L’édition de logiciels, une filière en croissance qui démontre une bonne capacité de résilience face à la crise
11 ans de croissance ininterrompue pour un secteur à forte capacité de résilience : le chiffre d’affaires des 269 éditeurs inclus dans le panorama en 2020 atteint 17,9 milliards d’euros. Ce chiffre d’affaires a plus que doublé depuis le lancement du panorama : en 2010, les 297 éditeurs qui avaient participé à l’étude avaient réalisé 7,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires édition. La croissance globale enregistrée est de 9% pour l’ensemble des entreprises du panel contre 7% en 2019. Après une année 2020 marquée par la crise, les éditeurs de logiciels sont beaucoup plus optimistes pour 2021 qui pourrait être une année record en termes de croissance. 56% du panel misent sur des prévisions de croissance sur 2021 supérieures à deux chiffres (contre 48% en 2019). Seules 1,5% des entreprises prévoient de la décroissance.
Des disparités existent tout de même au sein du secteur : la catégorie des Particuliers et Jeux connait une accélération très supérieure à la moyenne en 2020 (+35% versus -5% en 2019) portée principalement par Ubisoft (+40% en 2020 versus -14% en 2019). Le contexte du confinement semble avoir eu un effet positif sur le dynamisme de cette catégorie qui génère un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros. Les taux de croissance des éditeurs sectoriels et horizontaux sont quant à eux moins élevés en 2020. Les éditeurs sectoriels de logiciels, poids lourd du secteur, continuent de dominer le panel à la fois en termes de chiffre d’affaires généré qu’en nombre de sociétés. Comme les années précédentes, Dassault Systèmes et Criteo, à eux-seuls, contribuent à hauteur de 53% à cette catégorie. Du côté des éditeurs horizontaux, Talend, récemment racheté par un fonds américain, a généré un chiffre d’affaires en croissance de 20% en 2020.
Malgré la crise et un environnement incertain, les éditeurs ont poursuivi leur internationalisation en 2020 : la part du chiffre d’affaires réalisé hors de nos frontières est de 59% (soit +2 points par rapport à l’année précédente). Cette hausse est principalement liée aux champions nationaux pesant plus de 100 M€ de chiffre d’affaires et déjà bien établis à l’international : 66% d’activité réalisée hors de France contre 62% dans le panorama de l’année dernière.
Si la France reste le premier pays contributeur en matière de chiffre d’affaires pour 85% des éditeurs du panel, ils anticipent une baisse relative de cette part dans le futur, n’étant plus que 69 % à penser que la France sera le premier pays contributeur dans un horizon de temps plus long. Les Etats-Unis restent d’ailleurs le second marché après la France : 34% du panel les identifient comme un relais de croissance, les plaçant parmi les trois principaux pays contributeurs de leur chiffre d’affaires dans leurs projections d’avenir.
Les éditeurs de logiciels maintiennent leur ambition en matière de croissance externe : bien que l’intérêt des éditeurs de logiciels pour de la croissance externe marque le pas (18% d’entre eux déclarent en avoir réalisée une en 2020 - contre 22% l’année passée), la moitié d’entre eux se déclarent prêts à envisager une opération de ce type à l’avenir, principalement sur le territoire français. Autre constat intéressant : ces opérations de croissance ne sont pas réservées qu’aux plus grand éditeurs puisque des éditeurs de taille moyenne en ont également réalisé.
Le financement, notamment via des levées de fonds, reste un enjeu clé du développement des éditeurs : en dépit de la crise, la quasi-totalité des éditeurs ont recours à l’autofinancement (90%), signe d’une bonne santé financière du secteur. 70% d’entre eux ont aussi recours à l’endettement bancaire et 30% au capital-investissement en France. Les chiffres sont stables par rapport au panorama de l’année dernière. Cependant, du 1er janvier 2020 au 30 septembre 2021, le cumul des levées de fonds dans le secteur du logiciel, calculé sur un Top 20, s’élève à 3 668 M€ contre 1 446 M€ sur la même période en 2019/2020. Cette explosion des financements en capital investissement est principalement due à la progression des tours de financement supérieurs à 100 M€ : 12 en 2020/2021 contre seulement 4 en 2019/2020.
Un véritable changement de modèle économique avec le SaaS comme nouveau standard du marché : les éditeurs français continuent leur accélération vers le modèle Software as a Service qui représente 43% du chiffre d’affaires édition du panel. Lors de la première étude du Top 250 des éditeurs de logiciels en 2010, le chiffre d’affaires SaaS représentait 10% de l’activité. Considéré désormais comme un standard marché, les éditeurs sont de plus en plus nombreux à intégrer des KPIs propres au SaaS, comme le revenu mensuel récurrent ou le taux de non-renouvellement des contrats.
A noter, la sécurité est citée comme la priorité 1 par 10% du panel (contre 8% l’année passée), certainement en raison de l’accroissement des cyber-risques et la multiplication des attaques en 2020.
Le recrutement et la gestion des talents : un impératif pour soutenir la croissance : depuis 2010, les effectifs des éditeurs de logiciels français n’ont pas cessé de croître et les effectifs des pure players ont quant à eux presque doublé. Plus de 80% des entreprises du panel ont fait croitre leurs effectifs sur l’année 2020, avec près de 13 600 emplois nets créés dans le secteur. Cette dynamique devrait se poursuivre puisque 85% des éditeurs prévoient d’augmenter leurs effectifs en 2021.
Toutefois, les difficultés de recrutement, signalées depuis plusieurs années perdurent et se font ressentir par 83% des éditeurs français (contre 78% dans le panorama de l’année passée). 73% des éditeurs précisent que leur développement est freiné par ces difficultés de recrutement. Les profils de développeurs restent les plus recherchés. L’atteinte de la parité constitue aussi un enjeu majeur pour les éditeurs de logiciels au cours des prochaines années.
Peu importe la taille des éditeurs de logiciels, l’innovation reste un facteur clé de succès : par exemple, 22% du chiffre d’affaires généré par les éditeurs est investi en recherche et développement. Le Crédit Impôt Recherche reste un dispositif plébiscité puisque 71% des éditeurs français y ont eu recours en 2020, tout comme le Crédit d’impôt Innovation utilisé par 56% du panel. Le fort ancrage territorial s’observe également dans la localisation des effectifs R&D de l’ensemble du panel : 60% sont basés en France.
La cybersécurité, une menace croissante : 51 % d’entre eux déclarent avoir fait face à une tentative d’intrusion dans leurs systèmes informatiques depuis le 1er janvier 2020 (dont 39% plusieurs fois). Les datacenters externes ou les fournisseurs cloud sont largement utilisés avec un pourcentage cumulé de 77% : les éditeurs préfèrent confier l’hébergement des données à des spécialistes en mesure notamment de les prémunir contre le risque de cyberattaques.
« Notre panorama des éditeurs de logiciels français confirme encore une fois le dynamisme de notre filière et sa capacité à s’adapter à une crise sans précédent, déclare Stanislas de Rémur, président du collège Editeurs et Plateformes de Numeum. Et même si la sortie de crise peut présenter quelques incertitudes, 56 % des éditeurs français s’attendent à une croissance supérieure à deux chiffres en 2021 ! Créateurs nets d’emplois, ils permettent aussi de renforcer la compétitivité de l’ensemble des entreprises nationales et de créer ou de sécuriser des emplois dans d’autres secteurs. L’adoption massive des services et solutions numériques sera aussi la solution pour permettre à nos industries d’aller plus loin et de continuer à innover ! »