12 août 2020
2020 : une année historiquement noire pour le spectacle vivant

2020 : une année historiquement noire pour le spectacle vivant

2020 est d’ores et déjà une année historiquement noire pour le spectacle vivant musical : depuis près de six mois, toute l’activité des producteurs, diffuseurs, gestionnaires de salles et festivals est à l’arrêt absolu.

Sollicités par le PRODISS, l’organisation professionnelle des acteurs du secteur, les équipes EY ont cherché à évaluer l’impact économique de cette double crise, sanitaire et économique, sur les entreprises du live.

Nous avons estimé que dans un scénario noir, malheureusement de plus en plus probable, où aucun redémarrage à plein régime ne serait envisageable avant janvier 2021, les pertes de chiffres d’affaires sur l’année 2020 s’élèveraient à 1,8 Md€, soit une baisse de 84% par rapport aux prévisions du secteur.

Au-delà de ces pertes de revenus, compte tenu de leur structure de charges, les entreprises du PRODISS vont subir une perte sèche de 176 M€ d’ici à la fin de l’année. De plus, en prenant en compte la très faible rentabilité des adhérents du PRODISS (1,5% de marge nette en 2017), cette perte correspond à 6 années de marge nette. En d’autres termes, en l’absence de tout nouvel investissement, le secteur ne pourra rattraper ses pertes qu’à l’horizon 2027.

De ce fait, la santé financière des entreprises du secteur, majoritairement composé de TPE et PME, se trouve grandement fragilisée dans ce scenario noir. Si les aides d’urgence de l’Etat ont permis d’éviter une catastrophe économique dès le premier semestre, la situation à moyen terme du secteur s’avère particulièrement intenable : en effet, nous estimons que 51% des entreprises du spectacle seraient menacées de faillite dès la fin 2020 ou 2021.

Il ne s’agit pas uniquement d’entreprises, mais d’emploi : cette fragilité économique et financière en 2020 et 2021 aura un impact conséquent sur les professionnels du secteur, avec un risque de réduction prévisionnelle de 76% (-21 635) du nombre d’emplois en CDDU (en effectifs) dans ce scénario catastrophe. Concernant les salariés permanents, l’impact serait de 46% (-4 182) sur le nombre d’emplois (en effectifs). De plus, les risques de défaillance des entreprises du secteur menaceraient entre 2 800 et 3 300 salariés permanents supplémentaires sur 2020 et 2021, toujours dans un scénario sans spectacle avant janvier 2021.

In fine, au-delà des enjeux purement économiques, c’est toute la capacité de la filière musicale dans son ensemble à faire se rencontrer les artistes et leurs publics, à se produire dans les territoires, à accompagner l’émergence de nouveaux talents qui est menacée. Plus de six mois déjà sans spectacles, c’est à la fois long pour les professionnels et les artistes, bien entendu, mais aussi, pour les publics, pour nous tous. 

Ce qu'il faut retenir

Dans un scénario noir où aucun spectacle ne reprendrait avant janvier 2021, nous estimons les pertes de chiffre d’affaires (CA) à hauteur de 1,8 Md€ pour l’année 2020 (soit -84%). , les entreprises du PRODISS vont subir une perte de sèche de 176 M€ d’ici à la fin de l’année.

Cette perte correspond à 6 années de marge nette. En d’autres termes, en l’absence de tout nouvel investissement, le secteur ne pourra rattraper ses pertes qu’à l’horizon 2027. 

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