L’IA offre de magnifiques opportunités. Pour les saisir, une triple mutation de l'entreprise et de son organisation est nécessaire.
Pour gagner un avantage compétitif grâce à l'intelligence artificielle, une triple mutation de l'entreprise et de son organisation doit intervenir.
L’intelligence artificielle (AI) offre de magnifiques opportunités. Pour les saisir, une triple mutation de l'entreprise et de son organisation est nécessaire. Pour orchestrer ces transformations, les dirigeants doivent se poser trois questions.
1. Le comité de direction a-t-il saisi la mesure de l'enjeu et réalisé l’urgence ?
Selon l'étude « Artificial intelligence in Europe, Outlook for 2019 and Beyond, How 277 Major Companies Benefit from AI » réalisée par EY, 71 % des dirigeants considèrent l'intelligence artificielle (IA) comme stratégique, mais seules 4 % des grandes entreprises l'emploient dans de nombreux processus ou services. La pénurie de talents, la maîtrise des risques et de la conformité, la difficulté d'industrialisation dans les infrastructures existantes, et l'insuffisance de données de qualité sont les principales raisons évoquées. Un coaching dédié des équipes managériales sera sans doute indispensable pour tirer de l'IA une valeur durable.
2. La mise en oeuvre à l’échelle industrielle est-elle maîtrisée ?
A quoi sert l'IA ? Elle œuvre essentiellement à la modélisation des risques, à des politiques de conformité, d'actuariat ou de marketing, à l'amélioration de la lutte contre le crime financier ou la fraude. Timidement, il faut bien l’avouer, elle gagne les centres de contacts clients.
Or, le secteur financier peine encore à intégrer les nouvelles solutions nécessaires à l'IA à leurs systèmes informatiques aux technologies souvent obsolètes car vieilles de plus d'un demi-siècle. Quant aux nombreuses initiatives lancées en partenariat avec des fintechIA, elles ne dépassent que trop rarement le stade du pilote.
Certes, la majorité des établissements se lancent dans la création de plateformes IA en interne. Mais le retard et la relative faiblesse des investissements consacrés, le manque d'attractivité de talents n’ont pas les effets escomptés puisque ces projets servent in fine à produire des services plus onéreux et moins performants que les offres cloud disponibles.
Si les infrastructures et services IA proposés en cloud par les géants technologiques permettent donc de disposer rapidement d'une plateforme à l'état de l'art, force est de constater que la majorité des établissements financiers s'en privent malheureusement en restreignant l'usage du cloud à des algorithmes et à des données non sensibles.
3. Quelles dispositions ont été prises pour avoir confiance en l'intelligence artificielle ?
Au fur et à mesure que les algorithmes dont dépend l'IA se déploient, les organismes de réglementation s'y intéressent de très près afin de protéger à la fois les clients et les employés. Dans ce contexte, de nouvelles approches d'audit doivent être mises en place pour jauger l'impact et la fiabilité des systèmes d'IA. Concrètement, ces audits permettent de valider l'usage éthique et socialement responsable de l'IA. Ils donnent aussi la possibilité de documenter les risques complexes liés à la conformité, la fiabilité et la transparence des algorithmes d'intelligence artificielle.
Pour opérationnaliser les processus d'IA et s'assurer que les solutions sont sous contrôle et auditables, les entreprises du secteur financier devront se doter d'une stratégie et d'une gouvernance rigoureuse. Et ensuite ? Au fur et à mesure que les humains et les intelligences artificielles collaboreront, ils ouvriront de nouveaux paradigmes de performance opérationnelle et de valeur actionnariale, avec des collaborateurs et dirigeants qui en seront toujours, in fine, les responsables.
