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Ce qu'il faut retenir

Les entreprises les plus avancées en matière d’économie circulaire adoptent une approche systémique, mobilisant l’ensemble des fonctions au-delà de la seule direction RSE. Elles définissent des objectifs ambitieux à l’échelle de leur portefeuille produits, intégrant des transformations durables de leur modèle d’affaires. La collaboration avec les parties prenantes de la chaîne de valeur s’impose comme un levier clé, comme en témoigne l’engagement de 55 % des entreprises interrogées dans des coalitions dédiées. La mise en place d’indicateurs spécifiques à chaque entité, combinée à l’émergence de référentiels sectoriels, renforce la robustesse et la comparabilité des mesures de performance circulaire.

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