6 min de temps de lecture 24 sept. 2020
Quand le plastique n’emballe plus : quelles alternatives au tout jetable ?

Quand le plastique n’emballe plus : quelles alternatives au tout jetable ?

Par Eric Mugnier

Associé, Climate Change & Sustainability, France

Passionné par l’innovation durable, énergique et engagé, investi dans la réussite de projets de transformation à impact. Émerveillé par la beauté de notre planète.

6 min de temps de lecture 24 sept. 2020

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Les nouvelles attentes sociétales et exigences réglementaires appellent le monde économique à se transformer en profondeur et durablement, nécessitant la mobilisation d’expertises permettant d’innover et de trouver les meilleurs compromis entre les impératifs écologiques, humains et industriels.

EY et le WWF apportent un éclairage sur les alternatives possibles en France aux emballages plastiques à usage unique, leur impact sur l’environnement et les conditions de leur mise en œuvre à grande échelle. 

Au cours du siècle dernier, les emballages ont accompagné les profondes mutations des pratiques de consommation des Français. L’arrivée du plastique dans les années 1960 a été une révolution.

Il s’est progressivement imposé comme une matière incontournable pour répondre à toutes les fonctions de l’emballage : protéger le produit pendant le transport, préserver la qualité du contenu, garantir la sécurité sanitaire, offrir une variété de formats pour s’adapter aux différents usages, faciliter la traçabilité et la mise à disposition d’informations au consommateur.

 

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La sortie du plastique à usage unique s’impose pour les emballages plastiques ménagers

Le plastique accompagne désormais notre consommation quotidienne, à domicile ou en usage nomade, en achat en magasin ou en livraison à domicile.

Symboles d’une société du jetable, les emballages plastiques sont aujourd’hui, comme la plupart des emballages ménagers, majoritairement à usage unique, et la majorité n’est à ce jour pas recyclée. 

Production croissante de déchets d’emballages plastiques ménagers

1,2

millions de tonnes en France, soit 71kg par foyer

Performance limitée du recylcage

26,5%

taux de recyclage en France en 2018 (vs 41% en moyenne dans l’UE)

Cependant, la volonté de changer de modèle d’emballage s’affirme de plus en plus chez les consommateurs, et les récentes évolutions réglementaires aux niveaux européen et français actent également ce changement de modèle à venir. En ce sens, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire prévoit :

  • La fin de tous les emballages en plastique à usage unique d’ici 2040,
  • -50% de bouteille plastique à usage unique d’ici 2030,
  • L’augmentation de la part d’emballages réemployés à 5% des unités de vente en 2023, et 10% en 2027.

Le choix de l’alternative au plastique dépend de la nature des produits

Au-delà de l’amélioration du recyclage, la priorité doit donc être donnée à la réduction à la source des quantités d’emballages plastiques à usage unique mises sur le marché. Il est urgent de les substituer par des alternatives plus économes en ressources naturelles, limitant au maximum la production de déchets, et qui soient acceptables sur les plans économiques et sociaux.

Des alternatives existent déjà, mais sont encore marginales et peu optimisées, car elles requièrent des changements sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’emballage, pour les consommateurs, ainsi que des évolutions réglementaires. 

L’identification d’alternatives nécessite donc de rechercher le meilleur équilibre entre la réduction de l’impact environnemental et les conséquences pour les acteurs économiques comme pour les consommateurs.

Pour un panier de neuf produits de consommation courante conditionnés en emballages plastiques à usage unique et représentatifs de la consommation française, les alternatives ont été choisies selon la nature des produits :

  • Vrac : produits alimentaires de longue conservation et peu sensibles , et produits non-alimentaires (lessive, gel douche, etc.).
  • Vente assistée : produits alimentaires sensibles et nécessitant une opération pour le service : découpe, service par portion, etc.
  • Changement d’usage : produits pour lesquels il existe une alternative de vente sans emballage
  • Consigne pour réemploi : La consigne pour réemploi permet une baisse des émissions de gaz à effet de serre proportionnellement au nombre de réutilisations de l’emballage consigné et de la distance parcouru. Possible pour produits alimentaires de longue conservation et sensibles, produits consommés par portion recommandée, et produits non-alimentaires.

La combinaison des alternatives permettrait d’abaisser la production de déchets d’emballages plastiques ménagers de près de 400 000 tonnes, sur 1,2 millions de tonnes générées chaque année.

Réductions de déchets d’emballages plastiques ménagers

400 000

tonnes par an, grâce aux alternatives

Chaque alternative contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Compte-tenu des ventes annuelles, les plus fortes réductions sont apportées par le passage à l’eau du robinet, le passage au savon solide, et les pots de yaourts consignés pour réemploi.

La consigne pour réemploi réduit les émissions de gaz à effet de serre, quelque-soit le produit, mais consomme de l’eau pour le nettoyage des contenants usagés.

Le vrac et la vente assistée induisent des gains sur l’ensemble des indicateurs. Ces gains sont accrus lorsque les consommateurs utilisent des contenants réemployables qu’ils apportent pour leurs achats.


Des alternatives bénéfiques pour l’environnement, dont certains impacts restent à optimiser

Le vrac et la vente assistée font déjà partie du paysage de la distribution en France. Pour les déployer à grande échelle, il faudra :

  • Faciliter l’acte d’achat : temps de service, service de la juste dose, pertes de produits
  • Adapter les points de vente : limiter le risque de fraude et les opérations de maintenance
  • Inciter les consommateurs à apporter leurs propres contenants lors de leurs achats.

Les changements d’usage impactent fortement l’ensemble de la chaîne de valeur et les habitudes des consommateurs. Pour accompagner la transition, les acteurs industriels et distributeurs doivent développer une offre de produits répondant aux mêmes usages que les produits en emballages plastiques (ex : shampooings et après-shampooings).

La consigne pour réemploi nécessite l’adaptation des chaînes de valeurs pour :

  • Standardiser les contenants et mutualiser les chaînes logistiques et usines de nettoyage des contenants usagés
  • Optimiser les chaînes logistiques : transport multimodal, maillage de la production et des sites de nettoyage des contenants pour raccourcir les distances,
  • Perfectionner les usines de nettoyage des contenants usagés pour réduire la consommation d’eau.

Pour mettre en œuvre cette transformation des usages, l’appui des pouvoirs publics s’avère nécessaire pour :

  • Accompagner les secteurs les plus concernés par les transformations à mener
  • Coordonner les réflexions et les projets de développement des alternatives entre l’ensemble des acteurs
  • Favoriser les dispositifs qui limitent l’impact des investissements et du prix des contenants
  • Déployer des campagnes

Si les initiatives des pouvoirs publics, et des industriels sont essentielles, le principal acteur du changement sur l'enjeu des emballages plastiques reste le consommateur. Pour que de réelles évolutions s'opèrent, il faut donc le convaincre, en lui proposant des solutions durables mais aussi économiques et pratiques.

Ce qu'il faut retenir

Les emballages plastiques sont ancrés dans notre consommation quotidienne : symboles d’une société du jetable, ils sont majoritairement à usage unique, et la majorité n’est à ce jour pas recyclée. Au-delà de l’amélioration du recyclage, la priorité doit donc être donnée à la réduction à la source des quantités d’emballages plastiques. L’identification d’alternatives nécessite donc de rechercher l’équilibre entre la réduction de l’impact environnemental et les conséquences pour les acteurs économiques comme pour les consommateurs. Il faudra ainsi faciliter l’acte d’achat, adapter les points de vente et inciter les consommateurs à adopter de nouvelles habitudes de consommation.

A propos de cet article

Par Eric Mugnier

Associé, Climate Change & Sustainability, France

Passionné par l’innovation durable, énergique et engagé, investi dans la réussite de projets de transformation à impact. Émerveillé par la beauté de notre planète.