Compte tenu des difficultés observées sur les marchés financiers, les sociétés ont décalé leurs introductions en bourse et se sont davantage tournées vers les fonds d’investissements pour soutenir leur croissance.
Cédric Garcia
Partner, Conseil comptable et financier, IPO Leader, France
La healthtech française se démarque
En France, Le secteur de la healthtech se démarque par son dynamisme. Le niveau de financement de ce secteur a surpassé celui de 2021 de 14% avec 2,6Md€ de levés. Les montants levés sont plus importants alors que le nombre d’opérations s’est resserré. Le financement par le capital-risque tire cette croissance. Par ailleurs, la capitalisation boursière des healthtech tricolores chute de 45% en 2022 par rapport à 2021, passant de 10,9Md€ à 6,05Md€.
Le capital-risque du secteur de la santé en France ne connaît pas la morosité puisque le dynamisme de 2021 s’est maintenu voire a même progressé de 14% en 2022. La France enregistre 1,8Md€ de levés via le capital-risque. Parmi ces levées, 16 opérations ont eu un ticket supérieur à 30M€. Cette belle performance est portée par le financement de sociétés de la e-santé. Il est à noter que les biotechnologies et les medtech ne sont pas en reste puisqu’elles ont également réalisé de beaux tours privés.
Les introductions en Bourse de sociétés françaises de la healthtech ont comptabilisé 198M€ de levés pour 6 IPO de sociétés et 2 IPO de sociétés de financement de la santé. En 2022, les fonds levés par des introductions en Bourse restent tout de même moins significatifs que par le capital-risque. Les investisseurs portent leur intérêt sur deux activités au cœur du développement de la healthTech moderne : le bio-manufacturing et la Contract Development and Manufacturing Organization (CDMO).
En 2022, le refinancement sur les marchés pour les sociétés françaises a connu une légère baisse en nombre d’opérations (22 contre 29 en 2021) alors que les montants levés ont été plus conséquents (+14%). Le format des refinancements a évolué avec des opérations significatives et plus rapides. Le recours à la dette s’est maintenu mais avec une typologie de financement qui a évolué (BEI vs PGE).
Ce qu'il faut retenir
Après des années 2020 et 2021 exceptionnelles en termes de financement, l’année 2022 est bien plus contrastée, avec des points bas qui n’avaient pas été atteints depuis longtemps sur l’ensemble des zones géographiques. Marqué par de profonds changements macro-économiques, les marchés boursiers ont été marqués par des volatilités importantes et par une défiance globale des investisseurs. Des investisseurs qui ont fait le choix de se recentrer sur des sociétés au modèle économique éprouvé en termes de profitabilité, délaissant les valeurs technologiques. Le secteur de la santé s’est davantage tourné cette année vers les financements privés et le M&A.