Kayakiste pagayant dans les eaux tumultueuses d’un rapide

Dix principales possibilités pour les entreprises technologiques en 2023

Personnes‑ressources au Canada : Rohit Puri et Jennifer Davidson

Dans un contexte d’affaires volatil, est‑il avantageux d’être audacieux? Le moment est venu d’investir et de sonder le terrain au moyen de nouveaux modèles d’affaires.


En bref

  • Le contexte d’affaires demeurera volatil en 2023.
  • Les perturbations économiques accéléreront la transformation du secteur.
  • L’innovation aidera les entreprises technologiques à créer et à saisir des possibilités de croissance futures.

Au lieu de se retrouver dans un contexte simple de reprise et de croissance après la pandémie, les entreprises technologiques doivent à présent faire face à des taux d’inflation élevés, à une crise énergétique, à l’instabilité financière et à une baisse de la confiance des consommateurs. Une telle conjoncture mine les résultats, les perspectives et les évaluations des entreprises du secteur.

Au cours des dernières années, les entreprises technologiques ont réussi à relever les principaux défis liés aux contraintes de la chaîne d’approvisionnement afin d’offrir les outils et les technologies dont les gens avaient besoin pour travailler à distance, faire des affaires en ligne et continuer à faire tourner l’économie mondiale. Mais les améliorations de la chaîne d’approvisionnement ont rapidement été suivies d’une détérioration du climat politique, économique et financier. Pour protéger leur entreprise, les fournisseurs dans le secteur des technologies cherchent, dans la mesure du possible, à rationaliser leurs activités et à hausser les prix.

Nous croyons que le secteur des technologies est fondamentalement solide et qu’il parviendra à surmonter les conditions défavorables pour redevenir un moteur de croissance économique, même si nous prévoyons que la volatilité demeurera élevée dans la plupart des secteurs. Voici les dix principales mesures que les entreprises technologiques devraient prendre en 2023 :

1. Accélérer la mise en œuvre de la stratégie de fusion et acquisition pour renforcer le profil de croissance

Une stratégie dynamique en matière de fusions et acquisitions pourrait s’avérer des plus bénéfiques pour les entreprises technologiques. En raison des obstacles macroéconomiques et de la volatilité financière, le marché transactionnel est au ralenti, améliorant les possibilités pour les entreprises acquéreuses dont le bilan est solide. Des acquisitions importantes et transformatrices pourraient ouvrir de nouveaux marchés ou des secteurs verticaux adjacents, tels ceux des technologies de la santé ou des technologies financières, pour les entreprises technologiques. Des acquisitions stratégiques pourraient renforcer les portefeuilles d’une entreprise grâce à des technologies de pointe, telles que l’intelligence artificielle, la chaîne de blocs et l’informatique en périphérie. Toutefois, avec la baisse des évaluations, l’appétit pour les transactions reviendra et la concurrence pour acquérir une cible s’intensifiera à nouveau, alors que des flux de capital‑investissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars inonderont le marché.

2. Mettre à l’essai des plateformes écosystémiques pour changer la donne sur le marché

Les entreprises se rencontrent, rivalisent et offrent des services sur des plateformes infonuagiques interconnectées à l’échelle mondiale, transformant le nuage en un marché géant, où tous les éléments nécessaires à l’élaboration de nouvelles solutions sont facilement accessibles. Au lieu d’être un processus linéaire, l’innovation sur les plateformes infonuagiques est un processus où plusieurs partenaires coopèrent simultanément. En voyant plus grand, en collaborant avec des tiers, en s’organisant autour d’objectifs communs et en exploitant des technologies telles que la chaîne de blocs, le Web3 et le métavers, les partenaires en innovation peuvent multiplier la vitesse et la portée des résultats de l’innovation. Les entreprises technologiques devraient explorer ces possibilités, établir des liens avec leurs pairs, les instituts de recherche et leurs concurrents et s’associer pour révolutionner les modèles d’affaires en place, même si cela signifie entrer en concurrence avec leurs propres activités traditionnelles.

3. Redoubler d’efforts en matière de localisation, même si cela entraîne un coût

Les efforts déployés l’année dernière pour intégrer des redondances à la chaîne d’approvisionnement ne suffiront pas pour faire face aux risques structurels que les conflits géopolitiques et les catastrophes naturelles font peser sur la chaîne d’approvisionnement. Une importante métamorphose s’impose, car le secteur doit étendre sa présence industrielle dans plusieurs zones géographiques. Selon les résultats d’un récent sondage d’EY, 78 % des dirigeants d’entreprise technologique envisagent de procéder au découplage de leurs chaînes d’approvisionnement, y compris la délocalisation et la relocalisation. Une telle démarche nécessitera d’importants investissements au cours des prochaines années, lesquels entraîneront inévitablement une hausse substantielle des coûts. Les entreprises ne doivent pas se laisser dissuader par ces coûts additionnels, car elles seront soutenues par la réglementation et parrainées par les gouvernements qui apporteront un soutien financier et offriront des allégements fiscaux. Elles seront également récompensées par les clients qui sont disposés à payer plus cher pour réduire leur dépendance à l’égard des régions instables sur le plan géopolitique.

4. Faire de la durabilité environnementale une priorité

Bien que tous les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) comptent parmi les priorités des entreprises, les professionnels d’EY sont d’avis que le secteur des technologies sera le plus touché par la durabilité environnementale au cours de la prochaine année. Les entreprises technologiques et les entreprises autres que du secteur des technologies doivent se conformer à la nouvelle réglementation concernant la présentation d’informations sur les émissions et les risques liés aux changements climatiques et éviter les pénalités fiscales liées aux émissions. Aux fins de présentation de l’information, l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement sera important afin d’inclure les émissions de portée 3 de tous les fournisseurs. Pour les fournisseurs de technologies, cela signifie que le fait d’exploiter des centres de données au moyen d’énergies renouvelables ou de réduire l’empreinte environnementale de leur matériel procurera un avantage concurrentiel, puisqu’une telle approche permet de réduire les émissions dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Qui plus est, avec les prix actuels de l’énergie et la lutte à l’égard des métaux et des minéraux rares, le rendement du capital investi dans l’efficacité énergétique, la réduction des émissions de carbone et le recyclage est élevé.

5. Mettre en place la technologie de paiement à l’utilisation afin de générer des sources de produits complémentaires

Les entreprises technologiques devraient examiner les modèles d’affaires axés sur la consommation. Une récente étude d’EY révèle que plus de 90 % des entreprises du secteur de la technologie, des médias et du divertissement, et des télécommunications génèrent déjà une partie de leurs revenus des modèles « Tout en tant que services » (XaaS), les abonnements étant la principale forme de revenus. Les entreprises justifient leur transition par les tendances du marché, la concurrence et la génération de revenus supplémentaires. Les clients veulent un mode de paiement flexible, mais certains préfèrent la prévisibilité des paiements à la carte, tandis que d’autres apprécient la possibilité d’augmenter ou de réduire les paiements fondés sur l’utilisation. Sur le marché, certains concurrents profitent de la tarification fondée sur l’utilisation pour déloger les sociétés qui avancent plus lentement. Alors, pour générer de nouvelles sources de revenus et protéger leur part de marché contre la concurrence féroce, les entreprises technologiques, qui ont opté pour la tarification par abonnement, doivent également se préparer à adopter des modèles d’affaires de type paiement fondé sur l’utilisation.

6. Tirer parti des outils d’analyse afin d’optimiser les revenus

Les entreprises technologiques ont investi dans des outils d’analyse pour accroître la visibilité au sein de la chaîne d’approvisionnement et détecter les signes avant-coureurs de problèmes afin d’atténuer les risques et établir les priorités à l’égard des dépenses. Mais l’analyse de données ne sert pas uniquement à optimiser les processus de la chaîne d’approvisionnement, elle peut également servir à optimiser les revenus. Il s’agit d’une proposition très intéressante pour les entreprises technologiques. Ces dernières proposent souvent des gammes de produits riches en données, et les produits logiciels sont offerts à des coûts marginaux faibles, faisant de la tarification une variable clé pour améliorer les résultats. Les outils d’analyse peuvent être déployés pour calculer les résultats des différentes stratégies selon différents scénarios d’inflation, d’incertitudes géopolitiques et d’autres risques. Ils aideront également les entreprises à réfléchir à la tarification dans le cadre d’une panoplie de modèles d’affaires.

7. Investir dans un écosystème informatique en périphérie pour améliorer les activités et les expériences

Les entreprises technologiques doivent tenir compte de la nécessité d’investir dans l’informatique distribuée au cours de la prochaine année. Avec l’expansion de l’Internet des objets (IdO), les entreprises doivent traiter des quantités de données toujours plus grandes, provenant par exemple des opérations de paiement sans contact, de la fabrication robotisée, des capteurs intelligents domestiques et des véhicules électriques autonomes. Le transfert de ces données vers les plateformes infonuagiques des grandes entreprises ou à partir de celles-ci aux fins de traitement est très coûteux et fastidieux, lorsque des réponses rapides en temps réel sont nécessaires. Les entreprises ont besoin de renseignements sur leur réseau au niveau où les données sont recueillies, localement et à la périphérie du réseau. L’informatique en périphérie réduit les temps de réponse et modifie les activités localement. Mais elle nécessite la mise en œuvre de nouvelles architectures TI afin d’assurer la sécurité et la résilience des activités. Investir dans un écosystème informatique en périphérie permettra de simplifier les traitements et d’améliorer les expériences clients.

8. Assurer la protection des données dès qu’il est question d’environnement cybernétique

Comme chaque année, les investissements en matière de cybersécurité seront l’une des priorités absolues en 2023. La quantité de données ne cesse de croître; la taille des réseaux augmente en raison de l’informatique en périphérie et du travail hybride; le nombre de personnes mal intentionnées augmente dans la foulée des tensions géopolitiques; et les amendes pour ne pas avoir protégé les données se multiplient sous l’effet de la surveillance accrue de la part des autorités de réglementation. Les nouvelles technologies, telles que l’informatique quantique et la chaîne de blocs, modifient les paramètres liés aux menaces et à la sécurité. Pourtant, alors que les risques de fuites de données augmentent, les entreprises technologiques continuent de bâtir leurs modèles d’affaires axés sur la collecte, le transfert et l’analyse des données des clients. La protection des données, y compris la sécurité, la confidentialité et la transparence, devrait constituer un élément majeur de chaque proposition faite aux clients. Les entreprises technologiques doivent collaborer avec leurs partenaires et leurs fournisseurs pour faire l’essai des outils et des technologies afin d’assurer la sécurité de l’infrastructure et des produits ainsi que la protection des données.

9. Promouvoir une stratégie agile en matière de talent afin que les ressources correspondent aux besoins de l’entreprise

La pandémie a fortement secoué le marché des talents en technologie. Il y a quelques mois, une étude menée par EY révélait que 56 % des employés du secteur ont envisagé de quitter leur emploi à la recherche d’un meilleur salaire, de meilleurs programmes de bien‑être et de nouvelles possibilités de carrière. Aujourd’hui, le secteur doit non seulement faire face à une pénurie de main‑d’œuvre pour alimenter la croissance à long terme, mais aussi à des gels d’embauche et à des vagues de licenciements en réponse au contexte économique défavorable. Le fragile équilibre entre l’embauche et le licenciement amplifie la nécessité de disposer de services de gestion des talents agiles, capables d’équilibrer la main‑d’œuvre entre les différentes activités de l’entreprise. Pour retenir les employés très performants, les entreprises technologiques doivent redéfinir les expériences de travail hybrides et répondre aux préoccupations des employés. Cela comprend offrir des programmes intéressants qui tiennent compte de la rémunération et du bien‑être et repenser les structures de carrière afin de permettre la mobilité interne entre les différents rôles au sein de l’entreprise.

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    10. Se préparer en vue de la réforme visant l’instauration d’un taux minimum mondial d’imposition

    Les équipes de technologies, de fiscalité et de finances de partout dans le monde doivent se préparer à comprendre l’incidence des règles relatives au taux minimum mondial d’imposition. Les entreprises technologiques et la numérisation de l’économie ont été au cœur des efforts déployés par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en vue de faire adopter ce projet contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (aussi appelé « projet BEPS 2.0, Pilier Deux »). Les règles devraient entrer en vigueur en 2024 et nécessiteront la réalisation d’une analyse approfondie de l’information financière, un travail quantitatif et des efforts d’observation. Les entreprises devront évaluer un certain nombre de facteurs, notamment :

    • Les outils technologiques de fiscalité dont les entreprises ont besoin
    • L’incidence du taux d’imposition effectif de leurs choix en matière de chaîne d’approvisionnement et de leurs changements de modèle opérationnel.
    • La meilleure stratégie fiscale globale, compte tenu des niveaux de risque élevés causés par les incertitudes financières et politiques

    Résumé

    En 2023, le secteur de la technologie aura besoin de transformation et d’innovation afin de faire face aux difficultés économiques et à la volatilité élevée. Pour ce faire, des investissements importants sont nécessaires, mais le secteur est fondamentalement solide et permettra la création de nouveaux marchés de croissance.

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