Comment évaluer son capital social et humain ?

Les entreprises qui souhaitent évaluer leur capital naturel, social et humain doivent suivre une approche en six étapes pour mesurer leurs impacts sur ces sujets.

Dans un récent article, Comment mesurer plus efficacement les résultats ?, nous avons discuté de l’élargissement de la création de valeur. Nous avons vu pourquoi ce sujet est si souvent abordé, comment ce concept est actuellement utilisé et comment il pourrait évoluer.

Cet article expliquait que dans la société actuelle, les entreprises doivent à tout prix prouver que leurs bénéfices ne se font pas aux dépens des individus et de la planète. Les actionnaires, comme d’autres parties prenantes, sont de plus en plus nombreux à demander aux organisations de justifier leurs impacts extra-financiers et de montrer que leur raison d’être profite à la société. Pour répondre à cette attente, les organisations tentent donc de mesurer leur impact extra-financier ainsi que leur valeur immatérielle.

Après avoir défini le « quoi » et le « pourquoi », les organisations se tournent de plus en plus vers le « comment ». Plutôt que de se contenter de reconnaître que le capital social et humain est important, les entreprises essaient de définir comment mesurer et évaluer formellement leurs impacts et leurs dépendances. Elles utilisent également ces informations dans leurs processus de prise de décision.

Cet article, qui fait suite à celui que nous venons d’évoquer, s’intéresse aux avantages d’une gestion plus efficace du capital humain et social, et aborde les six étapes qui permettent de mesurer efficacement ses impacts.

Pourquoi mesurer le capital social et humain ?

Le World Business Council on Sustainable Development (WBCSD) définit le capital social comme les réseaux qui gravitent autour des entreprises, ainsi que leurs normes, leurs valeurs et leurs idées communes. Il décrit le capital humain comme l’ensemble des connaissances, aptitudes, compétences et attributs d’un individu.

La gestion du capital social et humain nécessite des investissements et des ressources, mais elle peut contribuer à créer de la valeur commerciale à long terme en mettant en évidence les dépendances et les risques clés. Elle peut également améliorer la communication et l’engagement auprès d’un large éventail de parties prenantes. Les entreprises peuvent atteindre les résultats suivants en gérant plus efficacement leur capital social et humain :

                     

Augmentation de la création de valeur                                                                                                                                      

     
  • La valeur a changé de forme : à l’échelle mondiale, la majorité de la valeur du marché est maintenant définie comme de la « valeur immatérielle ». Les entreprises doivent revoir leurs métriques traditionnelles et les mettre à jour ou les remplacer par des métriques capables de prouver aux investisseurs qu’une organisation est résiliente et offre une proposition réfléchie.
  • Investissements en développement durable : les investisseurs tentent de plus en plus de comprendre les impacts de leurs investissements ou choisissent d’investir dans des fonds d’investissement thématiques ou à impact social.
  • Augmentation de la perception des parties prenantes : plus que jamais, les consommateurs, les employés et les organismes de réglementation sanctionnent ceux qui négligent la valeur sociale et environnementale.
  • Accès au capital et investissements à impact social : les investisseurs récompensent ceux qui fournissent des données crédibles sur la façon dont ils ont pris en compte les risques en matière de durabilité, mais aussi sur les méthodes qu’ils ont adoptées pour améliorer leur valeur en renforçant les ressources humaines et naturelles sous-jacentes à leurs marchés.
  • Chaîne de valeur et résilience du marché : les entreprises sont de plus en plus incitées à résoudre les problèmes sociaux et environnementaux liés à leurs activités. Cela leur permet en effet de renforcer la fidélité de leurs parties prenantes, mais aussi de développer de nouvelles opportunités de croissance. Il est désormais essentiel d’aligner les prises de décisions commerciales à court terme avec leur impact global sur la société.
 

Meilleure gestion des risques                                                                            

     
  • Renforcer les chaînes de valeur : les organisations doivent s’efforcer d’améliorer la résilience des chaînes de valeur une fois les risques, les dépendances et les points sensibles en matière d’impact social et environnemental identifiés.
  • Anticipez les réglementations gouvernementales susceptibles d’internaliser les coûts en capital social et de réduire la rentabilité de certaines activités.
 

Amélioration de la prise de décision

     
  • De l’externalisation à l’internalisation : les organisations doivent internaliser leurs coûts sociaux et humains afin de générer davantage de valeur pour les parties prenantes.
  • Évaluer, valider ou améliorer les investissements : les organisations doivent chercher à stimuler la création de valeur dans les programmes de développement durable en se concentrant sur les investissements.
  • Améliorer les composantes des modèles économiques : les organisations peuvent améliorer leur capacité à créer de la valeur pour toutes les parties prenantes à long terme en s’intéressant à l’ensemble de l’entreprise.
 

Engagement des parties prenantes

     
  • Comprendre les impacts et les dépendances : les organisations doivent mieux comprendre leur chaîne de valeur afin d’identifier les besoins et les vecteurs de valeur des parties prenantes.
  • Renforcer les relations avec les parties prenantes : une meilleure compréhension de la création de valeur partagée et de l’épuisement peut renforcer les relations avec les parties prenantes.
  • Renforcer la « licence sociale d’exploitation » de l’entreprise : les organisations doivent travailler avec les communautés locales, les employés et les organismes de réglementation pour s’assurer que leurs opérations sont approuvées.
 

Amélioration de la communication

 

     
  • Présenter la valeur totale des activités d’une entreprise : les communications doivent détailler le modèle économique, les produits et les services, et commencer à définir la valeur immatérielle avec des termes concrets.
  • Aligner le reporting : le reporting doit inclure la création de valeur à travers différents capitaux (p. ex., reporting intégré ou valeur à long terme) et montrer comment la raison d’être d’une entreprise apporte de la valeur à un plus large éventail de parties prenantes.
 
 

Quelles sont les stratégies disponibles pour mesurer ses impacts ?

La demande en outils et en processus ne cesse d’augmenter, pourtant les ressources disponibles restent rares.

Les organismes de normalisation et les coalitions comblent ce manque en menant des recherches et en proposant des conseils. Par exemple, le WBCSD a récemment lancé la Social & Human Capital Coalition (Coalition pour le capital social et humain) dans le cadre de son programme « Redefining Value » (Redéfinir la valeur), dont la mission est d’élaborer un protocole visant à reconnaître la valeur des individus et des communautés. Ce protocole fournira un processus cohérent pour mesurer, évaluer et gérer le capital social et humain, ainsi qu’un cadre pour mener une action concertée envers des approches harmonisées. Selon l’étude de cas du comité Redifining Value du WBCSD, « il est essentiel de développer une approche crédible et faisant consensus, non seulement pour mettre en valeur notre performance auprès des parties prenantes et des actionnaires, mais aussi pour nous assurer que les efforts réalisés en matière de mesures et de reporting contribuent à favoriser de manière continue des pratiques plus durables sur le plan social. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons obtenir des résultats capables de transformer véritablement notre façon de travailler. »1

Comme la comptabilité financière, l’harmonisation des différentes approches prendra du temps. Les recherches universitaires, les retours des premiers adoptants et les avis des professionnels permettront d’élaborer et d’affiner de nouvelles normes et de nouveaux processus.

Quelles sont les étapes préliminaires pour mesurer les impacts ?

Malgré l’absence de normes uniformisées, de plus en plus d’entreprises tentent d’attribuer une valeur au capital naturel et, de plus en plus, au capital social et humain. Cette approche soutient une transition vers une vision intégrée de la création de valeur, incluant les dimensions de valeur partagée et d’externalités.

La composition du capital social et humain peut varier d’une organisation à l’autre. Cependant, les organisations peuvent prendre les mesures suivantes pour mesurer leurs impacts :

  • Étape 1 : Déterminer les éléments à mesurer
  • Étape 2 : Identifier les impacts positifs et négatifs du projet
  • Étape 3 : Évaluer le seul de signification
  • Étape 4 : Développer des métriques
  • Étape 5 : Mener des enquêtes et collecter des données
  • Étape 6 : Reporting

Étape 1 : Déterminer les éléments à mesurer

La détermination de la portée et des limites de vos mesures dépend des objectifs de vos projets, programmes et activités stratégiques. Vous pouvez utiliser des modèles logiques pour identifier plus facilement les activités d’entrée et de sortie et les résultats afin d’affiner les objectifs et de définir la portée de la mesure.

Étape 2 : Identifier les impacts positifs et négatifs du projet

Une fois que vous avez défini les objectifs et la portée du projet, vous pouvez identifier les points positifs et négatifs potentiels du projet. On parle également de « théorie du changement » : ce processus permet d’identifier les liens de causalité et les conditions nécessaires pour permettre un changement dans les résultats identifiés, qui peuvent être accentués ou atténués selon leur impact.

Étape 3 : Évaluer le seul de signification

Une fois qu’elle a développé la théorie du changement, une organisation qui souhaite tirer le meilleur parti de son capital social et humain doit identifier ses impacts et dépendances prioritaires, puis développer des stratégies de gestion durable de la valeur sociale et du capital. Pour cela, elle doit tout d’abord évaluer son seuil de signification, une étape qui implique les conditions suivantes :

     
  • S’engager avec les parties prenantes internes et externes et solliciter leur avis sur la définition du capital social et humain de l’organisation
  • Identifier les domaines dans lesquels l’entreprise pourrait avoir un impact matériel maximal ainsi que les éventuelles dépendances de l’organisation
 

Étape 4 : Développer des métriques

Pour les sujets les plus substantiels, il convient pour identifier les métriques à utiliser pour mesurer les résultats d’élaborer des critères et des stratégies de reporting sur la manière dont les données seront collectées. Malgré les complexités, les organisations sont peut-être plus avancées qu’elles ne le pensent. Il se peut que des groupes au sein de l’organisation aient déjà mesuré le retour sur investissement (ROI) des initiatives existantes en matière de capital social et humain, telles que les programmes de formation, les relations avec les organismes de normalisation et l’implication auprès des communautés locales. Une organisation doit s’appuyer sur toutes les démonstrations de faisabilité existantes à sa disposition pour prendre une longueur d’avance.

Étape 5 : Mener des enquêtes et collecter des données

Une fois les métriques développées, il convient de déterminer la fréquence de mesure et les outils d’enquête à utiliser pour rassembler des données à des fins d’analyse. Les données rassemblées doivent être analysées à l’aide d’une stratégie de mesure des impacts pensée pour répondre aux objectifs de mesure de l’organisation. Les différentes approches de mesure des impacts commencent tout juste à s’harmoniser, mais les premiers principes préconisés par l’approche du ROI social peuvent être appliqués afin de s’assurer que les principes fondamentaux de la mesure des impacts sont pris en compte de manière cohérente dans la stratégie.

Étape 6 : Reporting

Une fois que l’organisation a défini ses métriques pour mesurer son capital social et humain (y compris, le cas échéant, des références et des cibles associées), elle peut élaborer un tableau de bord interne et un cadre de reporting externe afin de mieux communiquer sur sa stratégie, son avancement et ses engagements auprès des parties prenantes concernées.

Que les organisations tentent d’évaluer leur capital social et humain pour la première fois ou qu’elles cherchent à mieux intégrer ces capitaux dans leur modèle économique, celles qui agiront avant les autres profiteront d’un avantage certain dans cette période de changement.

Les équipes de mesure des impacts d’EY peuvent vous aider à mettre en place ou à améliorer l’efficacité de vos systèmes de mesure, de gestion et de reporting dédiés à la valeur immatérielle.

Certains services et outils peuvent être limités pour que les clients d’audit d’EY et leurs sociétés affiliées se conforment aux normes d’indépendance applicables. Pour plus d’informations, veuillez demander à votre contact d’EY.

Ce qu'il faut retenir

Les actionnaires et les parties prenantes sont de plus en plus nombreux à demander aux organisations de justifier leurs impacts extra-financiers et de montrer que leur raison d’être profite à la société, comme le montrent la montée en puissance des fonds d’investissement à impact social et l’augmentation des investissements durables au cours des deux dernières années. Pour répondre à cette attente, les organisations tentent donc de mesurer leur impact extra-financier et de comprendre leur valeur immatérielle.