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Pourquoi la gestion des cyberrisques joue‑t‑elle un rôle important dans le renforcement de la résilience financière?

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Auteurs : Tunde Lawson, Certification – cybersécurité, Risques technologiques – Est des États‑Unis, et Jaime Kipnes, leader, Intégration de la cybersécurité, EY Amériques

Dans le contexte de l’augmentation constante des coûts associés aux programmes de cybersécurité, les chefs des finances doivent procéder à l’intégration des fonctions gestion des cyberrisques et surveillance financière.


En bref
  • Comme la cybercriminalité peut avoir de graves répercussions financières, les chefs des finances doivent participer activement à la gestion des cyberrisques de leur entreprise.
  • En collaborant avec d’autres leaders, ils peuvent en arriver à analyser plus facilement les risques de leur entreprise et à prendre de meilleures décisions financières, en fonction de ses cyberrisques.
  • En intégrant la fonction finances à la gestion des cyberrisques, les chefs des finances peuvent contribuer à la protection des actifs de l’entreprise, au maintien de la conformité aux cadres de réglementation et à la prévention des pertes financières.

Plus qu’une question de problèmes informatiques ou de scénarios de crise tirés d’un guide, la cybersécurité est une préoccupation organisationnelle constante et croissante à laquelle se rattachent de réelles répercussions financières, telles que les coûts éventuels associés aux interventions en cas de cyberincidents, aux responsabilités juridiques, aux atteintes à la réputation et aux pertes de revenus découlant de la perte de confiance des consommateurs.

En 2023, le coût moyen d’une atteinte à la cybersécurité d’une entreprise basée aux États‑Unis s’établissait à 9 M$1. Sous l’effet combiné de divers types de stratagèmes – qui peuvent reposer aussi bien sur l’extorsion que sur l’ingénierie sociale et l’hameçonnage, entre autres – et des vulnérabilités découlant de la dépendance croissante des entreprises à l’égard de tiers, la probabilité de réalisation de cyberincidents préjudiciables continue d’augmenter. Aux États‑Unis, les cybercrimes sont à l’origine de dommages financiers dont le montant s’est élevé à 12,5 T$, s’agissant d’une augmentation annuelle de 22 % selon les statistiques du FBI2.

Prix élevé à payer
Coût estimatif de la cybercriminalité à l’échelle mondiale en 2024, selon le Forum économique mondial

L’atténuation des cyberrisques et leur intégration à la stratégie financière à long terme de l’entreprise s’inscrivent dans une mission que partagent de nombreux membres de la haute direction, tels que le chef des finances, le chef de la sécurité de l’information et le chef de la technologie, de même que le conseil d’administration.

 

Lors d’échanges que nous avons eus récemment avec eux, ces leaders ont affirmé se pencher sur d’éventuelles solutions de compromis en matière d’assurance cybersécurité, la responsabilité d’intégrer les cyberrisques à l’information financière, et les modalités de mise en place de solides contrôles internes axés sur la protection des actifs organisationnels. Les échanges de nature financière entre les administrateurs portent notamment sur le rapprochement entre la valeur à risque et la tolérance au risque du conseil d’administration, de même que sur l’évaluation de l’efficacité des protections d’assurance cybersécurité.

 

La gestion des cyberrisques est essentielle non seulement au maintien de la confiance des investisseurs et de la conformité aux cadres de réglementation, mais également à la protection des actifs. Nous présentons ci‑après quatre facteurs que les chefs des finances et les dirigeants de la fonction finance doivent prendre en considération tandis qu’ils sont amenés à s’adapter à l’évolution de l’environnement de cybermenaces.

 

1. Augmentation des coûts associés à l’exposition aux cyberrisques et à leur prévention

Bien que les entreprises consacrent près de la moitié de leur budget TI à la cybersécurité, seulement 11 % des responsables de la cybersécurité sondés par l’organisation mondiale EY se disent « tout à fait d’accord » avec l’énoncé voulant que leur entreprise soit en mesure de faire face aux cybermenaces de demain, tandis que plus d’un tiers des répondants affirment que le caractère inadéquat du budget avec lequel ils doivent composer figure parmi les trois principaux défis organisationnels en matière de cybersécurité³.

 

Les cyberrisques peuvent se manifester de bien des façons, et le chef des finances est particulièrement bien placé pour les quantifier et estimer les coûts associés à un cyberincident. En travaillant en collaboration avec le chef de la sécurité de l’information, il peut mieux évaluer la probabilité de réalisation des risques et l’exposition à ceux‑ci, établir des indicateurs de dépenses et de rentabilité, et communiquer des recommandations axées sur la priorisation des dépenses en cybersécurité.

 

Une telle approche permet de renforcer le fait que les investissements en cybersécurité sont non seulement de nature proactive, mais également en phase avec les objectifs stratégiques et la tolérance au risque de l’entreprise.

 

Questions à prendre en compte :

  • Nos investissements en cybersécurité sont‑ils en adéquation avec le profil de risque de l’entreprise?
  • Investissons‑nous dans une technologie adéquate nous permettant de nous protéger contre les cybermenaces?
  • Dans quelle mesure les coûts associés aux interventions en cas de cyberincident et au maintien de la continuité des activités sont‑ils pris en compte dans notre budget? 
  • Dans quelle mesure tirons‑nous parti des activités additionnelles de sensibilisation à la cybersécurité destinées aux employés?
  • Quel est notre degré d’exposition aux risques et quelles sont nos obligations envers les tiers et nos partenaires d’affaires?

2. Contrôle préalable en cybersécurité dans le cadre des fusions et acquisitions (F et A)

Sur le plan de la cybersécurité, les activités de F et A présentent des défis particuliers qui peuvent se traduire par des pertes inattendues. Il y a plusieurs cas notables de cyberincidents ou de violations de données découverts après une transaction qui ont amené l’acquéreur à devoir engager des coûts supplémentaires.

À l’étape du processus de contrôle préalable, le chef des finances doit collaborer avec le chef de la sécurité de l’information pour déterminer l’état dans lequel se trouve l’environnement de cybersécurité de la cible d’une acquisition potentielle. Il contribue ainsi à prévenir que l’acquéreur hérite de systèmes vulnérables ou de menaces latentes, à recenser les coûts d’intégration éventuels, à éviter les passifs imprévus et à favoriser une intégration organisationnelle harmonieuse après la fusion.

Questions à prendre en compte :

  • Quel est le degré de maturité du programme de cybersécurité de notre cible?
  • Comment ces risques peuvent‑ils être atténués et, à l’étape de l’intégration, comment pouvons‑nous protéger l’entreprise sur les plans financier et opérationnel? 
  • Y a‑t‑il de nouvelles dispositions réglementaires auxquelles nous devrons nous conformer par suite de l’acquisition de la cible?
  • Des outils et plateformes de cybersécurité peuvent‑ils être regroupés de façon à favoriser les réductions de coûts et l’amélioration des mesures de sécurité, grâce à la mise en commun de pratiques de pointe?
  • Y a‑t‑il des modalités transactionnelles qui doivent être ajustées en fonction des cyberrisques et des vulnérabilités?
  • Sommes‑nous prêts à assurer la protection de nos actifs avant et après la transaction?

3. Valeur de l’assurance cybersécurité

Bien qu’un contrat d’assurance adéquat puisse constituer une bouée de sauvetage financière après la survenance d’un cyberincident préjudiciable, les opinions divergent quant à la valeur de l’assurance cybersécurité.

 

À l’issue de l’analyse des informations présentées par les entreprises figurant au classement Fortune 100 que nous avons effectuée récemment, il s’avère que 95 % des conseils d’administration ont mentionné que leur entreprise était prête à intervenir, notamment en ce qui a trait à la planification des interventions d’urgence, à la reprise des activités après sinistre et à la stratégie de continuité des activités4. Néanmoins, seulement 25 % des répondants ont indiqué que leur entreprise a contracté une assurance cybersécurité5.

 

Le choix du type d’assurance qu’il convient de souscrire doit reposer sur une analyse minutieuse axée sur l’évaluation du rapport coût‑avantage des primes en fonction des pertes potentielles. En collaboration avec les responsables de la gestion des risques et les assureurs, les chefs des finances peuvent analyser les modalités des contrats d’assurance et évaluer le degré d’adéquation des protections s’y rattachant, puis déterminer si la stratégie organisationnelle en matière d’assurance est en phase ou non avec le profil de cyberrisques de l’entreprise et prodiguer des conseils sur le type de contrat d’assurance à privilégier et les ajustements à apporter.

 

Questions à prendre en compte :

  • Notre entreprise dispose‑t‑elle d’un contrat d’assurance cybersécurité adéquat?
  • Quelles sont les modalités et restrictions associées à nos protections d’assurance cybersécurité?
  • Dans quelle mesure un cyberincident influerait‑il sur la situation financière de notre entreprise?
  • De quels leviers pouvons‑nous nous prévaloir pour bonifier les protections et primes d’assurance de notre entreprise?
  • Si nous avons souscrit une assurance cybersécurité, les protocoles permettant d’en tirer parti ont‑ils été intégrés à nos plans de continuité des activités et de reprise après sinistres?

4. Rapports financiers et informations à fournir

Plus de la moitié des conseils d’administration se réunissent au moins une fois par année avec les responsables de la gestion de la cybersécurité, et dans 80 % des entreprises figurant au classement Fortune 100 sur lesquelles a porté notre étude, la surveillance des cyberrisques relève du comité d’audit.

Les cyberrisques liés à l’adoption de technologies peuvent influer considérablement sur l’information financière d’une entreprise, y compris l’audit externe des états financiers et le contrôle interne à l’égard de l’information financière. Les cyberincidents peuvent avoir un effet disruptif sur les processus d’information financière d’une entreprise, ce qui peut l’empêcher de produire ses états financiers en temps opportun et nuire à sa capacité de se conformer aux cadres de réglementation auxquels elle est assujettie.

Les chefs des finances doivent envisager de promouvoir l’intégration des contrôles de cybersécurité au cadre global d’évaluation des risques et de contrôle interne de leur entreprise, de sorte que les lacunes et les risques susceptibles d’avoir une incidence sur son profil de cyberrisques puissent être recensés. Ils doivent aussi fournir la confirmation que le formulaire 10‑K déposé par leur entreprise présente un portrait fidèle de sa situation au regard de sa gestion, de sa stratégie et de sa gouvernance des cyberrisques.

Les chefs des finances doivent envisager de promouvoir l’intégration des contrôles de cybersécurité au cadre global d’évaluation des risques et de contrôle interne de leur entreprise, de sorte que les lacunes et les risques susceptibles d’avoir une incidence sur son profil de cyberrisques puissent être recensés.

Selon les règles de présentation de l’information sur les cyberincidents prescrites par la SEC, les sociétés cotées en Bourse doivent communiquer à leurs actionnaires et à la SEC, au moyen d’un formulaire 8‑K, tous les cyberincidents importants dont elles sont victimes, et ce, dans les quatre jours ouvrables suivant la date à laquelle elles ont déterminé qu’il s’agit de cyberincidents importants. Au moment de produire son rapport, le chef des finances doit s’assurer que les informations à communiquer sont exactes, exhaustives et déposées dans les délais prescrits.

Il est essentiel que les diverses fonctions de l’entreprise – notamment les fonctions contentieux et conformité – et le chef de la sécurité de l’information travaillent en collaboration, de sorte que les informations à fournir reposent sur les plus récentes pratiques de gestion des cyberrisques. Nous avons constaté que la mise en pratique des interventions requises dans le cadre de simulations de cyberincidents, surtout dans le cas de cyberincidents qui seraient réputés être significatifs, représente pour les chefs des finances un moyen efficace de vérifier le niveau de préparation et d’agilité de leur organisation face à un cyberincident réel, de même qu’une méthode importante pour tester les processus relatifs aux informations à fournir.

Questions à prendre en compte :

  • Quelles sont les obligations d’information en lien avec les cyberrisques et les cyberincidents, et dans quelle mesure ont‑elles une incidence sur les informations que les entreprises doivent fournir et leurs obligations d’information financière?
  • Quelles sont les répercussions financières en cas de non‑conformité?
  • Comment concilier l’impératif de transparence et la nécessité de protéger les renseignements sensibles dans le cadre d’une enquête sur un cyberincident?
  • Nos contrôles internes permettent‑ils de répondre adéquatement aux cyberrisques?
  • Dans quelle mesure l’évolution des cadres de réglementation de la cybersécurité influe‑t‑elle sur nos processus d’information financière et d’audit?
  • Dans quelle mesure un cyberincident influerait‑il sur nos états financiers?

Puisque des informations claires et exactes peuvent renforcer la confiance des investisseurs et prévenir l’imposition de sanctions réglementaires, le chef des finances se positionne en tant que partie prenante appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans la préparation de l’entreprise en matière de cybersécurité. Dans l’exercice de son rôle de responsable de la surveillance et de l’orientation du programme de gestion des cyberrisques de son entreprise, et en renforçant le ton donné par la direction à l’échelle organisationnelle, le chef des finances peut promouvoir une stratégie de cybersécurité permettant à l’entreprise de gérer en toute confiance les aspects complexes de la cybersécurité.


Résumé 

Les cyberrisques peuvent influer grandement sur l’information financière d’une entreprise. En reconnaissant qu’ils représentent une préoccupation pour leur entreprise, les chefs des finances peuvent collaborer avec d’autres leaders et le conseil d’administration afin d’analyser ces risques et d’en favoriser une gestion efficace. Cela contribue non seulement à protéger les actifs de l’entreprise, mais également à assurer sa conformité aux dispositions réglementaires, tout en renforçant la confiance des investisseurs et des parties prenantes.

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