Au Canada, les entreprises font face à des nouveautés sans précédent sur le plan de la présentation de l’information, découlant de la nécessité de compter sur de l’information non financière fiable et comparable. Le dynamisme du contexte de la présentation de l’information soulève des questions importantes pour les chefs des finances et leur équipe. Bien que la mise en œuvre pratique de ces normes ne soit pas terminée, la fonction finance peut jouer un rôle de premier plan permettant à l’organisation de comprendre et d’expliquer la valeur des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) aux parties prenantes.
La présentation de l’information sur la durabilité sera bientôt obligatoire
Au cours du premier semestre de 2023, il y a eu de nombreuses annonces sur le plan de la présentation de l’information sur la durabilité au Canada, ce qui indique que nous nous dirigeons rapidement vers une réglementation axée sur la conformité. En avril, le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CCNID) a nommé Charles‑Antoine St‑Jean à sa direction. Le CCNID travaille avec l’International Sustainability Standards Board (ISSB) afin « de favoriser l’adoption des normes de l’ISSB au Canada, de mettre en lumière les enjeux clés dans le contexte canadien et de veiller à ce que ses normes s’harmonisent bien avec celles de l’ISSB ».
Bien qu’il n’y ait pas eu d’annonce officielle quant à l’adoption par le Canada des normes de l’ISSB, l’Association canadienne de normalisation (ACN) se réjouit de poursuivre son engagement auprès du CCNID et de l’ISSB et cherche à connaître les incidences des normes internationales de présentation de l’information sur la durabilité sur l’économie canadienne, surtout pour les petites et moyennes entreprises.
Parallèlement, le gouvernement du Canada et le Bureau du surintendant des institutions financières ont rendu publiques des directives sur l’esclavage moderne et la gestion des risques climatiques qui, indépendamment de la décision quant à l’adoption des normes de l’ISSB, imposent de nouvelles règles à certaines organisations au Canada.
Notre point de vue : Il est essentiel de commencer à se préparer dès maintenant à l’obligation de présenter l’information sur la durabilité afin d’assurer la réussite de sa mise en œuvre. Attendre que les normes soient obligatoires pourrait entraîner des contraintes sur le plan des ressources. Dans ce contexte, la fonction finance pourrait manquer l’occasion de créer de la valeur ajoutée pour l’organisation.
Par où les professionnels des finances doivent‑ils commencer?
Les chefs des finances reconnaissent l’importance du rôle de la fonction finance quant aux questions ESG et s’adaptent afin de se familiariser avec la présentation de l’information sur la durabilité, en collaborant avec l’ensemble des équipes au sein de leur organisation.
Voici trois recommandations clés pour les chefs des finances qui participent plus activement à la présentation de l’information sur la durabilité au sein de leur organisation :
- Commencer à renforcer la capacité : Les entreprises au Canada devront se tenir au fait de plusieurs normes de présentation de l’information, notamment celles de l’ISSB, de la Securities and Exchange Commission des États‑Unis et de la Commission européenne. II peut être difficile pour une organisation de déterminer ce qui sera applicable et comment obtenir les données nécessaires. Il faut prendre le temps de former les employés et les personnes responsables de la gouvernance sur les exigences qui pourraient s’appliquer dans l’avenir. Ce qui fonctionne le mieux : former une équipe interfonctionnelle (exploitation, TI, finance et développement durable) afin de comprendre où se situent les connaissances et les compétences, et quelles sont les lacunes à combler sur le plan des ressources.
- Comprendre votre situation actuelle et votre situation cible afin de repérer les lacunes en matière de présentation de l’information : Il est souvent difficile de comprendre quelles informations sont publiées à l’heure actuelle et de comparer les obligations de présentation de l’information, car le sujet peut être nouveau pour de nombreuses personnes au sein d’une équipe finance. Selon le degré d’avancement de l’organisation quant à la présentation de l’information sur la durabilité, la réalisation d’une évaluation de haut niveau, plutôt que détaillée, des lacunes peut être une façon efficace de relever les lacunes les plus importantes. C’est un bon point de départ qui simplifiera le processus. Après avoir aidé des organisations à évaluer leurs lacunes, nous avons constaté que les discussions qui en résultent portent sur des modèles d’exploitation cibles, les contrôles, la simplification des rapports et le recensement des besoins sur le plan des ressources.
- Dresser une feuille de route de mise en œuvre : L’échéancier pour la préparation à la présentation de l’information sur la durabilité est beaucoup plus serré que les entreprises ne le pensent, si l’on tient compte de tous les éléments qui doivent être inclus, comme l’analyse de scénarios et la quantification des risques et possibilités. Une feuille de route détaillée contribue à l’encadrement et à l’accélération des conversations portant sur le modèle d’exploitation cible optimal et met en évidence l’argumentaire en faveur des ressources disposant de compétences en durabilité. Certaines organisations ont pu utiliser leurs feuilles de route pour obtenir le budget nécessaire afin de combler les lacunes les plus importantes et les plus prioritaires. C’est un outil puissant permettant d’articuler les priorités stratégiques les plus urgentes et de recadrer la valeur qui peut être apportée par la fonction finance.